Complexe d’el hadjar (annaba) : Une commission d’enquête attendue

Complexe d’el hadjar (annaba) : Une commission d’enquête attendue

Quand la volonté fait preuve de bonne foi, il suffit de regarder juste devant soi pour savoir ce qui se passe.

Appréhendant peut-être le retour de manivelle, notamment après la mise en congé forcé de plus de 4000 sidérurgistes, soit le personnel lié à plus de 90% de l’activité de l’usine, les acteurs en charge du secteur de la sidérurgie en Algérie, faisant preuve de responsabilité, ont enfin réagi, mais loin du contexte du conflit syndico-syndical et syndicat-employés, encore moins direction-employés. Les autorités politiques du pays, le Premier ministre, Abdemalek Sellal en l’occurrence a décidé de prendre en charge lui-même le dossier du complexe de la sidérurgie en Algérie.

A cet effet, le commis de l’Etat a ordonné la mise en place d’une commission d’enquête pour enquêter sur le détournement de 125 tonnes d’acier, fonte et déchets de fonte, ainsi que 83 tonnes de tôles d’acier, avons-nous appris de source interne au département du Premier ministre. Ladite commission dont les membres ont été désignés par les soins du Premier ministre devrait se rendre au complexe d’ArcelorMittal durant la semaine en cours. Dans le même sillage, et selon la même source, le département de Abdessalem Bouchouareb, ministre de l’Industrie et des Mines, a dépêché une délégation qui a tenu une rencontre avec les responsables de la direction générale d’ArcelorMittal/Annaba.

La rencontre, selon les précisions apportées par les soins de notre source s’est focalisée sur la situation catastrophique prévalant dans l’usine d’El Hadjar dont l’Etat algérien détient 51% des parts après sa renationalisation en 2013. Un acquis pour lequel le Premier ministre avait promis de redorer le blason du géant de l’acier en Algérie et en Afrique, en boostant à l’extrême ses capacités de production à l’effet de réaliser l’autosuffisance. Un processus censé se réaliser après l’injection d’un capital de 165 millions de dollars, dont 100 millions de quote-part du groupe majoritaire Sider et 56 millions du groupe ArcelorMittal pour ses 41% d’actions. Au moment où nous mettons sous presse, on apprend que le département de Abdemalek Sellal devrait dépêcher, la semaine en cours, une autre commission d’enquête.

Les émissaires du Premier ministre travailleront conjointement avec les membres du syndicat de l’entreprise, et doivent surtout se pencher sur les dossiers de corruption, dilapidation de deniers publics et pourrissement, entre autres dossiers, qui jusqu’à la rédaction de ce papier, demeurent la principale revendication des sidérurgistes et dénonciation des syndicalistes, notamment Daoud Kechichi qui avait menacé de révéler les noms de la mafia industrielle qui est à l’origine de tout conflit au sein du complexe.

Notons que l’exercice 2013/2014 a traversé et traverse encore une période de vive tension, allant jusqu’à pourvoir des actions en justice, accusant de hauts responsables et cadres de ce secteur, présumés accusés de détournement, trafic d’influence, entre autres, pourrissement caractérisant cette entité économique. Par ailleurs, il convient de signaler que la décision d’envoyer une commission d’enquête au complexe d’ArcelorMittal/Annaba, intervient sur la base de rapports d’enquête opérés par les services de sécurité en charge de l’affaire du vol des 83 tonnes de tôles d’acier et 125 tonnes d’acier de fonte d’acier et déchets de fonte. Un scandale, rappelons-le, survenu en avril 2014, impliquant neuf individus après présentation devant le magistrat instructeur, placés sous mandat de dépôt pour vol, pour les uns, complicité pour les autres et fausses déclarations.

Notons dans le même sillage, que plus de 40 personnes ont été auditionnées. Une situation qui en toute vraisemblance, donne raison aux dires de l’ex-SG du syndicat de l’entreprise, Daoud Kechichi, qui avait depuis sa désignation à la tête de la «Baraka du syndicat» crié gare à la mafia industrielle. Cette dernière est aujourd’hui dans la ligne de mire des hautes sphères de l’Etat, le Premier ministre et le ministre de l’Industrie en l’occurrence. Ce dernier qui, selon certaines informations, aurait promis de contenir le dossier du conflit opposant Amouri, SG du syndicat d’entreprise nommé par Sidi Saïd et Kechichi Daoud, évincé de son poste par le même responsable de l’Ugta.

Une situation dont les retombées ont été aussi néfastes pour la production du complexe réduite à zéro, que pour 90% de l’effectif mis en congé forcé par l’administration, saisissant l’opportunité des interminables conflits de représentativité pour démolir un acquis de 52 ans de labeur. Justifiant l’état conflictuel, la direction générale d’ArcelorMittal/Annaba a installé une cellule de crise pour gérer la situation actuelle en attendant que le ministre de l’Industrie tranche la question de la représentativité.

Au moment où nous mettons sous presse, le complexe est au bord du gouffre et la situation risque de dégénérer en faveur d’un relâchement démesuré. Et c’est là une situation en faveur de la mafia et des bradeurs de l’acier. Ce type d’agissement ou plutôt ce devenir du complexe est soumis au diktat de zones d’ombre commanditaires de tout acte frauduleux au sein de cette entité sidérurgique à l’effet de camoufler les pistes de leur bradage. Abdelmalek Sellal saura-t-il frapper d’une main de fer cette mafia capable de recourir à la liquidation corporelle si ses intérêts sont menacés et compromis.