L’ancien chef du gouvernement, candidat déclaré à l’élection présidentielle d’avril 2014, Ahmed Benbitour, et le président de Jil Jadid, Sofiane Djilali, ont mêlé leurs voix, hier matin, pour à la fois dire non à un 4e mandat pour Bouteflika et à la révision constitutionnelle. Les deux hommes ont estimé que le bilan du président de la République est désastreux.
Ils devaient être trois à réclamer la retraite politique de Bouteflika. Ahmed Mechati, ancien moudjahid et membre du groupe des 22 historiques, n’a pu être du débat animé par Ahmed Benbitour et Sofiane Djilali à la salle Zinet à Riadh El Feth.
Militant pour un changement qui, ont-ils expliqué, devrait passer par une élection présidentielle sans fraude et à laquelle Bouteflika ne devrait pas participer, Ahmed Benbitour et Sofiane Djilali ont signé, hier, le premier acte d’une fréquentation politique qui paraît durable. Le candidat déclaré à l’élection présidentielle d’avril 2014 et celui qui semble partant pour lui donner un coup de pouce ont exécuté la partition sans fausse note ni discordance. L’un comme l’autre ont plaidé pour une élection présidentielle sans la participation de Bouteflika et ont exprimé leur refus de la trituration constitutionnelle programmée. C’est Ahmed Benbitour à qui il a échu de planter le décor pour un réquisitoire sans complaisance à l’encontre du pouvoir et du système. Pour lui, le changement est un impératif, tant est que l’Etat, déjà défaillant, dérive dangereusement vers la déliquescence. Ahmed Benbitour a énuméré ses quatre refus : non à un 4e mandat pour Bouteflika, non à la prolongation de son mandat actuel, non à la révision de la Constitution et non à la fraude électorale. Sofiane Djilali a fait siennes ces quatre revendications. Les deux hommes ont insisté sur la retraite politique de Bouteflika car ils pensent que ce dernier se prépare à se faire réélire en 2014. Ils ont lu la velléité de Bouteflika de se représenter dans les déclarations à El Khabar d’un responsable à la présidence de la République qui a suggéré que le président pouvait répondre positivement à un appel du peuple pour un autre mandat. Mais aussi dans le drapeau déployé avant-hier au stade du 5-Juillet, lors du match de coupe d’Algérie ayant opposé le MCA au CSC. Ils le devinent également dans les appels lancés par deux ministres, en l’occurrence Amara Benyounès et Amar Ghoul.
Ahmed Benbitour et Sofiane Djilali se sont dits convaincus que si Bouteflika se présentait, il utiliserait les moyens de l’Etat et la fraude pour être réélu. Ils sont contre la révision de la Constitution, car ils estiment que cette dernière se fera au profit de Bouteflika et non dans l’intérêt du pays. Ils soupçonnent Bouteflika de vouloir instituer le poste de vice-président de la République et d’y propulser un homme de son giron. «Qui nous dit qu’il ne nommera pas un Khelil bis ?» Ahmed Benbitour s’est défendu d’être un candidat du système.

«On ne peut pas être pour le changement du système tout en étant son candidat », a-t-il dit. Il a affirmé aussi qu’il ne bénéficie pas de l’appui de l’ANP. Interrogé pour savoir ce qu’il pensait des attaques de Louisa Hanoune, qui l’a notamment accusé d’avoir manipulé les jeunes de Ghardaïa, Benbitour a rétorqué qu’il «n’accorde pas d’importance à ces déclarations », ajoutant que «c’est une baltaguia qui profite de son immunité parlementaire pour attaquer les gens». Sofiane Djilali, qui a également subi les foudres de Hanoune, dira, pour sa part, qu’elle joue au franc-tireur.
S. A. I.