Conférence-Débat à Oran avec l’universitaire Fodil Boumala: Quand la doctrine sécuritaire ignore les libertés

Conférence-Débat à Oran avec l’universitaire Fodil Boumala: Quand la doctrine sécuritaire ignore les libertés

La question des “pratiques sécuritaires et le droit aux libertés”, thème d’une conférence donnée par l’universitaire Fodil Boumala, hier, samedi, au siège de la Laddh à Oran, a donné lieu à une analyse du système politique algérien, son fonctionnement dans sa doctrine sécuritaire et de sa corrélation avec la situation des libertés dans notre pays.

L’universitaire, connu pour ses prises de position, a choisi, sciemment, d’évoquer une citation du défunt Aït Ahmed dans son intervention pour mieux étayer son discours. “Nous avons réussi la libération de la patrie, mais nous n’avons pas réussi la libération du peuple”, une phrase qui est, dira-t-il, “forte et très significative quand on sait qui l’a prononcée”. Dans les propos de l’orateur, énoncés devant une assemblée composée de syndicalistes, d’universitaires et de militants politiques et des droits de l’Homme, la question de la pratique sécuritaire telle que conçue par le pouvoir, ne peut être évoquée sans convoquer en quelque sorte l’histoire et la construction du régime algérien.

En effet, l’intervenant explique qu’en Algérie la question des libertés a toujours été soumise à la doctrine sécuritaire, qui est “répressive” et qui diffère de celle de “défense” qui concerne la souveraineté nationale et la défense du territoire. L’explication est historique, le système l’a voulu ainsi, indiquera Fodil Boumala, car avec le colonialisme est venu l’objectif d’indépendance, mais “le processus de libération ne prouve en rien le concept de liberté, la libération ne signifie pas la liberté et le respect des libertés qui sont indivisibles”.

Poursuivant son argumentaire, Fodil Boumala explique que le régime actuel, et depuis 62, a recours à la violence, une forme de continuité par rapport à la guerre de Libération avec le recours à la force pour la libération du pays. Aujourd’hui la “pratique du régime” fait en sorte que même dans la société “la question de la liberté est considérée comme secondaire. Le pouvoir a tout fait depuis 15 ans pour faire l’amalgame entre stabilité du pays et stabilité du régime”, lâchera-t-il avec ce constat que “notre rapport à la liberté en tant qu’Algériens se pose encore de nos jours”.

Selon lui, l’autre signe de la “doctrine sécuritaire répressive” se mesure au non-respect de disposition de la Constitution, puisque de “son préambule au dernier article”, explique-t-il, “le concept de liberté est évoqué pas moins de 33 fois et le terme libre est cité 5 fois et pourtant il n’y a aucune de ces libertés qui est respectée avec le système sécuritaire que ce soit la liberté syndicale, des partis politiques, des association. Il y a une inquisition qui touche toutes les libertés”. Rappelant les récents attentats terroristes ayant frappé “des pays démocratiques”, le débat entre la notion de sécurité et de liberté “s’est posé mais dans un cadre civil, parlementaire, ce sont les civils qui ont décidé de la doctrine ou des restrictions des libertés momentanément”. Ce qui est différent chez nous puisque “c’est le militaire qui décide”.