Ce que l’on retient du séjour de la délégation tunisienne à Alger, conduite par le Premier ministre, c’est avant tout le conformisme diplomatique qui a dominé cette visite.
Le langage protocolaire consacré a prévalu lors de la rencontre avec la presse, mettant en avant la recherche «des mécanismes de coopération». La défense, les affaires consulaires et le développement économique, précisément la «seringue» énergétique. Face à la réalité du terrain, la Tunisie s’éloigne du temps des discours au jasmin, rêvant d’un bloc régional au sud de la Méditerranée. Elle ajuste ses cordes exclusivement dans l’intérêt bilatéral avec Alger.
Les ministres algérien et tunisien des Affaires étrangères, Mourad Medelci et Rafik Abdesselam, ont réaffirmé hier à Alger la volonté des deux pays de développer leur coopération bilatérale «au plus haut niveau possible», annonçant plusieurs mesures qui seront prises à court et moyen termes.
Les deux ministres, qui s’exprimaient lors d’une conférence de presse conjointe organisée au siège du ministère des Affaires étrangères, en marge de la visite en Algérie de la délégation gouvernementale tunisienne conduite par le chef du gouvernement, Hamadi Jebali, se sont contentés de livrer aux journalistes les principaux points abordés lors des entretiens entre les deux délégations sans trop s’étaler sur les détails.
M. Medelci a souligné que les deux parties veulent traduire la volonté des deux pays de consolider leur coopération bilatérale en mettant en place «les mécanismes de coopération » nécessaires à cela, précisant que les entretiens entre les deux parties ont porté principalement sur «trois points prioritaires ». Le premier concerne le volet sécuritaire et plus spécialement la sécurisation de la frontière entre les deux pays.
Il a annoncé, à ce propos, la tenue avant la fin de l’année de rencontres bilatérales entre les responsables algériens et tunisiens des secteurs de la Défense et de l’Intérieur, en vue de dégager de nouveaux mécanismes susceptibles de «sécuriser et de développer les frontières communes».
«Il y a une volonté de la part des responsables des ministères de la Défense et de l’Intérieur des deux pays», annonçant que «des visites de hauts responsables des deux secteurs, accompagnés des walis des régions frontalières, sont prévues avant la fin de l’année en cours».
«De nouveaux mécanismes devraient être dégagés pour sécuriser et développer les frontières algéro-tunisiennes et renforcer les liens de fraternité entre les peuples des deux pays», a-t-il ajouté. M. Abdesselam a, pour sa part, déclaré à ce sujet que les deux pays sont «tombés d’accord sur la nécessité de faire face, ensemble, à tous les problèmes et défis», indiquant avoir évoqué avec M. Medelci la question sécuritaire au Sahel, particulièrement au Mali où la situation «demeure préoccupante aussi bien pour la Tunisie que pour l’Algérie ».
«Nous avons échangé des renseignements pour faire face à tous les dangers émanant de groupes criminels, notamment les groupes terroristes qui menacent la sécurité et la stabilité dans nos deux pays et dans la région», a-t-il ajouté, réaffirmant la volonté de poursuivre les consultations politiques.
La deuxième priorité abordée par les deux parties concerne, selon M. Medelci, les ressortissants établis dans l’un et l’autre des deux pays. Il a annoncé à ce propos l’ouverture des négociations pour la révision de «l’accord d’établissement» régissant le séjour des ressortissants et qui remonte à 1963. Celui-ci «a vieilli» et a besoin d’être «actualisé» pour être adapté aux données de l’heure.
M. Medelci a ajouté qu’une rencontre est prévue dans les semaines à venir «pour parvenir à un projet qui pourrait faire l’objet de signature», soulignant les progrès enregistrés dans ce dossier. Le chef de la diplomatie tunisienne, tout en confirmant les dires de M. Medelci à ce sujet, a indiqué que les deux parties «ont pris des décisions courageuses » dans ce domaine consulaire.
Le troisième point discuté lors des entretiens bilatéraux a été, selon les deux ministres, la coopération économique.
M. Medelci a évoqué à ce sujet «l’importance du développement global qui prend en compte tous les fondements du développement qui consistent en des moyens matériels et humains, notamment le secteur des hydrocarbures».
Les deux pays ont convenu, par la même occasion, d’une coopération «plus soutenue» dans les domaines de l’énergie, du transport maritime, aérien, terrestre et ferroviaire ainsi que des infrastructures.
Les deux ministres se sont en outre félicités de la «convergence totale de vues» entre les deux pays concernant presque toutes les questions bilatérales, régionales et internationales d’intérêt commun.
A. Mouhou
