La paralysie cérébrale (PC) représente le handicap moteur le plus fréquent chez l’enfant.
Elle désigne un ensemble de troubles permanents qui affectent le mouvement et la posture, résultant d’une lésion ou d’une anomalie du cerveau survenue pendant sa période de développement précoce (avant, pendant ou peu après la naissance).
Il est essentiel de souligner que la PC n’est pas une maladie progressive : la lésion cérébrale initiale ne s’aggrave pas avec le temps. Cependant, les manifestations cliniques évoluent à mesure que l’enfant grandit et que les atteintes motrices deviennent plus évidentes. La sévérité de l’atteinte varie grandement, allant de difficultés légères de coordination à des limitations motrices majeures.
Au-delà des troubles moteurs (tonus, coordination, posture), la paralysie cérébrale s’accompagne de troubles associés qui nécessitent une attention particulière. Ceux-ci incluent l’épilepsie, des déficits cognitifs, des troubles sensoriels (vision, audition) ou des difficultés de communication.
Un diagnostic précoce et une prise en charge multidisciplinaire intensive améliorent significativement l’autonomie et la qualité de vie des enfants touchés.
Les quatre types de paralysie cérébrale
La paralysie cérébrale regroupe plusieurs syndromes moteurs, chacun décrivant la manière dont les troubles du mouvement se manifestent.
Les caractéristiques cliniques dépendent de la localisation de la lésion cérébrale initiale et déterminent la stratégie thérapeutique à mettre en place. Les spécialistes en neurologie classifient la PC en fonction du type de trouble moteur prédominant.
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En outre, on distingue principalement quatre formes de paralysie cérébrale :
- Paralysie cérébrale spastique : Elle constitue la forme la plus courante, touchant environ 80 % des cas. Elle entraîne une raideur musculaire excessive (hypertonie) qui limite les mouvements et provoque souvent des réflexes exagérés. Cette forme se divise en hémiplégie (un côté du corps), diplégie (surtout les membres inférieurs) ou quadriplégie (les quatre membres et le tronc).
- Paralysie cérébrale dyskinétique : Représentant environ 6 à 15 % des cas, cette forme implique des mouvements involontaires, lents, fluctuants et incontrôlables, souvent affectant les membres, le visage et la langue. Les mouvements s’aggravent souvent sous l’effet du stress ou de l’excitation.
- Paralysie cérébrale ataxique : Plus rare (moins de 5 % des cas), elle affecte le cervelet, zone régulant l’équilibre et la coordination. Elle cause une démarche instable, des tremblements et des difficultés à effectuer des mouvements précis (motricité fine).
- Paralysie cérébrale mixte : Elle combine des signes appartenant à plusieurs formes, le plus souvent les symptômes spastiques et dyskinétiques.
La gravité et la répartition de l’atteinte varient fortement selon le type de la PC, influant directement sur le niveau d’autonomie de l’enfant.
Qu’est-ce qui provoque la paralysie cérébrale ?
La paralysie cérébrale résulte toujours d’une lésion cérébrale non évolutive qui intervient sur un cerveau immature ou en développement. Cette atteinte aux centres moteurs se produit pendant trois périodes clés, bien que la cause précise demeure inconnue dans une part significative des cas.
Les causes de la PC se classent selon la période de survenue de la manière qui suit :
- Facteurs prénataux (avant la naissance) : Représentant la majorité des cas, ces facteurs comprennent les malformations cérébrales congénitales et les infections de la mère (rubéole, toxoplasmose, cytomégalovirus). Des problèmes placentaires, qui diminuent l’apport d’oxygène (hypoxie) ou de sang au fœtus, ainsi que certains facteurs génétiques, augmentent également le risque.
- Facteurs périnataux (pendant l’accouchement) : La prématurité et le faible poids à la naissance constituent des facteurs de risque majeurs. Un accouchement difficile ou prolongé peut entraîner une asphyxie périnatale (manque d’oxygène grave) ou un accident vasculaire cérébral (AVC) néonatal, qui endommage le tissu cérébral du nouveau-né.
- Facteurs postnataux (après la naissance) : Ces causes, plus rares, surviennent durant les premières années de vie. Elles incluent les traumatismes crâniens graves (comme le syndrome du bébé secoué), les infections sévères du système nerveux central (méningite, encéphalite) ou l’hypoxie-ischémie due à un accident comme une noyade.
Ainsi, la détermination de l’origine permet d’orienter au mieux la prise en charge et, dans certains cas, d’envisager des mesures de prévention pour les grossesses ultérieures.
Prématurité et infections : les principaux facteurs de risque de la PC
Le risque de paralysie cérébrale augmente en présence de certaines conditions pendant la grossesse, la naissance ou la petite enfance.
Connaître ces facteurs permet aux professionnels de santé de mettre en place une surveillance spécifique et des interventions préventives, notamment chez les nouveau-nés vulnérables.
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Voici par ailleurs les principaux facteurs favorisant l’apparition de ces lésions cérébrales :
- Prématurité et faible poids à la naissance : La naissance avant 37 semaines et un poids inférieur à 2 500 grammes multiplient le risque. Les très grands prématurés (moins de 28 semaines) présentent le risque le plus élevé, souffrant souvent de fragilités vasculaires dans le cerveau.
- Grossesses multiples : Les jumeaux, triplés ou plus ont un risque accru, généralement dû à la prématurité, au partage des ressources placentaires ou à des complications pendant l’accouchement.
- Infections et troubles maternels : Des infections maternelles, telles que la rubéole, la toxoplasmose ou le cytomégalovirus (CMV), traversent le placenta et endommagent le cerveau du fœtus. Des maladies maternelles non contrôlées comme le diabète ou l’hypertension constituent également un risque.
- Hyperbilirubinémie sévère : Un ictère (jaunisse) très prononcé chez le nouveau-né, qui se traduit par une concentration excessive de bilirubine dans le sang, peut devenir toxique pour certaines structures cérébrales, provoquant une forme spécifique de PC.
- Asphyxie périnatale : Bien qu’elle explique une minorité de cas, un manque grave d’oxygène et de sang au cerveau au moment de l’accouchement cause des lésions.
Ces facteurs agissent la plupart du temps en synergie, déterminant la nature et la sévérité du trouble moteur.
Les signes moteurs et associés de la paralysie cérébrale chez l’enfant
La paralysie cérébrale se manifeste par un ensemble de signes, dont la sévérité varie grandement d’un enfant à l’autre.
Le diagnostic repose principalement sur l’observation des anomalies du mouvement et de la posture, qui deviennent souvent plus claires à mesure que l’enfant grandit et n’atteint pas les jalons moteurs attendus.
Identifier ces signaux d’alerte rapidement permet d’engager une prise en charge précoce essentielle. Les principaux symptômes d’une atteinte neuromotrice incluent :
- Retard moteur : L’enfant montre des difficultés ou des délais importants pour les acquisitions motrices fondamentales (tenir sa tête, s’asseoir, ramper, marcher).
- Troubles du tonus musculaire : On observe soit une hypertonie (spasticité, muscles raides, provoquant une démarche sur la pointe des pieds ou en ciseaux), soit une hypotonie (muscles trop mous ou flasques).
- Mouvements anormaux et involontaires : Des mouvements incontrôlés, lents et ondulatoires (athétose) ou une instabilité et un manque de coordination des gestes (ataxie) peuvent apparaître.
- Anomalies de la posture : L’enfant adopte des positions inhabituelles, et les réflexes archaïques (réflexes du nouveau-né) persistent au-delà de l’âge normal.
En raison des lésions cérébrales, les enfants présentent aussi des troubles associés. L’enfant éprouve souvent des difficultés à articuler (dysarthrie) et à avaler (dysphagie). Il peut souffrir de troubles de la vision ou de l’audition, et un quart des enfants développe des crises d’épilepsie.
Des déficiences intellectuelles ou des troubles des apprentissages s’associent parfois à la maladie, même si de nombreux enfants conservent une intelligence normale.
Le diagnostic précoce de la PC chez le nourrisson : pourquoi est-ce vital ?
Le diagnostic de la paralysie cérébrale découle d’une approche combinant l’observation clinique et l’imagerie médicale.
L’essentiel du processus repose sur l’examen neurologique approfondi du jeune enfant. Les pédiatres recherchent activement l’absence d’atteinte des étapes motrices fondamentales – l’enfant accuse un retard pour tenir sa tête, s’asseoir, ou marcher –.

L’examen physique constitue la première ligne d’évaluation. Le médecin scrute le tonus musculaire du bébé, ses réflexes archaïques persistants et la qualité de la coordination de ses mouvements. Identifier une utilisation préférentielle et très précoce d’un seul côté du corps (une main dominante dès l’âge de cinq mois, par exemple) signifie une faiblesse du côté opposé.
Pour confirmer l’origine des troubles et exclure d’autres pathologies neurologiques évolutives, l’imagerie par résonance magnétique (IRM) devient l’outil de référence. L’IRM visualise avec précision les lésions cérébrales structurelles, identifiant la cause sous-jacente des symptômes dans la majorité des cas.
Bien que le diagnostic s’établie souvent pendant la petite enfance grâce à l’association de l’examen clinique et de l’IRM, des cas légers nécessitent une surveillance plus longue. Reconnaître précocement cette pathologie débloque l’accès immédiat aux programmes de rééducation, optimisant les résultats à long terme pour l’enfant.
Les trois piliers du traitement de la paralysie cérébrale
La prise en charge de la paralysie cérébrale vise à maximiser l’autonomie de l’enfant, à faciliter ses activités quotidiennes et à améliorer sa qualité de vie. Cependant, cette maladie requiert une approche réellement multidisciplinaire. Une équipe d’experts, incluant neurologue, orthopédiste, kinésithérapeute, ergothérapeute et orthophoniste, travaille de concert pour définir une stratégie sur mesure.
En conséquence, la réadaptation et la physiothérapie demeurent l’étape thérapeutique fondamentale. Des exercices réguliers renforcent la masse musculaire et préviennent les déformations articulaires. Par ailleurs, l’utilisation d’orthèses ou d’aides à la marche soutient l’équilibre et favorise des schémas de mouvement plus efficaces.
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De plus, les traitements médicamenteux jouent un rôle essentiel dans le contrôle de la spasticité. Les injections locales de toxine botulique de type A représentent une thérapie ciblée de première intention pour relâcher les muscles spécifiques et améliorer l’amplitude des mouvements. Cette méthode facilite grandement les séances de kinésithérapie.
Enfin, des interventions chirurgicales corrigent les rétractions musculaires, tendineuses ou les déformations osseuses dans les cas plus sévères. L’orthophonie et l’ergothérapie complètent ce dispositif en développant les capacités de communication et les compétences pratiques pour la vie quotidienne.
Complications associées et troubles secondaires
Bien que la paralysie cérébrale résulte d’une lésion non progressive, ses conséquences motrices déclenchent une cascade de complications secondaires qui s’aggravent souvent avec la croissance.
Ces séquelles impactent durablement la qualité de vie et le fonctionnement quotidien. La prise en charge proactive de ces troubles associés est essentielle pour prévenir les douleurs chroniques et l’aggravation du handicap.
L’atteinte motrice primaire se traduit par des déficiences annexes qui nécessitent une surveillance continue et des interventions multidisciplinaires :
- Complications orthopédiques : La spasticité persistante mène à des rétractions musculaires, des raideurs articulaires et des déformations osseuses évolutives, incluant la scoliose et la luxation de hanche.
- Troubles digestifs et nutritionnels : La dysphagie (difficulté à avaler) expose à des risques de fausses routes et d’infections pulmonaires. Elle est fréquemment associée au reflux gastro-œsophagien (RGO) et entraîne souvent une dénutrition.
- Épilepsie et cognition : Près de la moitié des personnes atteintes développent une épilepsie. Des déficiences intellectuelles, des troubles de l’attention et des difficultés d’apprentissage se manifestent également.
- Déficits neuro-sensoriels et communication : Des troubles visuels (strabisme, perte du champ de vision) et auditifs (surdité) sont courants. La dysarthrie, liée à l’atteinte des muscles de la parole, complique la communication.
- Problèmes respiratoires : L’encombrement bronchique et la faiblesse des muscles thoraciques augmentent la vulnérabilité aux infections pulmonaires chroniques.
- Impact psychosocial : La douleur chronique et les restrictions de mobilité contribuent à l’isolement social et au développement de troubles psychologiques comme l’anxiété et la dépression.



