Le Forum économique mondial (WEF) a publié hier la nouvelle édition de son étude annuelle sur la compétitivité mondiale, un rapport destiné à évaluer le potentiel des économies de 140 pays à atteindre une croissance soutenue à moyen et à long terme. Pour le cas Algérie, malheureusement, le rapport de cette année n’est qu’une copie des éditions précédentes, dans lesquelles toutes les entraves à une économie innovante et capable de créer de la croissance, donc de la richesse et de l’emploi, ont pourtant été soulignées.
Construit autour de 12 principaux facteurs de productivité, le rapport accorde peu d’éloges à l’économie algérienne ! Institutions, infrastructure, aptitude à intégrer la technologie, stabilité macroéconomique, systèmes de santé, éducation et compétences, marché des biens, marché du travail, système financier, taille de marché, dynamisme des entreprises et, enfin, innovation… l’Algérie n’obtient pratiquement aucune moyenne raisonnable dans l’un de ces piliers qui sert à mesurer 98 indicateurs individuels sur la base d’une combinaison de données statistiques et d’informations issues d’une enquête d’opinion menée annuellement auprès de décideurs économiques et de chefs d’entreprises et réalisée en collaboration avec un réseau d’instituts partenaires, dont le Centre de recherche en économie appliquée au développement (Cread). Résultat : le pays se classe 92 sur 140 économies passées au crible, quasi stable par rapport à 2017, sachant que cette année-là, ce sont 135 économies qui avaient été mesurées. Sous cet angle, l’Algérie a donc reculé, faute d’avoir amélioré son climat des affaires. Chaque indicateur, sur une échelle de 0 (moins bonne performance) à 100 (meilleure performance) indique la distance à laquelle se situe une économie par rapport à la situation idéale. Plus concrètement, dans le pilier « Institutions », le pays se classe 120e sur 140 Etats. Dans le détail, ce pilier est subdivisé en 20 indicateurs, et mis à part le carton plein obtenu dans l’indicateur « Incidence de la menace terroriste » (un score de 98,2/100), tous les autres flirtent tout juste avec la moyenne de 50/100 : droit de propriété ou respect de la propriété intellectuelle, 92/140 pays pour un score de 49,1/100, e-participation, c’est-à-dire l’incidence d’Internet et des services en ligne sur l’économie, 128/140 et une note de 20,2/100 ; ou encore règlement des différends à caractère économique, 131/140 et une rétribution de 33/100. Un autre pilier, le « Système financier », c’est un total de 47/100 et une place de 122e sur 140 pays. L’économie algérienne est ainsi peu performante selon les standards du Forum économique mondial qui laisse penser que la situation de l’économie algérienne va se compliquer à cause de la nature changeante de la compétitivité dans un monde de plus en plus transformé par les nouvelles technologies numériques. D’ailleurs, c’est pour cette raison que pour cette édition, le rapport du Forum utilise une nouvelle méthodologie afin de bien saisir la dynamique de l’économie mondiale en ces temps de quatrième révolution industrielle. Une grande partie des facteurs qui auront le plus d’impact sur la compétitivité à l’avenir n’ont jamais été au centre des décisions politiques majeures par le passé. Celles-ci incluent la création d’idées, la culture entrepreneuriale, l’ouverture et l’agilité. Ce nouvel outil cartographie le paysage de la compétitivité de 140 économies.
Ailleurs dans le monde…
Tous ces facteurs combinés, les Etats-Unis réalisent la meilleure performance globale avec un score de 85,6, devant Singapour et l’Allemagne. Le score moyen du monde entier est de 60, à 40 points de la frontière. Le point commun entre les économies les plus compétitives du monde est qu’elles ont toutes une marge de progression considérable. Par exemple, tandis que l’Indice de compétitivité mondiale du rapport indique que Singapour se classe en tête des économies «prêtes à affronter l’avenir», le pays se situe derrière la Suède en termes de main-d’œuvre qualifiée dans le domaine numérique. La Suisse, quant à elle, est la plus efficace en matière de politiques de réorientation et de reconversion, et c’est aux États-Unis que les entreprises accueillent le plus rapidement le changement. L’un des constats les plus préoccupants du rapport concerne les points faibles en matière de maîtrise des processus d’innovation, de la création d’idées à la commercialisation d’un produit. 103 pays ont un score inférieur à 50 dans cette partie de l’indice, avec en tête l’Allemagne, suivie des États-Unis et de la Suisse. Le rapport insiste sur la nécessité d’adopter une approche globale pour accroître la compétitivité : une performance solide dans un domaine ne peut compenser des résultats médiocres dans un autre. C’est particulièrement vrai en matière d’innovation. Evidemment, les gouvernements ne doivent pas perdre de vue les «vieux» problèmes de développement, par exemple en matière de gouvernance, d’infrastructure et de compétences. Dans cette optique, l’indice de cette année a mis en lumière un facteur inquiétant, à savoir que pour 117 des 140 économies étudiées, la qualité des institutions reste un frein à la compétitivité globale. Justement; c’est le cas de… l’Algérie !