“C’est comme dans un couple qui se connaît depuis longtemps. Il peut y avoir des énervements, mais c’est toujours le moment de se réconcilier”, a déclaré la ministre française de la Justice.
La France veut tourner la page et s’orienter vers l’avenir. C’est le message qu’a transmis la ministre française de la Justice, Michèle Alliot-Marie, lors de sa visite en Algérie qui s’est achevée lundi soir et au cours de laquelle elle a rencontré le chef de l’État, le Premier ministre et des membres du gouvernement algérien. “Je dirai que les relations entre l’Algérie et la France sont très étroites. C’est comme dans un couple qui se connaît depuis longtemps. Il peut y avoir des énervements, mais c’est toujours le moment de se réconcilier”, déclare la ministre française lors du point de presse animé peu avant son départ. Interrogée sur la vision du président de la République Bouteflika sur les tensions entre les deux pays, Michèle Alliot-Marie pense que ces tensions doivent être relativisées. “Les irritations qui existent aujourd’hui ne sont pas grand-chose par rapport à ce qui a existé. J’ai ressenti chez le président algérien une volonté de tourner la page. Nous avons intérêt à être d’accord pour affronter les défis qui concernent nos deux pays”. Pour elle, la relation entre la France et l’Algérie “n’a pas d’équivalent dans le monde”. Elle considère le retrait par l’Assemblée algérienne de la proposition de la loi criminalisant le colonialisme comme un geste d’apaisement. “Nous avons un passé douloureux qu’il ne faut pas renier, mais je pense que les politiques ne font pas de bons historiens. Il ne s’agit pas de tourner la page, mais de s’orienter vers des priorités qui sont les grands défis et enjeux comme la problématique du terrorisme et la problématique économique”. Qualifiant de “moment fort” la visite du président Bouteflika à Nice, à l’occasion du sommet France-Afrique en juin dernier, Mme Alliot-Marie a exprimé la volonté de son pays d’œuvrer à la progression de ces relations. Pour ce qui est de la non-libération de Cheb Mami, elle explique que le refus de la justice ne repose pas sur le fond, mais sur la procédure et sur la justification. La ministre d’État, garde des Sceaux, ministre de la Justice et des Libertés de la République française a soutenu, par ailleurs, que de nouvelles pistes de coopération sont envisagées entre l’Algérie et la France dans le domaine de la justice. Elle a rappelé, dans ce sens, que les deux pays sont liés, depuis 2004, par des accords dans le domaine de la justice qui se développent, “de façon très concrète”, en matière de formation réciproque des magistrats, d’échanges d’informations et de jumelage de juridictions. Elle souhaite qu’il puisse y avoir à l’avenir des détachements de longue durée de magistrats algériens en France et de magistrats français en Algérie et des échanges entre inspections générales de la justice des deux pays. Dans le volet pénitentiaire, les deux parties ont, selon elle, “la possibilité de travailler ensemble sur les forces de sécurité qui interviennent en cas de difficultés ou de troubles dans les prisons”. S’agissant de la région du Sahel, la ministre française de la Justice a tenu à souligner qu’il existe une “très bonne coopération entre les deux pays” au niveau de nos services pour cerner la menace et anticiper sur la lutte contre le terrorisme : “L’Algérie, de par sa position géographique, a un grand rôle à jouer dans la lutte contre le terrorisme.” Lors d’un tête-à-tête avec le Premier ministre Ahmed Ouyahia, improvisé à la dernière minute, Mme Alliot-Marie a fait part de son souci de garantir une plus grande visibilité pour les investisseurs français, à qui “il faut une sécurisation sur le plan juridique, avant leur installation en Algérie”. Enfin, abordant la question de la garde d’enfants issus de couples mixtes, la ministre a plaidé en faveur d’une plus importante coopération dans l’intérêt de l’enfant.