Proie à une crise politique et sécuritaire menaçant sa stabilité, le Yémen s’intéresse de près à la politique de réconciliation nationale initiée par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika.
« Nous avons entamé un processus de réconciliation intérieure mais certaines parties se sont très vite rétractées pour retourner au terrorisme. C’est pourquoi nous sommes très intéressés par l’expérience algérienne qui demeure un exemple en la matière. Nous souhaitons mettre à profit cette expérience dans la mise en œuvre de notre stratégie de lutte antiterroriste », explique le chef de la diplomatie yéménite, Aboubakr al-Korbi, dans une conférence-débat qu’il a animée, hier, au siège du ministère des Affaires étrangères, en marge de la visite officielle qu’il effectue actuellement en Algérie.
Devant un parterre de diplomates nationaux et étrangers, al-Korbi a salué le rôle important de l’Algérie qui vient d’organiser la 17e conférence du Mouvement des non-alignés qui a appelé à l’indispensable réforme de l’ONU « parce que l’organisation planétaire ne joue pas son rôle tel que stipulé dans sa charte ». « Parfois, dit-il, elle agit en contradiction totale avec ses principes et lois fondateurs ». Tout au long de son intervention, le ministre yéménite n’a cessé de mettre en garde les pays arabes, notamment ceux touchés par les révoltes populaires, contre l’ingérence des puissances étrangères dans leurs affaires intérieures.
« Les ingérences étrangères reposent essentiellement sur les conflits et les différends internes et ne visent qu’à mettre en échec les processus politiques internes dans la seule logique des intérêts de ces puissances », avertit-il. Al-Korbi met en garde contre les crispations confessionnelles qui mènent à la destruction d’un pays tout en servant des intérêts étrangers. Le Yémen qui vit un conflit confessionnel, mené, d’un côté par al-Qaïda, fortement implantée et active dans le pays, et la milice chiite des Houthis, de l’autre, en est l’exemple.
« Si les Houthis ont fait part de leur volonté de prendre part au processus politique engagé par les autorités dans le cadre de la feuille de route établie par le Conseil de coopération des pays du Golfe, les éléments d’al-Qaïda, quant à eux, refusent toute approche pacifique visant le règlement de la crise », explique le ministre, en mettant en valeur les principes fondateurs partagés par le chiisme de tendance zeidite et la doctrine sunnite chafiite.
Reconnaissant que son pays vit une crise extrêmement complexe depuis la révolte populaire qui a conduit au départ de l’ancien président Abdallah Salah, l’invité des Affaires étrangères a mis l’accent sur le dialogue national enclenché depuis une année entre l’ensemble des forces politiques et civiles devant s’achever sur une réforme constitutionnelle avant la fin de l’année et des élections législatives et présidentielle en 2015. 565 membres, dont 50% représentent la population du Sud, 30% de femmes, et 20% de jeunes siègent dans cette commission de dialogue dans l’espoir de trouver un consensus politique qui pourrait faire sortir le pays de l’impasse politique et le protéger de la déstabilisation.
Amine Goutali
