Complexe Menzel Ledjmet Nouveau fleuron de l’industrie gazière algérienne

Complexe Menzel Ledjmet Nouveau fleuron de l’industrie gazière algérienne

Cette usine est un bijou de l’industrie gazière algérienne », déclare, avec fierté, Merabet Abdelhakim, chef du projet du complexe gazier Menzel Ledjmet (MLE), dans le bassin de Berkine, alors qu’il s’apprêtait à donner le coup d’envoi des premières expéditions de gaz vers Gassi Touil.

Le complexe d’une capacité de 3 milliards m3/an, mis en production jeudi dernier, est la première usine gazière en Algérie à utiliser la technologie d’incinération de CO2, a expliqué M. Merabet à la presse au cours d’une visite guidée du site MLE, dont la mise en service vient à point nommé après l’arrêt de l’usine de Tiguentourine (9 milliards m3/an), à la suite de l’attaque terroriste du 16 janvier. Sonatrach et son associé italien ENI ont voulu faire de ce projet un modèle de protection de l’environnement.

La technique d’incinération, selon les responsables de cette association, s’est avérée plus efficace que la technique d’enfouissement, dont le groupe algérien est également l’un leader dans le monde, à travers le projet In Salah Gas. « L’enfouissement du CO2 est un investissement coûteux en plus des problèmes environnementaux qui peuvent surgir à long terme », a indiqué M. Merabet. Dans l’industrie gazière, l’Algérie est à cheval sur la question de protection de l’environnement et interdit le torchage du gaz pour les compagnies opérant sur son domaine minier.

Un modèle de protection de l’environnement

Le complexe MLE, réalisé également avec le groupe italien Saipem pour un coût de près de 2 milliards de dollars, dispose d’un des plus performants systèmes de sécurité industrielle dans le monde, précise-t-on. « Nous ne lésinons pas sur les moyens quand il s’agit d’assurer la sécurité industrielle du centre de production », a précisé, de son côté, M. Smaïl Bellala, DG de l’association Sonatrach-ENI.

La salle de contrôle du complexe a été le premier point visité du site, dont l’accès est soigneusement filtré, selon un plan d’intervention d’urgence qui permet de connaître le nombre et le mouvement des personnes dans l’usine. Tout le complexe est contrôlé directement à partir de cette grande salle dotée de systèmes de contrôle multiples qui permettent l’arrêt total de l’usine et sa décompression en toute sécurité. La durée de la décompression n’est pas communiquée ; elle relève du domaine confidentiel, souligne-t-on auprès d’ENI devenu en 2008 partenaire de Sonatrach dans Menzel Ledjmet après le rachat des actions du canadien First Calgary Petroleum.

Le même système peut faire arrêter séparément le fonctionnement des quatre unités de gaz, de pétrole, de condensat et de GPL du complexe et stopper à distance les 24 puits des deux gisements de (MLE) et Central Area Field Complex (CAFC), situé à 500 km du centre de production dans le bassin de Berkine.

Le gaz humide, une aubaine

« Le gaz humide est une aubaine des gisements, comme Menzel Ledjmet, on n’en découvre pas chaque année », précise M. Bellala. En dépit de sa production, de loin inférieure à celle de Hassi R’mel, plus grand champ gazier de Algérie, les réserves de MLE contiennent du gaz mélangé au brut ce qui lui donne une forte valeur ajoutée. Le complexe va démarrer avec une production de 5.000 barils par jour (bj) de brut qui va atteindre 25.000 bj avec l’entrée en production, à partir d’août prochain, du gisement CAFC, selon M. Bellala. Les installations de stockage pour cette future production sont déjà réalisées. En tout, le MLE va produire, dès l’été 2013, quelque 25.000 bj de brut, 12.000 bj de GPL, 10.000 bj de condensat et 9 millions m3 de gaz commercial. Pour le gaz, les deux partenaires ont entamé leur production, fin janvier, avec 2 millions m3 jour et vont atteindre 7 millions m3 en mars et 9 millions m3 en août, ce qui est équivalent à une production annuelle de 3 milliards m3. Ce niveau de production classe le MLE incontestablement comme le troisième plus important projet d’hydrocarbures en Algérie, après Hassi Messaoud et El Merk, un autre gisement situé dans le bassin de Berkine, développé par Sonatrach en partenariat avec l’américain Anadarko. « Menzel Ledjmet représente aussi un point de relance de notre industrie gazière », tient à souligner M. Bellala. C’est que depuis la mise en production de Tiguentourine en 2006, aucune capacité de production de gaz nouvelle n’est venue s’ajouter à celles existantes. Si la mise en service du complexe a accusé un retard de 8 mois, son apport à la production gazière, qui procure à l’Algérie un tiers de ses recettes d’hydrocarbures à l’exportation, est important, selon le DG de l’association.