Le petit enfant prodige de Paris Ousman Danedjo a animé jeudi dernier un concert exclusif à la salle Cosmos de Riad El Feth, devant un public dépassant le nombre de 500 personnes, venu se délecter des sons africains authentiques mêlés à d’autres sonorités jazzy, à l’image de la culture métissée de l’artiste. En effet, une demi-heure avant le début du concert, les guichets ont été fermés, la salle étant archi-comble, et une centaine de personnes attendait dehors. Place au show ; Ousmane, de son nom de baptême François Glowinski, monte sur scène, l’allure décontractée, une guitare acoustique à la main. A ses côtés, Fred Soul à la guitare et au clavier, Raphaël François à la basse et Salvador Douez à la percussion, ce qui inclut tam-tam, jambis et batterie.
Il surprend les spectateurs avec sa voix chaude et profonde acquise au fil des années et fruit de son incessante recherche dans les territoires africains. Ses compagnons chauffent la salle à fond avec des rythmes entraînants que les jeunes ne cessent de réclamer. Il fait monter la température en un temps record, se joignant aussi aux danses du public, et n’hésite pas à se débarrasser de sa guitare pour se laisser aller au rythme du tam-tam. Il avait aussi réservé une petite surprise à son public algérien en lui parlant en arabe classique qu’il a appris en Egypte. Il enchaînera avec d’autres titres de son 1er album intitulé Enelmedio en référence au titre du même nom qui est une méditation chantée en espagnol.
Par ailleurs, l’artiste nous fera visiter son beau répertoire avec de belles ballades en espagnol ainsi que d’autres morceaux chantés en walof. Aussi, entre chaque titre, le musicien a tenté de conquérir le public algérien avec des remerciements et en annonçant à chaque fois le morceau joué. Le tout avec de petites anecdotes autour. Aussi, on pourra dire que, malgré ses 31 ans, Ousmane avait tout prévu pour faire de sa vie un parcours exceptionnel. En effet, François, petit guitariste parisien, est parti à la conquête de l’Afrique à l’âge de 15 ans. C’est là qu’il s’est initié aux walof et bambara. Mais aussi, il a appris à manier la kora, et le n’goni, instruments traditionnels des griots. Durant dix ans, il sillonnera Dakar, le Mali et l’Argentine et, grâce à ses divers voyages, il a réussi à s’imprégner de cette culture, allant même jusqu’à se convertir à la religion musulmane et à troquer son nom contre celui d’Ousman Danedjo. Ce voyage antérieur en Afrique engendre plus tard son quartette et son album Enelmedio composé de 11 titres, récit de son voyage au cœur de la mère Afrique.
Par ailleurs, la soirée s’est poursuivie jusqu’à 21h00, face à un public euphorique, ravi de découvrir ce chanteur polyglotte aux multiples talents. Ousman, surpris de cet accueil chaleureux, répétera sans cesse aux jeunes : «Vous êtes extraordinaires», provoquant ainsi une avalanche de youyous. Aussi, le public, en transe, ne tarda pas à réclamer le retour de l’artiste sur scène pour une ultime et dernière chanson. Faveur accordée et public satisfait. Seule remarque : la sonorisation n’était pas à la hauteur du spectacle donné en acoustique. Ce qui est tout fait normal vu que la salle Cosmos n’est qu’une salle de projections cinématographiques.
A la fin du spectacle, direction le Centre culturel français en compagnie de quelques invités pour une soirée conviviale avec l’artiste et son quartette. Une occasion de faire un peu plus ample connaissance avec ce troubadour des temps modernes.