Outre qu’il a réaffirmé sa volonté de ne pas briguer un troisième mandat à la tête du MSP, Bouguerra Soltani a critiqué hier à Alger lors d’une conférence de presse animée au siège national de son parti les autorités algériennes quant à leur gestion de l’attaque terroriste sur le site gazier de Tiguentourine dans la wilaya d’Illizi.
Soltani s’est dit par ailleurs «regretter l’ouverture de l’espace aérien aux avions français» tout en précisant que son «opinion ne signifie pas qu’il s’y oppose».
«Le moins que l’on pouvait attendre des autorités est qu’elles informent les citoyens de l’ouverture de cet espace tout en leur expliquant pourquoi elles le font». Et d’ajouter : «Il est inadmissible qu’on soit informé par des officiels français et par des chaînes d’informations étrangères». Le président du MSP estime que la conférence de presse que devrait tenir aujourd’hui (hier NDLR) le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, «vient trop tard».
Selon lui une telle activité «devait être organisée quelques heures après les événements, au plus tard 48 heures après les faits, et non après une semaine, un temps qui a vu toutes les grandes capitales du monde s’exprimer sur la question ». Tout en se vantant de son passé de major de promo quand il accomplissait son service national, Bouguerra s’est dit
« prêt à intégrer les rangs de l’Armée nationale populaire pour défendre la souveraineté du pays ». Selon lui, « il est nécessaire d’associer les populations à la prise de décision en vue de rendre efficace la politique de défense du pays ».
Il a appelé les autorités à ne pas « verser dans la glorification » rappelant qu’elles n’ont fait que leur devoir en « éteignant le feu ». Et de s’interroger à propos de l’attaque du site de Tiguentourine par les terroristes : «Comment une trentaine d’individus a fait pour s’introduire sur le site gazier ». « Les seuls perdants dans cette guerre au Sahel, ne sont autres que les Touaregs » a soutenu le conférencier.
Ce dernier louant leur passé anticolonialiste et leur spécificité culturelle a appelé le gouvernement à les aider dans le sens de faciliter leur intégration dans les pays où ils vivent. Revenant sur sa décision de ne pas se porter candidat à sa propre succession à la direction du MSP, Bouguerra a expliqué qu’à travers cette renonciation il visait plusieurs objectifs à la fois.
Il a évoqué son souci de contribuer à l’éclosion d’une culture politique nouvelle. Et Bouguerra de prononcer sa seule phrase en français, «je veux céder le passage» à l’effet a-t-il ajouté de «contribuer à l’ouverture du jeu politique non seulement au niveau du MSP mais à l’échelle du pays ».
Autre justification avancée par l’orateur : couper l’herbe sous les pieds de la surenchère autour de la présidence de son parti, estimant que son « acte est de nature à donner à réfléchir aux dissidents qui nous ont quittés sur deux étapes ». Allusion aux départs successifs d’Abdelmadjid Menasra et d’Amar Ghoul. Pour lui, « ne pas de présenter pour un 3e mandat c’est réaffirmer l’autonomie de mon parti ».
Notons que le MSP compte organiser demain en son siège national une conférence politique consacrée spécialement à l’attaque terroriste du site de Tiguentourine et à la crise au Mali.
Larbi Graïne