Une initiative qu’ils comptent «élargir à d’autres pays arabes» si jamais cette expérience rencontre un succès entre les trois pays
La réunion du Caire vise, d’après ses initiateurs, à poser les jalons d’une entité régionale, basée sur la complémentarité économique et la concertation sur les dossiers politiques et sécuritaires.
Hasard du calendrier ou initiative planifiée? Au moment où le débat est relancé sur la remise sur rails de l’UMA, après dix-huit ans de paralysie, deux de ses pays membres, à savoir la Tunisie et la Libye, semblent avoir changé leur fusil d’épaule. En conclave au Caire, dimanche dernier, autour du président Mohamed Morsi et de leur homologue égyptien Kamel Amrou, les chefs de la diplomatie tunisienne Rafik Abdesselam et libyenne Achour Benkhayal, scellent la nouvelle «union».
Une union politique et économique, née d’un terreau idéologique: les révolutions arabes. La réunion du Caire vise d’après ses initiateurs à poser les jalons d’une entité régionale, basée sur la complémentarité économique et la concertation sur les dossiers politiques et sécuritaires.
Reçus en audience par le président égyptien Mohamed Morsi, les trois ministres n’ont pas caché leur ambition d’aller de l’avant dans leur entreprise. Leurs pays qui viennent de sortir d’une longue période d’instabilité, comptent arrêter un agenda commun pour les prochaines années. Pour commencer, la question de la circulation des personnes a été examinée par les trois partenaires, qui n’écartent pas de supprimer les visas d’entrée. Une initiative qu’ils comptent «élargir à d’autres pays arabes» si jamais cette expérience rencontre un succès entre les trois pays. Il est même question d’organiser des circuits touristiques, entre les trois pays qui recèlent d’énormes potentialités, apprend-on.
Comment se fait-il, donc, que quelques jours seulement après l’annonce, même maladroite, du président tunisien du sommet de l’UMA, son chef de la diplomatie préfère s’envoler au Caire rejoindre l’ «alliance sacrée» aux côtés de ses «frères» égyptien et libyen? Le président tunisien à qui, pourtant incombe le rôle de fixer les contours de la diplomatie tunisienne, semble n’être qu’un simple figurant; un «épouvantail» destiné à remplir un vide institutionnel, sans plus.
Ce n’est, d’ailleurs, pas la première fois qu’il est «court-circuité» par le gouvernement de Hammadi Djebali, qui compte peser de tout son poids dans toutes les décisions, quitte à empiéter sur les prérogatives du président. N’a-t-il pas «livré», il y a moins d’un mois, l’ex-Premier ministre libyen, El Mahmoudi El Baghdadi, faisant fi de l’objection du président Marzouki? Sur un autre chapitre, pourquoi avoir attendu l’investiture de Mohamed Morsi, pour organiser cette réunion tripartite? Il est à se demander contre qui cette alliance entre les trois «révolutions» est-elle dirigée? A l’évidence, et en premier lieu contre l’Algérie, qui s’attelle à relancer l’UMA sur de bonnes bases.
Une volonté contrariée par le Premier ministre marocain, Abdelilah Benkirane, qui a estimé que le sommet de l’UMA, annoncé pour le 10 octobre par le président tunisien, ne sera que «de pure forme», tant que les frontières algéro-marocaines restent fermées.
Un amalgame que le ministère algérien des Affaires étrangères n’a pas manqué de dissiper, en affirmant que la question des frontières est une question bilatérale, qui n’a rien à voir avec le sommet de l’UMA.
En effet, si ce n’est pas l’argument du Sahara, c’est celui des frontières. D’abord, l’annonce par le président tunisien de la tenue d’un sommet le 10 octobre prochain n’a pas manqué de faire réagir l’Algérie, qui a tenu par la voix du porte-parole du ministère des Affaires étrangères, à affirmer que seules des discussions ont été engagées et qu’aucune date officielle n’est arrêtée.
La sortie médiatique de Marzouki intervient au moment de la visite officielle qu’a effectuée en Tunisie le Premier ministre marocain, Abdelilah Benkirane! La date avancée par Marzouki a fait l’objet de discussions entre les deux hommes. Benkirane et Marzouki avaient «arrêté» la date du sommet, sans concertation avec Alger.
Pourtant, à son investiture, Marzouki avait fait de la reconstruction maghrébine son cheval de bataille. Mais, il a fini par se rétracter pour des besoins purement «alimentaires», ceux de tout faire pour trouver des sources de financement de l’économie tunisienne qui continue de subir les contrecoups de la révolution.
En somme, la participation des ministres tunisien et libyen des Affaires étrangères à un autre espace, signifie-t-il leur démarcation de l’UMA? Tout porte à le croire.