Le concours qui s’ouvre aujourd’hui encouragera les spécialistes de faire carrière dans le secteur de la santé publique et ne pas se tourner vers le privé ou partir sous d’autres cieux. Près de 14 000 praticiens spécialistes ont quitté le secteur entre 2002 et 2012.
“Une fois n’est pas coutume !”, a d’emblée commenté le premier responsable du Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique, SNPSSP, pour annoncer l’objet du point de presse tenu hier au siège du syndicat. Et c’est le cas de le dire ! Pour une fois les motifs de la sortie médiatique du SNPSSP ne sont nullement liés à la contestation et la paralysie du secteur.
Au contraire ! “Notre rencontre avec la presse a pour objet la célébration d’un important événement. Un grand acquis pour la corporation et un événement historique qui n’est autre que la tenue enfin du concours de gradation des spécialistes assistants”, annonce avec un large sourire le docteur Yousfi. Et d’expliquer la particularité de cette information, au demeurant anodine, car cet examen est attendu depuis trente longues années par la corporation. “Dans un pays normal, on ne donne pas une aussi grande importance à une gradation, mais vu le temps mis pour arracher enfin ce concours, on le considère comme une première.”
En effet, le statut de 1982 en parle et en fait une étape somme toute normale dans la progression de carrière des spécialités de la santé publique mais, selon le docteur Yousfi, “des lobbies ont usé de toutes sortes d’obstacles et d’entraves pour bloquer sa tenue depuis 1982 !” Et de désigner ces lobbies en citant “certains responsables et cadres au ministère de la Santé, à leur tête l’ancien ministre, Djamel Ould Abbès”. Sinon, comment expliquer, s’interroge le conférencier, le fait que des textes de lois existent depuis trente ans et des concertations ont eu lieu à partir de 2004 au niveau de la commission mixte où siégeait le SNPSSP, pour préparer le concours de gradation, mais rien de concret n’a vu le jour.
Le premier responsable du Snpssp persiste et signe : “La raison est connue de tous, y compris des premiers responsables du pays, à savoir les nombreux obstacles mis par ces lobbies. Certains sont partis, d’autres y sont toujours et y seront encore mais la lutte syndicale a finalement eu raison d’eux.” Pour appuyer ses dires, le docteur Yousfi cite entre autres le dernier obstacle que l’ancien ministre a tenté de mettre en place par la promulgation en 2012 de deux arrêtés se rapportant à ce concours et qui allaient à l’encontre de la réglementation en vigueur. Les spécialistes sont montés au créneau et ont bloqué à leur tour l’application des deux textes qui ont été d’ailleurs abrogés par l’actuel ministre.
Près de 14 000 praticiens spécialistes ont quitté le secteur ou le pays
L’absence de toute progression de carrière dans la santé publique a fait fuir de nombreux praticiens spécialistes exerçant au départ dans ce secteur. Selon le docteur Yousfi “près de 14 000 spécialistes ont quitté le secteur soit vers le privé soit sont allés sous d’autres cieux et ce, en dix ans (entre 2002 et 2012)”. Il explique que le nombre de praticiens spécialistes est passé à 4 000 en 2002 et ils ne sont que 8 500 en 2013 alors que l’Université algérienne forme annuellement 2 000 spécialistes.
La tenue de ce concours marque désormais le premier pas vers l’évolution de carrière de cette corporation et encouragera le retour en force vers la santé publique et la présence de spécialistes dans toutes les régions du pays. Ce qui ne manquera pas de servir les nombreux patients. Pour revenir au concours, celui-ci s’ouvre aujourd’hui jusqu’au 27 mars.
Près de 27 000 spécialistes y postulent pour 3 004 postes ouverts pour 50 spécialités. La chirurgie s’offre la part du lion avec 400 postulants.
M B