Le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, prendra part à la Conférence internationale de soutien à la Libye, qui se tiendra à Paris aujourd’hui, a annoncé hier le MAE dans un communiqué.
La conférence qui réunira aujourd’hui à Paris plus de 60 pays autour de la France et de la Grande-Bretagne, fers de lance de la coalition anti-Kaddafi, a pour objectif de «réussir la transition» en Libye et d’éviter des «ratages» comme en Irak, a souligné hier l’Elysée.
Pour l’Elysée, «il est fondamental de réussir la transition qui s’ouvre comme ont été réussies les opérations militaires». Une phase de transition que Paris qualifiera de «phase délicate». C’est pourquoi, soulignera la présidence française, «il faut éviter les ratages de transition», citant en contre-exemples la fin de l’occupation soviétique en Afghanistan et l’intervention américaine en Irak. En Irak, dira cette source, «il y a eu une opération militaire réussie et une transition ratée». En conséquence, poursuivra la présidence française, «il faut savoir tirer les leçons de ces expériences et précisément être aux côtés immédiatement du nouveau pouvoir mais ne rien lui imposer. C’est lui qui sait ce qui est bon pour le peuple libyen, nous on est là pour l’écouter, pour l’aider». Dans ce contexte, Paris fera savoir que pour leur part les responsables du Conseil national de transition libyen sont «parfaitement conscients des leçons à tirer de cette expérience et très soucieux de tendre la main, à condition que ceux d’en face n’aient pas de sang sur les mains (…) c’est ce qui nous rend confiants dans l’avenir de la Libye». Par ailleurs, l’Elysée estimera que «sur le plan militaire, la partie est jouée. Mais si on attend, on risque de faire échouer la transition (…). Après les divisions qui ont marqué la phase militaire, il s’agit de rassembler la communauté internationale derrière les nouvelles autorités pour les aider à réussir la transition démocratique et la construction d’une Libye nouvelle».
A noter qu’en plus des pays du groupe de contact qui ont mené les opérations militaires en Libye, la conférence de Paris réunira des pays qui, comme la Chine, la Russie ou l’Allemagne, ont refusé d’y participer.
A propos de cette conférence de Paris, le Premier ministre polonais Donald Tusk, qui assure la présidence tournante de l’UE, a plaidé pour que la fin de la guerre soit décrétée à l’occasion de cette conférence.
Née en Algérie, la fille de Aïcha Kaddafi prénommée Safia
Sur le plan diplomatique, le CNT a jugé «très imprudent» le comportement de l’Algérie, qui a accepté sur son sol l’épouse du Guide libyen et trois de ses enfants, Mohamed, Hannibal et Aïcha, qui a accouché avant-hier d’une petite fille prénommée Safia. Ainsi, selon les rebelles, qui réclament leur retour pour les juger, Alger a agi contre «les intérêts du peuple libyen».
Concernant cette question, il faut souligner qu’Alger a invoqué «des raisons strictement humanitaires» à cet accueil et que juste après, les frontières avec la Libye ont été fermées, pour éviter d’autres entrées non désirées.
Pour sa part, le Zimbabwe, dont le président Robert Mugabe entretenait de bonnes relations avec Maâmmar Kaddafi, a décidé de son côté d’expulser l’ambassadeur de Libye à Harare, qui avait annoncé son ralliement à la rébellion le 24 août dernier.
L’Otan frappe sur Syrte et Bani Walid
L’Otan a indiqué hier avoir accentué ses frappes sur les villes libyennes de Syrte, ville natale de Maâmmar Kaddafi, et de Bani Walid, une localité au sud-est de Tripoli où le «Guide» aurait pu trouver refuge selon la rébellion.
Au cours de la journée d’avant-hier, les forces de l’Otan ont notamment détruit douze véhicules armés, trois chars, une installation radar aux abords de Syrte ainsi qu’un dépôt de munitions et trois lanceurs de missiles sol-sol près de Bani Walid, selon un communiqué de l’Alliance. Au total, les forces alliées ont effectué 38 frappes avant-hier.
Par ailleurs, le dirigeant libyen reste toujours introuvable et les rumeurs continuent à le donner comme s’étant réfugié dans la région de Syrte à 360 km à l’est de Tripoli, dont il est originaire. Selon les rebelles, Kaddafi pourrait également se trouver à Bani Walid, à 100 km au sud-est de Tripoli, ou dans les environs de la capitale. L’agence italienne Ansa, citant des «sources diplomatiques libyennes autorisées», avait affirmé cette semaine que le «Guide» se trouverait à Bani Walid, avec ses fils Saâdi et Seïf El-Islam. A ce propos, le responsable des affaires militaires du Conseil national de transition (CNT) à Tripoli, Omar Hariri, a indiqué que «l’information que j’ai est celle-là : Kaddafi est quasi certainement à 80%, encore en Libye». Il faut savoir que la localité de Bani Walid est considérée comme fidèle au colonel Kaddafi. Bani Walid, qui se trouve dans le district de Misrata, est un des fiefs de la tribu des Warfalla, une des plus puissantes du pays et qui compte environ un million de personnes.
En outre, hier de hauts responsables du Conseil national de transition (CNT), qui reste convaincus que le Guide est en Libye, en l’occurrence Ahmad Darrad, chargé des affaires intérieures du pays, ont affirmé : «Nous pensons qu’il est en Libye. S’il ne se rend pas, c’est notre droit de le tuer».
Pour sa part, l’Otan estime que le dirigeant libyen continue à conserver une capacité «à commander et contrôler des troupes, leurs mouvements, et celui d’armes ainsi que leur déploiement, y compris le tir de missiles sol-sol», avait affirmé avant-hier le porte-parole de l’opération de l’Otan en Libye, le colonel canadien, Roland Lavoie. Et de poursuivre: «Il nous tue, c’est un criminel et un hors-la-loi. Partout dans le monde si un criminel ne se rend pas, il est du droit de ceux qui font respecter la loi de le tuer». Auparavant, Ali Tarhuni, un des plus hauts responsables du CNT, avait laissé entendre devant des journalistes que les rebelles savaient où se trouvait l’ancien dirigeant mais refusait de donner des détails. Il s’est contenté d’indiquer que Maâmmar Kaddafi serait «en train de courir d’égout en égout».
Les rebelles veulent en finir d’ici samedi et progressent vers Syrte
Les rebelles libyens ont appelé avant-hier les derniers partisans de Kaddafi à abandonner leurs fiefs avant samedi prochain alors que les insurgés progressent par l’est et l’ouest vers Syrte, où le Guide aurait pu trouver refuge.
Ainsi, le Conseil national de transition (CNT) a donné aux pro-Kaddafi jusqu’à samedi prochain, fin de l’Aïd El Fitr, pour se rendre, sinon la situation se réglera par la voie militaire.
Aussi, Moustapha Abdeldjalil dira : «Ce délai expirera à la fin de l’Aïd El-Fitr. A partir de samedi, si une issue pacifique n’est toujours pas en vue sur le terrain, nous pourrons faire la différence militairement». De son côté, le porte-parole militaire de la rébellion, Ahmed Omar Bani surenchérira : «Le lancement de la bataille finale est imminent». Et d’ajouter : «Nous continuons à chercher une solution pacifique, mais samedi nous emploierons des moyens différents face à ces criminels», appelant les habitants de Syrte à «se soulever».
Sur un autre volet, les insurgés ont annoncé dans la nuit la mort de Khamis, un des fils de Kaddafi âgé de 24 ans, tué selon eux à environ 80 km au sud-est de Tripoli et enterré.Toutefois, une télévision du régime libyen a ainsi démenti avant-hier sur son site internet cette information. Par ailleurs, le colonel Ahmed Omar Bani a fait savoir que le chef des services des renseignements de Maâmmar Kaddafi, Abdallah Senoussi, a peut-être été tué par des rebelles.
Avoirs gelés : feu vert pour Londres
Le comité des sanctions de l’ONU a approuvé la demande de Londres de débloquer 1,6 milliard de dollars d’avoirs libyens gelés afin d’apporter une aide humanitaire à Tripoli, a annoncé l’ambassadeur de Grande-Bretagne à l’ONU.
L’Allemagne souhaite quant à elle débloquer environ un milliard d’euros (1,4 milliard de dollars) d’avoirs libyens gelés, tandis que Paris veut libérer quelque cinq milliards d’euros (7,2 milliards de dollars) afin de contribuer à l’achat d’aide humanitaire pour la Libye.
Total en Libye en septembre
Le groupe français Total participera à une mission de sociétés françaises organisée le mois prochain en Libye dans le but de faire un bilan de la situation sur le terrain, a déclaré hier le responsable de la Chambre de commerce franco-libyenne. A ce sujet, Michel Casals, responsable de la Chambre de commerce franco-libyenne dira : «Nous n’en sommes pas au stade de la signature de contrats mais de comprendre comment le CNT gère cette crise et quelles sont les mesures urgentes dont il a besoin pour redémarrer la machine pétrolière qui rapporte 95% des revenus du pays, afin qu’elle puisse reprendre rapidement». Des experts régionaux issus d’autres grands groupes comme Alstom, EADS, Thales ou encore Alcatel Lucent, prendront part à cette mission, ainsi que des représentants de sociétés plus petites du secteur hospitalier ou pétrolier.
Lynda. N. Bourabrab