100 experts de très haut niveau, issus de 40 pays, sont attendus à la conférence internationale qu’abritera Alger les 7 et 8 septembre prochains. Le ministre a affirmé que l’Algérie possède « une expérience mondialement reconnue dans la lutte contre le terrorisme ».
Terrorisme et crime organisé sont les deux phénomènes majeurs qui menacent plusieurs pays dont l’Algérie, le Mali, la Mauritanie et le Niger. A ce mal commun, Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, préconise «une solution commune».
S’exprimant hier lors d’une conférence de presse tenue au nouveau siège du département des Affaires étrangères, il a appelé à « harmoniser nos positions », à « avoir les mêmes repères en termes d’analyse et la même volonté de travailler ensemble pour éradiquer cette menace permanente».
Tout au long de ce rendez-vous avec la presse qui précède la conférence interna- tionale d’Alger prévue les 7 et 8 septembre prochains, M. Messahel n’a pas cessé de rappeler la nécessité de « créer un partenariat entre les quatre pays et les partenaires extrarégionaux, qui repose sur la formation, le besoin d’équipements et aussi le besoin de la circulation de l’information».
Pour cette conférence, précise l’orateur, 100 experts de très haut niveau, issus de 40 pays, sont attendus. Une réunion plénière, une autre à huis clos et trois autres ateliers sont au programme. C’est durant la réunion ministérielle de Bamako tenue le 20 mai dernier «qui a permis d’asseoir une coopération convergente et exemplaire aux niveaux politique, militaire, du renseignement et du développement régional», que l’Algérie a été choisie pour présider la première réunion du genre qui soit consacrée au partenariat dans la région du Sahel dans les domaines de la sécurité et du développement. L’objectif de la conférence internationale d’Alger est d’ « organiser le partenariat à travers, entre autres, la création de synergies entre les partenaires des pays de la région », précise le ministre. Les deux prochaines réunions auront lieu respectivement à Nouakchott et Niamey. Si le choix s’est porté sur l’Algérie, c’est sans nul doute une façon de lui reconnaitre son rôle « central » dans la lutte contre le terrorisme.
Dans ce contexte, M. Messahel affirme que notre pays possède « une expérience mondialement reconnue » dans cette lutte, et sa contribution à la conceptualisation même des stratégies de lutte contre le terrorisme à travers les organisations internationales. Il souligne que « nous sommes un pays situé dans une région où il y a effectivement une menace. Il est évident que nos partenaires s’intéressent beaucoup à l’Algérie et à son expérience (dans la lutte contre le terrorisme) qu’ils veulent partager et trouvent en notre pays un partenaire sérieux dans cette lutte ».
Outre le cas de l’Algérie, le conférencier trouve «efficace la stratégie sous-régionale de lutte contre le terrorisme, faisant que les groupes terroristes d’Al Qaïda dans le Maghreb islamique(AQMI) éprouvent des difficultés à se déployer dans la région».
S’agissant de la coopération internationale, Messahel fait savoir qu’un Forum mondial de lutte contre le terrorisme, composé de 35 pays dont l’Algérie, est en train de se mettre en place.
Plus explicite, il souligne que «cee forum qui tiendra sa première réunion le 21 septembre à New York, regroupe des pays ayant des capacités et des expériences à même de contribuer à l’éradication du fléau du terrorisme ».
Interrogé sur les difficultés rencontrées par les experts des Nations unies pour définir « le terrorisme », le ministre, tout en reconnaissant ce constat, précise que cela « ne les avait pas empêché d’avoir une architecture mondiale de lutte contre ce fléau». Au terrorisme et au crime organisé s’ajoute un autre phénomène : l’inquiétante circulation des armes de guerre.
Fouad Irnatene
A propos de la Libye
“L’Algérie a partiellement fermé ses frontières avec ce pays”
Le ministre explique qu’au début de la crise, « on voulait impliquer l’Algérie et faire d’elle une question de politique interlibyenne mais on a su résister ».
Clair et précis, Abdelkader Messahel, ministre des Affaires maghrébines et africaines, a affirmé que «l’Algérie a partiellement fermé ses frontières avec la Libye en assurant un contrôle hermétique».
Il s’agit là d’une déclaration lourde de sens expliquée «par l’absence d’un minimum de sécurité en terre libyenne». S’exprimant hier lors d’une conférence de presse à la veille de la tenue d’une conférence importante à Alger sur le partenariat, la sécurité et le développement entre les pays du Sahel et les partenaires extrarégionaux, le ministre explique qu’au début de la crise, « on voulait impliquer l’Algérie et faire d’elle une question de politique interlibyenne». Peine perdue car « notre pays, qui campe sur sa position neutre, a su résister ». Cette neutralité « nous donnera raison car on a vu juste ». M. Messahel a en outre précisé que des émissaires ont demandé à l’Algérie du pétrole, des armes et de l’argent.
Catégorique, notre interlocuteur souligne : « A tous, on a dit non». Quant à la nouvelle Libye de l’après- Kadhafi qui commence à se construire, l’orateur juge intéressant que le pays « réponde aux standards universels de gouvernance, et le CNT entre dans ce plan et cette logique. C’est un grand acquis».
L’autre constat qui laisse M. Messahel optimiste quant aux lendemains de la Libye est la priorité donnée à l’aspect sécuritaire qui est « une question vitale ».
En dépit de cet optimisme, le ministre reconnaît qu’une nouvelle situation dans la région du Sahel a été créée par la crise libyenne, du fait de la circulation des armes et du retour massif de personnes dans leurs pays d’origine.
“Ces pays n’ont pas les moyens financiers pour contenir cette foule», ajoute notre vis-à-vis. Cette crise peut avoir, reconnaît-il, des répercussions sur la sous-région.
Il a expliqué, dans ce cadre, que la conférence d’Alger prévue les 7 et 8 septembre permettra aux pays du champ (Algérie, Mali, Mauritanie, Niger), lors de la réunion de leurs ministres des Affaires étrangères à la veille de la conférence, «de se partager les informations sur la circulation des armes et de la manière dont nous pouvons y faire face ».
F. I.