Conférence d’Alger sur les sources de financement du terrorisme et le trafic de drogue, Un pari difficile

Conférence d’Alger sur les sources de financement du terrorisme et le trafic de drogue, Un pari difficile

La drogue, une source inépuisable de financement pour les terroristes

L’Algérie a demandé, à Djeddah, la mise en place d’une commission chargée de l’élaboration d’une loi qui sera intégrée à la Convention arabe de lutte contre le financement du terrorisme.

En annonçant la tenue prochainement d’une conférence internationale consacrée à la problématique de la criminalisation du paiement de rançons lors de kidnapping, destinées à financer le terrorisme, le ministre de la Justice, Tayeb Louh, a saisi la tribune du Conseil de la nation pour adresser un double message.

D’abord, que l’Algérie demeure constante dans son principe comme dans sa démarche en appelant, encore et toujours, la communauté internationale à adhérer de manière formelle à sa position qui se justifie pleinement du fait qu’il est établi, depuis longtemps déjà, que la criminalité transfrontalière contribue au financement du terrorisme, que ce soit par le trafic de drogue, la contrebande ou le rapt motivé par l’obtention d’ une rançon.

Cheval de bataille de l’Algérie qui a travaillé sans relâche pour tenter d’assécher les sources de financement des groupes terroristes, cet appel est entendu et partagé par la Russie, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et l’Afrique du Sud mais il reste à convaincre d’autres pays dont l’attitude est pour le moins ambiguë et l’approche réticente. Que ce soit la France, l’Allemagne ou le Japon, il y a un vrai dilemme qui décrédibilise les discours de circonstance, celui du double jeu qui dit oui et dit non tout à la fois.

Tout en militant pour une approche commune aux Etats membres de la Ligue arabe, l’Algérie veut la reconnaissance de jure d’une interdiction des paiements de rançons telle que cela a été proposé à la dernière réunion du Conseil des ministres arabes de la Justice à Djeddah, en Arabie saoudite. Elle avait, à cette occasion, demandé la mise en place d’une commission chargée de l’élaboration d’une loi criminalisant le paiement de rançons, texte qui sera intégré à la Convention arabe de lutte contre le financement du terrorisme.

Tel sera l’objectif majeur de la «Conférence d’Alger sur les sources de financement du terrorisme et le trafic de drogue» à la préparation de laquelle les départements des affaires étrangères et de la justice sont en train de travailler de concert.

La lutte contre les réseaux de financement du terrorisme sera inachevée tant qu’un consensus auquel adhéreraient la majorité des pays du front et les grandes puissances, en particulier, n’aura pas été obtenu et c’est le but de cette rencontre que de susciter un débat constructif sur la question afin de convaincre les Etats désireux de conserver une marge qui s’apparente à une porte de sortie plutôt qu’à une stratégie de gestion de crise.

L’Algérie voudra obtenir, dans ce cadre, l’adhésion unanime au principe de non-paiement des rançons, en en faisant une condition non négociable de sa coopération avec les Etats partenaires dans leur lutte contre le terrorisme. Or rien ne prouve que les mêmes pays qui traînent volontiers les pieds pour souscrire à cette démarche auront soudainement modifié leur vision, auquel cas la conférence risque fort de se muer en un dialogue de sourds entre, d’une part, les partisans de cette criminalisation du paiement de rançons, et, d’autre part, ceux qui ne veulent pas y souscrire le moins du monde, tout en acceptant d’en entendre parler…