La condition de la femme à l’approche de sa journée internationale : Citoyenne!

La condition de la femme à l’approche de sa journée internationale : Citoyenne!

La gratuité de l’enseignement était pour beaucoup dans l’émancipation de la femme algérienne et sa libération d’une condition qui faisait d’elle une institution de procréation et un prolongement fantasmagorique d’un paternalisme pétri de féodalité et d’assujettissement.

L’événement de la Journée internationale de la femme est une halte qui mérite d’être élucidée et mise dans son sillage historique. Cette journée est vue sous plusieurs angles, mais l’historicité de cet événement renvoie à une période de lutte et de combat périlleux des femmes ouvrières sur tous les plans: politique, économique et social. Depuis la fameuse grève des femmes qui travaillaient dans le textile à New York et Chicago en passant par les femmes de Weimar en Allemagne durant la période la plus sombre de l’humanité où le nazisme battait son plein et à nos jours, les femmes du monde en général et la femme algérienne en particulier, ne cessent d’apporter du l’eau au moulin du combat pour l’amélioration de la condition politique et économique aux côtés des hommes pour asseoir les jalons d’une justice sociale et la parité comme revendication concrète et non pas une démarche fumeuse sacrifiant le fondement de cette dernière sur l’autel des calculs politiciens. La Journée internationale de la femme est célébrée en Algérie dans un contexte un peu particulier, la crise économique et financière aidant, cela traduit une situation qui prend tout son ampleur comme expression globale qui ne se limite pas à sa juste condition en sa qualité de moitié qui s’impose et qui a sa voix avec fierté et ostentation. La femme algérienne a franchi des pas qui incitent à l’optimisme par rapport à ses semblables dans le Monde arabe, de par son intégration pleine et sans ambages dans la sphère institutionnelle du pays. Cette intégration est le fruit d’un combat qui puise ses fondements de la glorieuse Révolution nationale de Novembre. C’est un combat méritoire de la femme en armes et dans le feu des luttes aux côtés des hommes qui faisaient de la Libération nationale, une libération de l’être du joug du colonialisme le plus réactionnaire qu’a connu l’humanité de par son histoire.

C’est une libération qui se veut comme affranchissement de la femme et l’homme algériens en consacrant ainsi cette égalité par le sang et le sacrifice supérieur pour une liberté commune, celle du recouvrement d’une nation qui croupissait sous les fatras de la domination coloniale.

La femme algérienne a eu à relever le défi des tâches d’édification nationale, à telle enseigne qu’elle a répondu avec bravoure à l’appel de la solidarité pour aider l’Etat naissant à s’alimenter à travers une caisse qui était totalement vide lors de la prise des commandes du pays. Depuis cette période charnière d’un Etat indépendant et souverain, la femme algérienne avait connu les hauts et les bas d’un parcours jonché de moments de gloire comme aussi de moments de décadence.

La gratuité de l’enseignement était pour beaucoup dans l’émancipation de la femme algérienne et sa libération d’une condition qui faisait d’elle une institution de procréation et un prolongement fantasmagorique d’un paternalisme pétri de féodalité et d’assujettissement. Cette nouvelle donne a permis à la femme algérienne de se doter d’un instrument vital en mesure de lui permettre de reconquérir l’espace qui lui a été confisqué pour des raisons relevant d’archétypes ancrés dans la matrice sociétale répondant à un énoncé définissant cette moitié de la société comme une forme d’espace clôturé et exprimant un ordre social qui fait d’elle le prolongement de l’anathème, l’interdit et le tabou.

L’étape cruciale qui a mis la femme algérienne devant ses choix et engagements quant à sa condition et son statut, c’est l’étape où le Code de la famille a pris un tournant politique ordonnant ainsi à la femme algérienne de se définir dans un statut minorant et réduisant son entité à une subordonnée, voire à un appendice, dépouillée de sa citoyenneté à part entière. La polygamie et le tutorat constituaient la trame de fond de cette inégalité que la femme s’est mis à lutter contre elle pour exiger un statut digne de son sacrifice et de sa lutte pour la libération du pays et son affranchissement. D’ailleurs, ce combat qui reste encore inachevé hormis quelques exploits faisant de la parité une réalité sur le plan économique et institutionnel, il reste tout de même quelques sentiers battus que certaines forces rétrogrades se cachant derrière l’alibi de la religion pour pérenniser un statut renvoyant la femme à une condition le moins que l’on puisse dire, moyenâgeuse et régentée par des lois scélérates.

Comparativement aux femmes de beaucoup de pays du Monde arabe, la femme algérienne arrive à entendre sa voix dans la perspective de réaliser la parité escomptée dans sa dimension sociétale soutenue par une révision progressiste de la question du Code de la famille et le thème qui «fâche» à savoir celui du tuteur pour une femme adulte même si elle devient grand-mère avec ses arrière-petits-fils et petites-filles. Cette question clé de la parité devant la loi, de la femme algérienne, est posée avec acuité dans la scène politique et dans la société. La femme ne pourrait pas se libérer à part entière si elle ne récupère pas son identité du citoyenne d’égal à égal à sa moitié, l’homme. C’est de la citoyenneté que l’égalité prend tout son sens et que la République puise sa légitimité et son essence. La Journée internationale de la femme est historique de par ce qu’elle rappelle comme processus de lutte et de combat pour les droits politiques, économiques et sociaux de la femme, mais c’est aussi une occasion pour la femme algérienne de se ressourcer à partir de ce capital de lutte et de militantisme pour asseoir les jalons de l’égalité, la parité et la citoyenneté pleine et entière.«»

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