L’ambassadeur de Chine en Algérie, Son Excellence Yang Guangyu, a convié, hier, la presse nationale à une conférence dans laquelle il a abordé la coopération économique, l’impact des investissements chinois sur l’emploi en Algérie, le dialogue politique et les visas.
Deux mois après sa nomination à Alger, une nomination qu’il qualifie de “motivante” car “beaucoup de diplomates chinois convoitent le poste de chef de mission en Algérie”, l’ambassadeur a décidé de rencontrer les journalistes afin de faire le point sur la coopération algéro-chinoise et échanger les points de vue dans un contexte où les relations internationales traversent une période d’instabilité. Abordant l’impact des investissements chinois en Algérie qui ont connu un développement important depuis le début des années 2000, Yang Guangyu a révélé quelques chiffres liés notamment à la création d’emplois et aux volumes des échanges.
“Au niveau de la création d’emplois, je peux dire qu’entre 40 000 à 50 000 emplois directs et 100 000 emplois indirects ont été créés. Les entreprises chinoises ont mis 1,5 milliard de dollars d’investissement jusque-là mais il est insuffisant lorsqu’on voit les potentialités qui s’offrent et je pense que la Chine doit faire des efforts pour accroître ses investissements. Dans ce cadre, on a rencontré les responsables des entreprises chinoises installées ici et on leur a dit qu’il faut investir davantage en Algérie”, a indiqué le diplomate.
Et d’ajouter : “Aujourd’hui, 80% des produits de consommation sont importés de l’étranger et c’est pour cela que j’encourage les entreprises à investir pour créer de la richesse et diminuer les importations.” Quant au volume des échanges, l’ambassadeur a précisé qu’il s’est situé en 2013 à 8,1 milliards de dollars dont 6 représentent les exportations chinoises vers l’Algérie. En évoquant sa rencontre avec le ministre de l’Industrie et des Mines, M. Bouchouareb, l’ambassadeur a souligné que la Chine demeurait “ouverte à toute sollicitation pour le secteur des mines en Algérie”.
Importation de produits chinois de mauvaise qualité : il faut des actions communes
La problématique des produits chinois de mauvaise qualité importés en Algérie, a été abordée par l’ambassadeur qui a expliqué qu’à l’origine de la fabrication en Chine de ce genre de produits, c’est l’existence “de régions défavorisées en Chine et cette gamme de produits vise à répondre aux différentes demandes, et je sais qu’il y a un réseau d’approvisionnement algérien en Chine, et ces commerçants, pour gagner beaucoup d’argent, achètent des produits à bas prix et de qualité moindre. Il faut que les autorités compétentes des deux pays prennent leurs responsabilités en interdisant l’importation de produits de mauvaise qualité même si je dois dire qu’il est difficile de tester chaque jour les produits importés dans les ports”, a répondu le diplomate, suggérant “des actions ciblées dans ce sens, mais ce sera au coup par coup, mais pas une stratégie globale”.
“Une amitié solide qui date de 1958”
Lors de la conférence de presse, l’ambassadeur est longuement revenu sur l’amitié algéro-chinoise qu’il a qualifiée de solide. “Les missions qui m’ont été assignées pour l’Algérie étaient la poursuite du dialogue politique, le renforcement du partenariat gagnant-gagnant qui est déjà très avancé et l’accroissement des échanges économiques et culturels”, a affirmé le diplomate, avant de rappeler la solidité de l’amitié sino-algérienne qui remonte à 1958. “La relation d’amitié entre l’Algérie et la Chine est très spéciale.
La Chine a été le premier pays non arabe à reconnaître le gouvernement provisoire algérien en lui offrant un soutien politique et matériel dans sa quête de l’indépendance du pays. Cela s’est passé il y a plus d’un demi-siècle et nos amis algériens ne l’ont pas oublié. La deuxième date, c’était en 1971, quand, grâce à l’Algérie, la Chine a retrouvé son poste au Conseil de sécurité de l’ONU. Pékin restera reconnaissant envers le peuple algérien”, a encore déclaré l’ambassadeur, qui a rappelé que le partenariat entre les deux pays a été élevé en février dernier au niveau “stratégique”.
“Aujourd’hui, il y a des champs d’action qui s’ouvrent dans l’éducation, l’agriculture, la santé, les sciences et la technologie, les médias et la défense”, a-t-il estimé, appelant au développement des relations d’affaires entre les deux pays. “Pour les perspectives, je suis optimiste et confiant et cela se base sur deux points. Le premier, c’est que nos deux pays demeurent fidèles aux valeurs communes, à savoir le respect des intégrités territoriales, la non-ingérence dans les affaires des autres et le soutien aux pays dans la recherche de solution pacifique à tout contentieux. Ce sont des principes qui guident la diplomatie chinoise et algérienne”, a-t-il souligné.
Visa chinois sur RDV par Internet
Le volet consulaire a été également abordé. L’ambassadeur, qui a précisé que cette initiative sera discutée avec les responsables du ministère des Affaires étrangères, a annoncé que le visa chinois se fera désormais sur rendez-vous pris par le biais d’un site Internet créé spécialement pour “mettre les demandeurs de visa plus à l’aise en évitant de se lever trop tôt et d’attendre longuement devant le consulat et leur offrir un meilleur service”.
C’est ainsi que l’ambassade de Chine a envisagé de lancer le système de rendez-vous sur Internet dès hier (1er septembre, ndlr), précisant que “le mois de septembre sera pris pour la période de rodage pendant laquelle les demandeurs ayant pris rendez-vous sur Internet auront la priorité pour les dépôts des dossiers et les demandeurs sans RDV demeureront acceptables pendant cette durée”. Mais à partir d’octobre prochain, “un rendez-vous sera obligatoire pour la demande de visa”.
Un communiqué de presse distribué en marge de la conférence de presse détaille les modalités. “Il faut se munir du numéro de rendez-vous pour entrer dans la salle d’attente du consulat. Autrement, les demandeurs se verront interdire l’entrée. Pour prendre rendez-vous, veuillez cliquer sur ce lien : //211.100.27.25/vacisyy. Et pour connaître le mode d’emploi de ce système, veuillez consulter le site Internet de l’ambassade dont l’adresse : //dz.china-embassy.org/fra/lsfw/”, lit-on sur le document de l’ambassade.
Libye et Sahel : l’Algérie joue le rôle de stabilisateur
Affirmant le soutien inconditionnel de la Chine à la position algérienne dans le règlement de la crise libyenne et malienne, l’ambassadeur a déclaré que l’Algérie joue “le rôle de pivot et de stabilisateur dans cette partie du monde. La Chine soutient la lutte antiterroriste et les efforts de l’Algérie dans ce cadre. La réussite de l’Algérie est notre réussite. Le terrorisme est une menace sérieuse qu’il faut combattre”.
Concernant la Syrie, l’ambassadeur a déploré le fait que le monde occidental n’ait pas écouté la voix de la Chine. “Nous savons qui est à l’origine de cette situation”, a-t-il ajouté. Joignant sa voix à celle de l’Algérie dans la gestion de l’agression commise contre Gaza par l’État hébreu, le diplomate a rappelé que Pékin a œuvré pour le cessez-le-feu, la levée du blocus, ainsi que pour la création d’un État palestinien. Pour le Sahara occidental, il a souligné que son pays soutenait le règlement du conflit dans le cadre de la mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU.
Échanges culturels et présence linguistique
“Il y a des centaines de festivals culturels et artistiques qui se déroulent annuellement en Algérie et la Chine voudrait y participer et ainsi renforcer sa présence culturelle en Algérie. Il n’y a pas que le business ; la dimension culturelle est aussi importante dans le cadre de la coopération globale”, a souligné le diplomate, avant d’aborder le volet linguistique. “Nous avons ouvert 4 cours d’enseignement à Alger, Constantine, Annaba et Oran, et aujourd’hui, il y a des centaines d’étudiants algériens qui suivent des cours et la Chine est prête à renforcer sa présence linguistique”, a-t-il promis.
Sur le plan de l’ouverture sur les réseaux sociaux, l’ambassade a annoncé, hier, avoir ouvert une page sur facebook. Une manière de marquer sa présence sur ce support made in USA alors qu’en Chine, facebook est inaccessible puisque ce pays dispose de son propre réseau, dont le plus attractif demeure le Weibo.
S. T.
