« Condor Surprise » : téléphone portable made in Algeria !

« Condor Surprise » : téléphone portable made in Algeria !

Condor Electronics a annoncé récemment en grande pompe la fabrication du premier téléphone portable algérien dès cette année. Effet d’annonce ou vrai prouesse ? Apparemment, c’est du sérieux.

L’information a été révélée par le président du conseil d’administration du groupe Condor, Abderrahmane Benhamadi, à l’occasion de la célébration du 10e anniversaire de l’entreprise. Une cerise sur le gâteau. Il sera réalisé en partenariat avec une firme chinoise dont il ne divulguera pas l’identité. Qu’importe, diront les plus enthousiastes, l’important, c’est que l’Algérie avance sur cet échiquier par petites touches, mais avance quand même…L’important est que le privé algérien opère une véritable mutation en optant pour l’investissement local au lieu de se contenter de faire dans l’import. L’important aussi est de réussir un challenge de taille : le transfert de technologies et de savoir-faire.

Reste à savoir s’il s’agit uniquement de montage ou bien de fabrication. La nuance est de taille. C’est un bon pas et une bonne initiative, mais il faut rester modeste, les (deux) pieds sur terre. Parler d’une concurrence directe avec Samsung, Apple ou Nokia est trop tôt. Plusieurs constructeurs chinois proposent ce genre de produits qu’ils font sur mesure (design, couleur) avec le nom de l’entreprise et son label.

Car en absence d’une stratégie globale des TIC (e-éducation, e-gov, e-santé), que va-t-on faire avec des millions de tablettes et de téléphones mobiles made in Algeria… ou d’ailleurs ? Le problème de contenu doit être pris en charge sérieusement ainsi que l’accès au haut débit. C’est un tout et on revient à l’éternel débat. Il faut le dire sans détour : quand il n’y a pas de cohérence, c’est le bazar. Et c’est dont souffre le secteur des TIC en Algérie. Il y a un changement mais trop lent. Ce qui nous manque, c’est de passer à l’action. Une enseignante à l’Ecole nationale supérieure du tourisme fait une remarque pertinente : « En tapant Algérie sur Internet, on trouve encore des anciens numéros de téléphone ou des fax qui ne répondent plus. » A l’ère du multimédia planétaire, on ne peut que sourire ! Certaines pages Facebook sont plus riches en informations et en références que des sites web ministériels. Quelle que soit la filière, une entreprise a besoin de visibilité sur le Web pour développer, voire tout simplement maintenir son niveau d’activité. Nos opérateurs en ont-ils conscience ?

Le MPTIC organise régulièrement des séminaires. Les participants en sortent avec d’excellentes idées. Mais après, on les range dans un tiroir poussiéreux. Comment expliquer par exemple que le dossier « Ousratic » consistant à équiper les citoyens en PC et en connexion à haut débit qui a été « complètement ficelé », depuis septembre 2012 (déclaration officielle) n’arrive pas à voir le jour ? Aujourd’hui, les Algériens préfèrent opter pour des smartphones plutôt que pour des ordinateurs. Le nombre de personnes possédant un appareil nomade (ordinateur portable,

téléphone mobile, tablette) change la donne. Le PC ou l’ordinateur de bureau, c’est de la préhistoire. Il devra bientôt rejoindre le Musée national du Bardo ! En fait, les décideurs de ce pays oublient souvent qu’ils ont en face d’eux une « génération digitale ». Ce sont ces enfants qui ont toujours connu Internet et qui ont été nourris aux mamelles du numérique, du multimédia et de l’information instantanée.

Ils sont nés dans un univers où les ordinateurs et les téléphones portables sont disponibles dès le plus jeune âge, où les iPod ont toujours existé, et où tous ceux qu’ils connaissent sont sur Facebook. Sur le plan international, malgré la chute des prix des communications, le géant sud-africain MTN, leader sur le continent, garde la confiance des analystes. Il promet d’importants investissements pour préparer l’avenir. Dans le même temps, Algérie Télécom continue à proposer à ses abonnés son « bon choix ».