Condamné à 6 mois de prison ferme pour une affaire dépassée par l’Histoire : Hadj Ghermoul, la double peine

Condamné à 6 mois de prison ferme pour une affaire dépassée par l’Histoire : Hadj Ghermoul, la double peine

Wafia Sifouane

Après avoir fait l’objet d’un jugement définitif pour s’être opposé à un 5e mandat de l’ancien président Bouteflika, un recours pour sa libération bute sur la bureaucratie judiciaire.

Ecroué le 29 janvier dernier, le militant des droits de l’Homme Hadj Ghermoul, condamné le 7 février dernier à 6 mois de prison ferme par le tribunal de la ville de Mascara pour «outrage à corps constitué» pour avoir brandi une pancarte disant non au 5e mandat, risque bien d’aller au bout de sa peine, dont il a déjà épuisé la moitié, si l’on se fie à la justice algérienne. En effet, considéré par la majorité comme le grand oublié du Hirak, le membre de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH) et du Comité national de défense des droit des chômeurs (CNDDC), arrêté par les policiers de la Sûreté de daïra de Tizi dans la soirée du dimanche 27 janvier et écroué en comparution immédiate, a eu droit à un jugement définitif. Ce qui a mis un terme à toute tentative de révision de sa peine de la part des avocats. «Nous avons eu l’info relative à sa condamnation tardivement.

Le fait qu’il s’agit d’un jugement définitif minimise les chances de sa libération, car il ne peut y avoir de recours», nous a expliqué Me Aïssa Rahmoune, vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme. Il a, cependant, fait état de la possibilité d’introduire un pourvoi en cassation au niveau de la Cour suprême, mais la procédure prendrait beaucoup de temps. De son côté, Amnesty International Algérie, qui avait fortement dénoncé la condamnation du jeune Ghermoul, a déploré l’absence d’initiatives pour la libération du détenu. «Nous avons été les premiers à dénoncer cette atteinte à la liberté d’expression, mais depuis rien n’a été entrepris pour demander sa libération», a déploré Ibrahim Mahdid, responsable de la communication d’Amnesty. Pour rappel, suite à la condamnation de Hadj Ghermoul, l’ONG avait publié un communiqué dans lequel elle a dénoncé une atteinte à la liberté d’expression. «La condamnation de Hadj Ghermoul est une grave atteinte à la liberté d’expression en Algérie.

Il est totalement absurde qu’il soit condamné à passer six mois derrière les barreaux simplement pour avoir exprimé pacifiquement ses opinions politiques. Son arrestation et sa condamnation témoignent, une nouvelle fois, de l’intolérance dont font preuve les autorités algériennes vis-à-vis de l’opposition et de leur inquiétante tendance à multiplier les arrestations et les détentions arbitraires à l’approche de l’élection présidentielle prévue en avril», a rapporté le document. Par ailleurs, le mouvement populaire n’a pas manqué de rendre hommage au détenu et cela chaque vendredi de manifestation, notamment en brandissant des pancartes exigeant sa libération.