Conférence du Dr Hamid Bouhbib à Bouira: «C’est la société qui a violenté l’école»

Conférence du Dr Hamid Bouhbib à Bouira: «C’est la société qui a violenté l’école»

«Crise de l’école ou crise de société ?» était le thème d’une conférence organisée, hier à midi, par l’association Tagrawla, et animée par le Dr Hamid Bouhbib, universitaire et maître de conférences à l’université d’Alger 2.

L’événement s’est déroulé au centre culturel Aissa Khitous d’Ath Lakseur, 20 km à l’est de Bouira. D’emblée, le conférencier a tenu à souligner que la crise de l’école n’est pas un phénomène que vit uniquement l’Algérie, mais plusieurs pays, notamment les occidentaux, sont confrontés à la même situation.

Sauf qu’en Algérie, la génération actuelle est en train de payer le prix des improvisations des années 1970, selon le Dr Bouhbib, quand le président Houari Boumediène voulait «algérianiser l’école sans avoir les moyens de sa politique». «Il fallait s’attendre à ce qu’il y ait d’énormes dégâts», soutient-il. Dans son intervention, l’universitaire s’est axé sur deux volets, la baisse de niveau et la violence dans l’école.

Pour le premier volet, le conférencier estime que plusieurs facteurs contribuent à faire croire que les élèves des années 60 et 70 étaient plus intelligents que ceux d’aujourd’hui. Il évoque le facteur de la massification qui fait que l’on n’aperçoit pas le nombre de lauréats et de génies par rapport à ceux qui ont de faibles résultats scolaires. Ainsi, les programmes scolaires enseignés dans les années 60, 70 et 80 ne sont plus les mêmes que ceux d’aujourd’hui, affirme-t-il.

Le conférencier admet qu’au niveau littéraire, la baisse de niveau est perceptible, contrairement au niveau scientifique. Selon l’universitaire, les mathématiques enseignées aujourd’hui sont plus complexes que celles enseignées il y a une trentaine d’années.

Cependant, le Dr Bouhbib estime que les partisans de l’idée que l’école algérienne forme des élèves de piètre qualité sont dans le tort. «Cette école sinistrée est toujours prête à fournir des élites», a déclaré le Dr Bouhbib Hamid qui ajoute que plusieurs sont des écrivains d’expression arabe et française, des chercheurs et d’autres qui excellent dans différents domaines et qui sont le fruit de l’école algérienne. Le conférencier pense qu’il faut relativiser la baisse de niveau.

De plus, ajoute le Dr Bouhbib, les parents ont toujours considéré l’école comme un ascenseur social pour leurs enfants qui doivent étudier et avoir un diplôme pour se faire une place dans le monde du travail. Le maître de conférences a tenté de déconstruire l’idée que l’on se fait de l’école qui a «fabriqué» les terroristes. «La même école qu’on a accusée d’avoir fabriqué des terroristes a fabriqué aussi ceux qui ont lutté contre le terrorisme», tranche-t-il. Pour ce qui est du phénomène de la violence dans notre société et même en milieu scolaire, le conférencier soutient que l’école n’a jamais été une source de violence.

«C’est la société qui a violenté l’école», dit-il. La démission des parents en est aussi l’un des facteurs qui ont contribué à la propagation de la violence. Ainsi, la part de responsabilité des décideurs est importante dans la déliquescence que vit l’école algérienne. «Les décideurs ne s’en soucient pas parce que l’école qu’ils veulent pour leurs enfants n’est pas celle-ci», conclut-il.

Psychiatrie infantile à l’Ouest: 75% des malades sont autistes

Les autistes représentent 75 % des malades de wilayas de l’Ouest du pays admis en 2017 au service de psychiatrie infantile d’Oran, a-t-on appris hier, de sa responsable. Dans une déclaration à la presse, Pr Sandra Mouffok a souligné, en marge d’une rencontre de formation régionale sur le dépistage de l’autisme, ouverte à l’Institut national supérieur de formation paramédicale, que les cas d’autisme représentent un taux de 75 % de malades pris en charge au niveau du service. La spécialiste Mouffok, responsable de cette formation de deux jours, a rappelé que les cas d’autisme représentaient 60 % l’an dernier, signalant que ce service, créé en juin 2015 à Oran, accueille des autistes des wilayas de l’Ouest du pays.

Cette rencontre regroupe des généralistes, des sages-femmes, des pédiatres et des psychologues des wilayas d’Oran, Mascara, Ain Témouchent et de Relizane.

Dans ce cadre, le professeur Mouffok a indiqué que ce genre de formation sera organisé une fois par mois, car cette catégorie de professionnels ciblée a une relation directe avec l’enfant dés les premiers mois de sa naissance. Organisée par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière et la direction de wilaya, en collaboration avec l’hôpital psychiatrique de Sidi Chahmi (Oran), cette rencontre vise à mettre en place une plateforme pédagogique de prise en charge des autistes, a indiqué le directeur de wilaya de la santé et la population. Le dépistage précoce de ces cas permet de déterminer des statistiques précises et d’effectuer des enquêtes pour déterminer les causes, a ajouté Kessab Abdelkader qui a noté que le dépistage sera lancé l’année prochaine à Oran.

Ali Cherarak