Conférence de presse du collectif des médecins résidents,Le franc-parler des résidents

Conférence de presse du collectif des médecins résidents,Le franc-parler des résidents
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Les représentants du Collectif autonome des médecins résidents algériens (CAMRA) ont animé, hier, une conférence de presse au siège de l’UNPEF, à Alger, où ils ont réitéré leur «engagement désintéressé» en faveur d’un système de santé publique qui mette en avant l’intérêt du citoyen en général et du malade en particulier.

Forts du soutien des représentants de nombreuses associations et du président du Conseil de l’ordre des médecins, les délégués du CAMRA sont remontés jusqu’aux origines de leur mouvement. Lequel est, réaffirme le Dr Toufik Yelles, «apolitique et à l’abri de toute chapelle», situant son origine dans la note de la tutelle qui enjoignait aux décanats de «bloquer les diplômes des médecins spécialistes jusqu’à l’accomplissement du service civil et la prolongation de sa durée de 3 à 8 ans». Concernant l’abrogation du service civil, cheval de bataille des résidents, les conférenciers se sont attelés à démontrer son inutilité, avec des exemples vécus et concrets à travers différentes régions du pays, notamment le Sud et les Hauts Plateaux, où l’évacuation des malades vers le nord du pays est légion. Fiche de paie à l’appui (33 000 DA/ mois), le Dr L. Akhamokh du CHU d’Annaba raconte : «Faute de structures de santé adéquates, les malades du Sud continuent de remonter au Nord.

Des médecins chinois, payés 4 000 euros/mois et des avantages en sus, envoient des malades à opérer à 150 km d’Annaba.» Et d’asséner : «Je suis du Sud, et je comprends le refus des médecins du Nord d’exercer pour un salaire de 35 000 DA dans des zones sans commodités médicales, sans logement, etc.»

A Rachid Charaoui, membre du conseil national de la déontologie, les délégués rétorquent : «Le désert médical ne se définit pas par le manque de médecins. Les régions enclavées manquent de tout.»

Au sujet du service national, il précise : «On revendique seulement le droit de bénéficier des mesures de grâce accordées aux autres citoyens.»

Concernant la commission des sages installée par le ministère, les conférenciers sont unanimes à dire que, d’emblée, «la tutelle a opté pour la facilité. On s’est empressé de s’en prendre à notre mouvement, alors qu’il s’agissait d’engager un dialogue, des consultations et, en tant que sages, de recueillir les propositions». Et, pédagogue, l’intervenant d’enchaîner : «Un système de santé fiable passe par la levée de l’obligation du service civil, comme c’est le cas de part le monde.»

Dans la foulée, les représentants du CAMRA ont dénoncé avec fermeté les bastonnades, menaces et autres intimidations dont ils ont été victimes lors de leurs manifestations pacifiques. Ils réclament le respect des franchises hospitalières et déclarent irrecevable la note de la tutelle qui annonce des sanctions de 2e et de 3e degrés (blâme et révocation) à l’encontre des protestataires. «Nous ne céderons pas face aux menaces et autres mesures de sanction et de chantage», disent-ils.

Le Dr Bekat, du conseil de l’ordre des médecins, tout en recommandant la prudence à ses collègues, demande à la tutelle de faire du CAMRA un partenaire social.

Par ailleurs, le CAMRA annonce la tenue d’un sit-in national, mercredi prochain, à Oran. «Cette nouvelle manifestation, qui se tiendra au centre hospitalo universitaire d’Oran, a été décidée lors du conseil national du CAMRA tenu le week-end dernier», a indique Sid Ali Merouane, porte-parole du collectif, qui précise : «Le mouvement de débrayage est maintenu puisque nos revendications ne sont pas entendues.»

Le Collectif des médecins résidents algériens, en grève depuis près de trois mois, a organisé 20 sit-in et rassemblements nationaux, deux marches, ainsi qu’une nuit passée à la belle étoile devant le siège de la présidence, à El-Mouradia.

Ahmed Kessi