L’information selon laquelle les forces algériennes ont intervenu en territoire libyen est une «allégation qui ne repose sur aucune réalité», a démenti le ministre français.
Le ministre français des Affaires étrangères et du Développement international, Laurent Fabius, a salué, hier, à Alger, le rôle que joue l’Algérie dans la crise qui marque la région du Sahel. «Je rends hommage au rôle pacificateur que joue très utilement l’Algérie», a déclaré M.Fabius, lors d’une conférence de presse organisée conjointement avec son homologue Ramtane Lamamra au siège du ministère des Affaires étrangères à Alger.
«Nous voulons travailler sur la base d’un partenariat d’exception et d’égal à égal avec l’Algérie», a ajouté le chef de la diplomatie française, appuyant que sur les questions régionales, l’analyse de la France et celle de l’Algérie sont identiques. «Nous sommes des pays de paix, nous sommes attachés au développement de la sous-région et de toute l’Afrique en général car tout est lié: il n’ y a pas de sécurité sans développement», a ajouté le ministre français. Mettant en avant l’expérience algérienne qu’il a qualifiée d’ «extrêmement efficace» dans la lutte contre le terrorisme, le chef de la diplomatie française s’est félicité de la coopération «excellente» dans ce domaine entre les deux pays, estimant que cette coopération est menée «dans le respect de l’indépendance de chacun».
Tout le débat actuel repose sur le rôle que doit jouer l’Algérie au Sahel et particulièrement en Libye. Puissance militaire incontestable, mine d’informations sécuritaires accumulées depuis des années de lutte contre le terrorisme, la France attend une collaboration plus étroite avec l’Algérie. Dans son introduction, Ramtane Lamamra a balisé le terrain en notant que l’Algérie et la France sont appelées à échanger des points de vues «dans le cadre d’une vision de paix et de sécurité», soulignant que c’est ce qui fait l’importance de cette visite.
Sur ce plan, Ramtane Lamamra a rappelé que l’Algérie a déployé de «gros efforts» pour sécuriser ses vastes frontières et prémunir le pays de la menace terroriste. «Les efforts menés par l’Armée nationale populaire (ANP) et les autres forces de sécurité pour sécuriser les frontières sont colossaux», a déclaré M.Lamamra lors de la même conférence de presse. «Nous avons véritablement fait de gros efforts, non pas pour sanctuariser le territoire algérien, mais pour être sûrs que nous sommes en mesure de contrôler ces vastes régions», a-t-il ajouté. Interrogé sur la présence de groupes terroristes dans la région du Sahel, y compris en Algérie, M.Lamamra a indiqué qu’ «en aucune façon, nous ne pourrions accepter l’idée que des jihadistes se cacheraient en Algérie sans que des mesures appropriées soient prises pour y mettre fin».
Au sujet de la Libye justement, les deux ministres se disent très vigilants à ce qui se passe dans ce pays. «Il faut être très attentif à ce qui se passe en Libye. Il y a beaucoup d’armes qui circulent dans ce pays. Il faut trouver des solutions politiques et éviter à ce qu’il n’y ait pas de débordements dans les pays voisins», a indiqué Laurent Fabius. « Au stade actuel la réflexion est ouverte au sujet de la Libye», a ajouté pour sa part Ramtane Lamamra. «Il y a des élections qui se dérouleront prochainement, on verra alors la configuration politique qui s’y dégagera.
La France est un membre du Conseil de sécurité, on va collaborer étroitement ensemble, on doit rester très attentifs», a-t-il encore souligné. Interrogé sur l’intervention des forces algériennes en Libye, le ministre français des AE s’est dit étonné. «On a pris connaissance avec étonnement de ces allégations qui ne reposent sur aucune réalité». De son côté, M.Lamamra a rappelé que le Premier ministre Abdelmalek Sellal, a eu à répondre devant les députés sur cette question.
Au plan économique, deux sujets principaux ont été abordés lors de cette conférence. D’abord, les gaz de schiste. Pour M.Fabius, la question concerne le gouvernement algérien et la France n’intervient aucunement dans le choix des partenaires que veut l’Algérie, si toutefois elle le décide.
Enchaînant sur ce sujet, Ramtane Lamamra a d’abord rappelé que la question a été tranchée en Conseil des ministres et avalisée avec une grande majorité au Parlement. «Cela d’une part, d’autre part, il n’ y a aucun partenaire qui ait été choisi ni pour l’exploration ni pour l’exploitation. Nous sommes loin de cette option, on n’est qu’au début du parcours.» A propos de la règle des 51/49%,
M.Fabius reprenant le voeu des patrons a souhaité «qu’il y ait une stabilité dans les règles, leur respect et une rapidité dans la décision». Bref, concis, mais c’est déjà beaucoup de tares pour une économie qui ambitionne d’attirer des investisseurs étrangers.