Tel est du moins le constat alarmant établi par Joe Kazadi, le directeur général de l’entreprise, dans une lettre d’information, datée du 4 juin 2013, destinée aux 5400 travailleurs sur la situation de l’usine. D’emblée, le premier responsable du complexe juge que la situation économique d’ArcelorMittal Annaba est très dégradée, avec une trésorerie négative. «Nous dépensons plus que nous ne gagnons.»
Il a ensuite révélé que l’instabilité de la production a détourné des clients d’ArcelorMittal qui se sont «naturellement rabattus sur les importateurs de produits sidérurgiques». Par rapport à cette «instabilité de production», Joe Kazadi cite en premier lieu la crise survenue au mois de mai, à la suite de la grève des travailleurs des entreprises sous-traitantes des laminoirs, ainsi que du port qui a eu, selon l’auteur de la lettre, «des pertes significatives en termes de production, de chiffres d’affaires et d’image de marque de la société».
Alors que certains syndicalistes affirment que «la direction a, tout au long de cette crise qui a duré près de trois semaines, affiché un mutisme inexpliqué pour enfin céder devant cette catégorie de salariés.» Depuis lundi, une autre crise pointe à l’horizon, et ce qui embarrasse le Franco-Américain, c’est le blocage d’une trentaine d’ouvriers issus de deux entreprises sous-traitantes, de l’activité de l’unité PMA qui alimente le haut fourneau en matières premières. Joe Kazadi menace, et cela pour diverses raisons, techniques, économiques et pour la vétusté des installations, de procéder à l’arrêt de ce dernier, ce qui signifie la paralysie de toute la zone fonte.
Cette terrible mise en garde du directeur général de l’usine, assortie à certaines actions annoncées «sous la contrainte», telles que «mettre immédiatement une grande partie des salariés en congés payés» et en termes d’actions plus radicales «en attendant d’autres actions éventuelles conformément à la loi».
A. Ighil