« La conférence internationale sur le droit des peuples à la résistance : le cas du peuple sahraoui » s’est ouverte hier à Alger en présence de 300 participants dont 120 étrangers venus de tous les continents et de plusieurs dizaines d’activistes sahraouis militants des droits de l’homme qui vivent dans les territoires occupés.
Prenant la parole, le Premier ministre de la République sahraouie démocratique populaire (RASD) souligne « l’importance » de l’organisation de cette conférence qui intervient selon lui dans une conjoncture favorable et estime que cette tribune constitue une excellente opportunité pour démentir les « allégations » et les « mensonges » tissés par l’occupant marocain.
« Nous espérons que cette rencontre contribuera efficacement à dévoiler les vraies facettes de l’occupation marocaine des territoires sahraouis et à montrer les souffrances de notre peuple devant la répression et les multiples violations commises par les Marocains », notera Omar Abdelkader qui profitera de cette occasion pour révéler l’existence à ce jour de quelque 150 détenus politiques qui croupissent dans les geôles marocaines et de 500 disparus.
« Plus grave encore, la répression s’est élargie jusqu’aux militants étrangers défenseurs des droits de l’homme et nous constatons avec amertume que le Maroc refuse toute initiative visant à mettre en place des mécanismes de protection des droits de l’homme », regrette-t-il avant de rendre hommage à la société civile espagnole pour sa prise de position « courageuse » et « juste » dans ce conflit.
« Au contraire des gouvernements espagnols et français qui laissent faire le Maroc et le soutiennent dans ses besognes colonialistes », martèle le Premier ministre de la RASD.
De son côté, le président du Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui (CNASPS) affirme que la tenue à Alger d’une telle manifestation conforte encore plus la position « inébranlable » de l’Algérie dans le droit du peuple sahraoui d’abord à la résistance devant le colonialisme et ensuite à l’indépendance de son pays, le Sahara occidental.
« Sachez que l’Algérie reste la Mecque des révolutionnaires et des hommes libres », atteste Lamari Mahrez qui ne manquera pas de rendre un vibrant hommage aux résistants sahraouis pour leurs sacrifices face à la fuite en avant de l’occupant marocain qui « nourrit » une politique « colonialiste » basée sur la « confrontation », le « répression » et la « spoliation » des richesses naturelles du Sahara occidental.
Et de conclure : « De toutes les manières, notre présence à cette conférence est une des nombreuses formes de la résistance terrestre et ceci est un message clair au régime marocain pour lui dire que le référendum à l’autodétermination du peuple sahraoui constitue l’unique alternative au règlement du conflit sahraoui. »
Les travaux de la conférence internationale se poursuivront aujourd’hui avec notamment le témoignage des activistes sahraouis militants des droits de l’homme venus des territoires occupés.
Selon les organisateurs, le but de cette rencontre est de dénoncer les « violations massives et répétées » des droits de l’homme au Sahara occidental, de soutenir la résistance « pacifique » du peuple sahraoui et la paix et la justice au Sahara occidental par l’appui au droit du peuple sahraoui à un référendum d’autodétermination, contribuer à rompre l’embargo médiatique imposé par l’occupation marocaine aux populations sahraouies et à mettre fin à la spoliation de leurs ressources naturelles.
S. A. M.
Le Premier ministre de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), M. Abdelkader Taleb Omar a souligné hier à Alger que le choix du cas de son pays comme thème de la conférence internationale sur « le droit des peuples à la résistance » était à même de rétablir les faits face à l’opinion publique internationale.
Le Premier ministre sahraoui a indiqué que cette conférence qui intervient avec le lancement des activités politiques aux plans international et national et à laquelle participe une assistance de marque permettra de rétablir les faits face à l’opinion publique internationale et de faire connaître les souffrances du peuple sahraoui sous l’occupation ».
Il a ajouté dans une allocution à l’ouverture de cette rencontre qu’en ce moment même « le régime royal au Maroc joue toutes les cartes pour cacher sa véritable image en tant que force d’occupation répressive et inique pratiquant toute forme d’imposture et de tromperie ».
Il s’est dit convaincu que cette conférence « contribuera à rétablir les faits et à mettre à nu les allégations mensongères de l’occupant et de ses alliés grâce notamment à la participation d’un nombre important d’activistes sahraouis de la région et dont la plupart ont subi toutes les formes de répression et de torture, ajoutant que ces derniers constituent « des témoins vivants des souffrances du peuple sahraoui sous occupation ».
Les témoignages des participants à cette rencontre viennent appuyer ceux apportés par des organisations internationales influentes sur les violations des droits de l’homme dans la partie occupée du Sahara occidental, a-t-il précisé.
Le Premier ministre a affirmé à cet effet que la répression n’avait pas touché uniquement les Sahraouis mais même certains défenseurs des droits de l’homme étrangers. Il a souligné que le Maroc « s’entête à rejeter toute démarche visant à trouver un mécanisme de contrôle des droits de l’homme dans la région occupée malgré les appels internationaux et l’entière disponibilité du Front Polisario à coopérer ».
M. Taleb Omar a précisé que 500 personnes enlevées sont portées disparues ajoutant que l’on recense également 151 prisonniers de guerre et d’autres encore qui sont détenus dans les prisons marocaines pour leurs positions nationales de soutien au droit à l’autodétermination et à l’indépendance ».
41 prisonniers politiques sont actuellement détenus, selon le Premier ministre sahraoui, dans les prisons suivantes: La prison noire (02), Tiznit (13), Ait Melloul (05), Inzikan (04), Taroudant (02), Marrakech (03), Kenitra (02), Benslimane (01), Salé (07) et Okacha (02).
Par la même occasion, le Premier ministre sahraoui a salué le mouvement de solidarité internationale avec le peuple sahraoui notamment la société civile espagnole pour sa position honorable en faveur de la cause sahraouie. Toutefois, il a déploré » l’indifférence du gouvernement espagnol à l’égard des violations des droits de l’homme au Sahara occidental et sa négligence de la question de décolonisation de la région ».
Il a également relevé » le soutien illimité de la France, membre permanent au Conseil de sécurité, au régime marocain, ce qui l’encourage, a-t-il dit, à persévérer dans l’erreur et son mépris à la légalité internationale ».
Dans le même contexte, le Premier ministre sahraoui a appelé » tous les hommes libres du monde (associations des droits de l’homme, journalistes, avocats, hommes politiques, intellectuels et différentes composantes de la société civile) à être des témoins honnêtes concernant la souffrance du peuple sahraoui du fait de l’occupation marocaine et à transmettre leurs témoignages au monde entier de manière à contribuer à la levée du blocus médiatique imposé à la région ».
Sur le plan politique, M. Taleb Omar a indiqué que le Maroc » n’a affiché aucune intention de progresser vers un règlement pacifique » ajoutant que ce sont les autorités marocaines qui ont toujours entravé tous les efforts visant un règlement pacifique ».
Il a en outre rappelé la lettre de l’envoyé spécial du secrétaire général de l’Onu au Sahara occidental, M. Christopher Ross, adressée aux amis du secrétaire général de l’Onu portant sur le Sahara occidental et qui » met en évidence le blocage du processus des négociations par le Maroc qui refuse de débattre la proposition du Front Polisario et tente d’imposer sa proposition d’autonomie comme seule voie de règlement ».
Cette logique « est rejetée aussi bien par la communauté internationale que par le peuple sahraoui, car tout simplement elle ne constitue pas le cadre optimal du règlement démocratique qui permet au peuple sahraoui de décider de son devenir », a-t-il souligné.
Le Premier ministre sahraoui a ajouté que le Maroc » entrave la mise en place des mécanismes de contrôle des droits de l’homme » tout en réaffirmant que la lutte du peuple sahraoui « puise sa légalité et sa justesse de sa cohérence avec les chartes internationales appelant à un règlement pacifique fondé sur le droit des peuples à l’autodétermination loin de toutes pressions ».
Il a également noté que » le Maroc qui contrôle la région par une force militaire de plus de 160 000 soldats et l’encercle par un mur de défense long de plus de 2000 km n’éprouve aucune honte à dire que les Sahraouis jouissent de la liberté et soutiennent sa thèse colonialiste ».
» Le régime marocain qui prétend la construction et le développement de la région et sa contribution à son essor économique, c’est lui-même qui pille ses richesses naturelles et dénature sa structure démographique en ramenant des colons marocains du nord dans le but d’opprimer les habitants autochtones et d’en faire des gens démunis dans leur pays abondant de richesses », a-t-il souligné.
Le CNASPS organise les 25 et 26 septembre une conférence internationale sur le thème » le droit des peuples à la résistance : le cas du peuple sahraoui ». Prennent part à cette conférence plus de 70 résistants sahraouis, militants des droits de l’homme et des représentants d’associations de soutien à la cause sahraouie venus du monde entier.
Un ancien responsable de la MINURSO dénonce la répression « féroce » contre la résistance sahraouie
L’ancien chef de la direction du personnel militaire (CMPO) de la Minurso, le général Esegbuyota Okiti, a dénoncé hier à Alger la répression « féroce » exercée par le Maroc contre la résistance pacifique du peuple sahraoui des territoires occupés, appelant, en conséquence, à l’élargissement du mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l’homme.
Ce commandant d’escadron des forces aériennes du Nigeria, désigné au sein de la Minurso en 2004 pour une mission d’une année, a insisté dans son témoignage à la conférence internationale sur « les droits des peuples à la résistance : le cas du Sahara occidental », sur la démolition par les forces de sécurité marocaines de maisons de Sahraouis à Laâyoune (capitale occupée du Sahara occidental).
Il a également évoqué la répression exercée par les forces marocaines contre les rassemblements populaires sahraouis, notamment celui organisé par les femmes et les enfants sahraouis au mois de mars 2005. « J’ai été témoin à Laâyoune de la démolition de maisons de Sahraouis. Cela m’a rappelé le regroupement forcé de la population noire par le régime de l’apartheid des années 1950 », a-t-il dit à ce propos.
« Les Sahraouis ont protesté et leurs protestations ont été accueillies avec une opposition rigide. Ils ont été battus et des bulldozers ont été utilisés pour démolir leurs maisons », a-t-il ajouté
. « Certains Sahraouis ont été même battus d’une manière inhumaine. Nous ne pouvions rien faire étant donné que notre mandat n’inclut pas la surveillance des violations des droits de l’homme », a-t-il poursuivi. Il a affirmé, dans ce contexte, qu’il croyait « fortement » que le mandat de la Minurso devait être élargi à la protection des droits fondamentaux de l’homme au Sahara occidental.
« L’Onu devrait mettre en place un processus de protection des droits de l’homme au Sahara occidental », a-t-il plaidé. Le général Esegbuyota Okiti, qui a indiqué avoir visité les territoires sahraouis libérés en 2004, a déploré les conditions de vie difficiles des Sahraouis, soulignant, cependant, que les Sahraouis qui vivent dans ces territoires « sont heureux de vivre en liberté » et rejettent « la domination étrangère et la colonisation ».
« Les Sahraouis que j’ai rencontrés de l’autre côté (territoires libérés) étaient tout à fait libres. Ils se sont rendus dans ces territoires de leur propre gré, pour fuir la répression et les violations des droits de l’homme » a-t-il encore affirmé.