Concours de doctorat de français : Enquête à l’université d’Alger 2

Concours de doctorat de français : Enquête à l’université d’Alger 2

Le concours d’accès au doctorat de français de l’université d’Alger 2 est en train de connaître un début d’épilogue après plus d’un mois et demi de contestation d’étudiants qui s’estiment lésés dans leurs droits avec l’ouverture d’une enquête diligentée par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (MESRS).

Selon la nouvelle déclaration des étudiants contestataires, relayée par l’Association algérienne de lutte contre la corruption (AACC), la commission d’enquête ministérielle a pris ses quartiers à l’université de Bouzaréah le 28 janvier où ils ont auditionné l’ex-chef de département de français qui avait démissionné le 5 janvier dernier, son successeur, puis le responsable du doctorat littérature.

Le 29 janvier, c’est au tour des membres du comité de formation doctorale, puis des enseignants qui ont dénoncé les gestions de l’ex-doyenne, dont il a été mis fin aux fonctions le 5 janvier également, et celle de l’ex-chef de département de français, d’être entendus par les enquêteurs.

Aujourd’hui, ce sont les étudiants contestataires qui seront entendus à leur tour. Etudiants ayant reçu le 29 janvier, selon leur déclaration, des appels téléphoniques du secrétariat du vice-recteur chargé de la post-graduation, les convoquant pour se présenter devant la commission. La genèse de cette affaire remonte au 18 décembre 2013 lorsque des candidats au doctorat de français ont dénoncé des irrégularités dans l’organisation du concours. Depuis, ils ont alerté tour à tour le vice-rectorat chargé de la post-graduation et la direction de post-graduation du ministère. Devant l’insistance des étudiants, le vice-rectorat se décide à ouvrir une enquête interne.

Le 23 décembre 2013, ces étudiants se sont rendus au ministère pour déposer auprès de la directrice de la post-graduation leur plainte et requête avec la promesse d’une injonction faite au rectorat d’ouvrir une enquête interne. Selon la même source d’informations, le 26 décembre 2013, la doyenne de l’université d’Alger 2 a été saisie.

Pour sa défense, elle déclare que ces défaillances relevées par les étudiants contestataires relèvent de sa non-maîtrise des textes réglementaires qui régissent l’organisation des concours. Le 5 janvier, et alors qu’il est mis fin aux fonctions de la doyenne, quatre membres du comité de formation doctorale sont auditionnés par le vice-recteur chargé de la post-graduation au sujet du déroulement du concours décrié. Au cours de ces auditions à intervalles différents, la responsable du doctorat socio-didactique qualifie les plaintes des étudiants «d’accusations graves» et déclare que le concours s’est déroulé «dans les règles de l’art», peut-on encore lire dans le communiqué des étudiants. Par contre, le responsable du doctorat de littérature confirme les accusations portées par les étudiants et remet en cause les résultats du concours. Tout en réitérant leur détermination, les étudiants contestataires s’interrogent pourtant sur des zones d’ombre qui entourent le dossier et des questions qui restent pour le moment sans réponses.

Des motivations de ces enquêtes, à la non-publication des conclusions de l’enquête interne en passant par la volonté d’aller au bout de la logique d’une enquête en validant ou non les accusations, en pointant du doigt les responsabilités et enfin sanctionner les fautifs, les points d’interrogation se multiplient. Pour sa part, l’AACC, dans son communiqué n°2, considère que l’enquête diligentée par la tutelle est un pas positif, mais qu’il est temps de prendre les décisions qui s’imposent et de les rendre publics. Pour son porte-parole, Djilali Hadjadj, joint par téléphone, la médiatisation de cette affaire a fait réagir nombre de citoyens, étudiants à l’intérieur et à l’extérieur du pays, qui ont contacté l’Association pour apporter leurs témoignages. Cet élan fait réfléchir l’AACC à créer, dans un premier temps, un réseau informel avec mission de lutter contre la corruption dans les universités.