Compétition dans les coulisses du «ca$hico»

Compétition dans les coulisses du «ca$hico»

Avant-hier soir, dimanche, il fallait absolument être au Parc des Princes pour assister au choc entre les deux équipes du Championnat de France, les deux seuls prétendants au titre de champion tant leur effectif est extraordinaire : Paris Saint-Germain et l’AS Monaco. Si le «clasico» Paris Saint Germain-Marseille trustait jadis toutes les attentions, avec l’arrivée du club monégasque parmi l’élite du football français, le «cashico PSG-ASM», comme on le surnomme, puisqu’il oppose les deux équipes au plus grand budget et à la plus grande masse salariale de France, est en train de le supplanter tant le niveau de jeu était haut avant-hier soir. Compétition vous propose de suivre ce cashico, comme si vous y étiez.

En boxe, Paris aurait gagné aux points

Même si c’est un cliché, l’adage «en football, dominer n’est pas gagner» s’est encore une fois vérifié dimanche soir. Car, même si l’écart de niveau entre les deux équipes était infime, puisque des deux côtés il y avait du beau monde, au niveau des occasions, avantage aux Parisiens, car l’Uruguayen Cavani et le Suédois Ibrahimovic ont raté trois occasions franches de scorer. Toutefois, comme on ne comptabilise pas les occasions de buts, mais uniquement les ballons qui franchissent la ligne, les deux équipes ont dû se partager les points du nul. Zlatan Ibrahimovic a ouvert le score d’un geste de taek kwon do dont seul lui a le secret, à la 5e minute, après une action de toute beauté, partie du meilleur défenseur central du monde, le capitaine Thiago Silva, qui a adressé à son compatriote Maxwell qui centrait quais instantanément sur «Ibra». Quinze minutes après avoir été «zlatané», soit à la 20e minute, c’est le deuxième plus gros salaire de Ligue 1, Falcao, dit «El Tigre», qui répondait au plus gros salaire du Championnat de France, en égalisant d’un but rageur, taclant un centre qui venait de la gauche. Un but monégasque arrivé pendant le flottement causé par la sortie de Thiago Silva sur blessure, remplacé par Camara, et qui a déstabilisé la défense parisienne. Le grand vainqueur de ce match nul, c’est assurément le football.

Un air de «Liga» et de «Copa America» flottait sur la Ligue 1

Dimanche soir, les gens présents dans les tribunes du Parc des Princes et les téléspectateurs ont dû se croire, l’espace de 90 minutes, dans un grand choc de la Liga espagnole, ou dans un match de quart, voire de demi-finale de la Ligue des champions tant le niveau de ce match était haut, et tant les 22 acteurs et les deux entraîneurs avaient décidé de jouer le jeu. Car, de mémoire de Ligue 1, nous n’avions pas vu un tel match depuis l’époque du grand Marseille de Jean Pierre Papin, ou du Paris de George Weah. Les deux équipes, qui comptent dans leur effectif beaucoup de joueurs offensifs et très techniques, ont ouvert le jeu pour essayer de l’emporter, ce qui a eu pour conséquence de régaler le public. Car, habituellement, lorsque le PSG ou l’ASM joue en Ligue 1, l’adversaire met un attaquant en pointe et un autobus de dix joueurs devant sa ligne de but. De plus, en raison de la forte communauté sud-américaine présente sur la feuille de match, il y avait un charme exotique, des coiffures et des phases de jeu qui faisaient penser à la Copa America. L’espace d’un match, le Championnat de France de Ligue 1 est enfin sorti de sa torpeur et est devenu un championnat intéressant.

Ibrahimovic vs Falcao, le choc des titans

Alors que les médias français avaient choisi pour parler de ce cashico Paris SG-AS Monaco de faire leur une sur un choc sud-américain Cavani vs Falcao, ils ont été démenti sur le terrain par le vieux renard suédois, à l’ego surdimensionné, Zlatan Ibrahimovic, lequel a dû être piqué dans son orgueil de voir la presse tricolore l’enterrer trop vite et qui a tenu à remettre, sur le carré vert, les points sur les «i» et les barres sur les «t», en étant l’homme du match. C’est même lui qui a hérité du brassard de capitaine lorsque Thaigo Silva est sorti sur blessure. Côté monégasque, «El Tigre» Falcao a répondu quant à lui présent, et a rassuré ses fans, comme l’avait fait Leo Messi, en inscrivant un triplé au lendemain du triplé de Ronaldo, lors de la première journée de la phase de poules de Ligue des champions.

Cheikh Al Tamim Vs Ribolovlev ne sont pas les plus riches ?

Ce match, en plus d’être présenté comme un choc «Falcao-Cavani» ou «Falcao-Ibra», a été aussi présenté comme le « choc des milliardaires ». Puisque le Paris Saint-Germain et l’AS Monaco appartiennent au Qatari Cheikh Tamim Ben Hamad Al Thani et au milliardaire russe Dmitri Rybolovlev. Après s’être répondu coup pour coup, lors du dernier mercato, en recrutant ce qu’il y avait de mieux dans le football mondial, c’était leur première confrontation directe sur le terrain. Et comme cela s’était passé lors du dernier mercato, les deux équipes n’ont pas réussi à se départager sur le terrain. Une deuxième mauvaise nouvelle pour ces deux grandes fortunes habituées à être premiers dans tout ce qu’ils entreprennent, puisque le magazine challenge leur avait déjà porté un coup, les classant, le Russe à la deuxième place et le Qatari à la quatrième des présidents de club les plus riches de France. Car le président de club le plus riche n’est autre que le président de Rennes, François Pinault, avec 11 milliards d’euros de fortune personnelle, suivi de Ribolovlev avec 7 milliards, et de la présidente de l’Olympique de Marseille, Margarita Louis Dreyfus, avec 5 milliards d’euros. Cheikh Tamim devant se contenter de la médaille en chocolat.

M. B.

Nasser Al-Khelaïfi : «Il faut toujours remercier Dieu»

Le président du Paris Saint-Germain s’est, une fois n’est pas coutume, arrêté en zone mixte pour répondre aux questions du parterre de journalistes présents. Concernant le match, Nasser Al Khelaifi a déclaré : «Je crois qu’au vu du nombre d’occasions, nous méritions de gagner ce match. La blessure de Thiago Silva nous a fait beaucoup de mal. Même si ce match a été très plaisant sur le plan du niveau, qui était digne de la Ligue des champions, je suis déçu car nous avons manqué de chance.» Invité à donner son avis sur le fait que Cavani et Falcao, très croyants, remercient souvent Dieu quand ils marquent un but, le président du club de la capitale a dit : «La foi religieuse est une chose personnelle, et je n’y vois, pour ma part, aucun inconvénient, bien au contraire. Il faut toujours remercier Dieu.»

M. B.

Guichet fermé, mais ambiance zéro !

Les caisses du Parc des Princes sont restées fermées dimanche car toutes les places de ce PSG-ASM avaient été déjà vendues en prévente. Malheureusement, et il faut bien l’avouer, même s’il fallait agir pour endiguer la violence, et les morts qui sclérosaient le PSG et le football français, le nouveau public du Parc des Princes n’est pas au niveau d’un grand club européen. Il n’y a plus de Kops de supporters, mais un public passif, composé de gens fortunés ou issus de la classe moyenne, ou encore d’hommes d’affaires ou de sponsors du club, qui rappellent beaucoup le public du Stade de France. Il n’y a plus de tifo, plus de banderoles, plus de chants dans les virages. Et malgré les efforts «artificiels» façon disneyland, avec des slogans géants «ici c’est Paris» ou encore «fier de nos couleurs», avec distribution gratuite de drapeaux à la couleur du club, il faut bien l’avouer, c’est un flop total. Nous sommes à mille lieues du «Paris est magique» des années 1990, et hier il y avait 45 000 «footix», comme on dit en France, qui assistaient à un spectacle, il n’y avait pas de communion entre un public et son club. S’il y avait eu AS Roma, FC Barcelone hier, ils auraient applaudi pareil.

M. B.

Zlatan n°1 à l’applaudimètre

Certains l’annoncent en perte de vitesse, d’autres disent qu’avec la présence de nombreuses stars, il va devenir un joueur comme un autre, mais il n’en est rien. Zlatan Ibrahimovic reste le numéro 1 dans le cœur des supporters. Dimanche soir, dès sa descente du bus, en passant par l’échauffement, le match et l’après-match, le numéro 1 à l’applaudimètre c’était lui. Il n’y a qu’à voir l’hystérie collective qui a suivi son but. Zlatan, c’est spécial !

Laurent Blanc : «Nous méritions de gagner»

C’est un Laurent Blanc déçu qui s’est présenté dans la salle de presse du Parc des Princes après le match. Laurent Blanc a déclaré : «Nous méritions de gagner ce match. J’ai dit à mes joueurs que j’avais été fier du jeu qu’ils ont développé sur le terrain face à une très bonne équipe monégasque. Nous avons manqué des occasions et la blessure de Thiago Silva a créé un flottement qui nous a été fatal. Je félicite Claudio (Ranieri) d’avoir joué le jeu jusqu’au bout et d’avoir ouvert le jeu jusqu’à la fin pour essayer de l’emporter.»

Claudio Ranieri : «Content du point pris»

L’entraîneur italien de l’AS Monaco ne cachait pas sa joie lors de la conférence de presse d’après-match. Il a déclaré aux journalistes présents : «Je suis content car nous avons pris un point précieux face à une grande équipe de Paris plus expérimentée que la mienne. Je suis fier de la réaction de mes joueurs, lesquels ont réussi à redresser la barre en égalisant face au champion en titre.»

Ibrahimovic : «Dommage que nous ayons pris ce but»

Pour une fois, Zlatan Ibrahimovic a accepté de s’arrêter en zone mixte. Même si cela n’a duré qu’une minute trente chrono, c’est toujours intéressant d’avoir l’avis de l’icône de toute la Suède après un match. Ibra a déclaré : «Il y avait de la place pour gagner ce match, dommage qu’on ait pris ce but, mais dans l’ensemble nous avons fait ce qu’il fallait.» Concernant son entente avec l’Uruguayen Cavani, le numéro 10 du PSG a dit avant de s’engouffrer dans le couloir menant au bus : «Nous nous entendons très bien Edison et moi sur le terrain, tout va bien.»

Fabinho : «Je suis content du rendement de l’équipe»

Le jeune Brésilein de l’AS Monaco, Fabinho, transfuge du Real Madrid, semblait heureux de ce point pris par son équipe et a déclaré : «Nous avons joué ce soir notre meilleur match de la saison. Je suis content du rendement de toute l’équipe et même de mon rendement sur le plan personnel, même si je regrette l’action qui a amené le but parisien sur mon côté.»

Mounir Obbadi (Maroc) :

«Je dis aux algérien, attention au Burkina »

C’est un Mounir Obbadi très pressé, parce que sa famille l’attendait, mais qui a quand même tenu à répondre à nos questions lorsqu’il a su que nous étions la presse algérienne. Un joueur qui, même s’il a eu une éclosion tardive, est un joueur clé dans le dispositif de Claudio Ranieri. Nous avons pu en juger dimanche soir, face au Paris SG, où il a totalement géré sa partie avec le sang-froid et la vista qui le caractérisent. Mounir Obbadi a, en plus de son analyse du match et de son avenir avec les Lions de l’Atlas, accepté de nous donner son avis sur le barrage Algérie-Burkina Faso.

– Mounir, comment analysez-vous ce match PSG-Monaco d’une manière générale et votre performance en particulier ?

Oh, vous savez, ma prestation personnelle, ce n’est pas très important. Je suis sorti sur blessure, mais ce n’est rien de bien méchant. Le plus important ce soir, c’est que nous ayons fait un bon résultat. Comme vous avez pu le voir, face à Paris, ce n’était pas facile. Il y avait beaucoup d’intensité, cela s’est joué à bloc. Le jeu se faisait à une vitesse folle et on était presque en surrégime.

L’essentiel je crois, c’est de rentrer à la maison avec un point, d’avoir régalé le public, de vite oublier ce match et de préparer la rencontre face à Bastia dans trois jours.

– Après votre parcours en club, on va aborder l’Equipe nationale. Quelle est votre prochaine échéance avec les Lions de l’Atlas ?

J’ai reçu ma convocation pour la prochaine date FIFA, on ne connaît pas encore l’adversaire mais quel que soit l’adversaire, on va en profiter pour bien travailler et préparer la Coupe d’Afrique qui va avoir lieu chez nous.

– Un mot si vous le voulez bien sur le match de barrage Algérie-Burkina Faso

Et bien, tout d’abord, je souhaite bonne chance aux Algériens dans un premier temps. Mais j’ai envie de leur dire que même s’ils ont une belle carte à jouer, du fait qu’ils recevront chez eux au match retour, attention au Burkina Faso, lequel est une belle équipe, qui va vite et qui a été tout de même finaliste de la dernière CAN. Mais, inch’Allah, si les Algériens font un match sérieux, avec l’avantage de recevoir au match retour, cela devrait passer.

– Un petit mot sur la Tunisie aussi…

L’adversaire de la Tunisie est plus coriace et plus expérimenté, le Cameroun. En plus, le match aller devrait avoir lieu à Yaoundé, mais la Tunisie, si elle joue le coup à fond, pourra passer car en football tout est possible.

– Merci beaucoup, Mounir Obbadi, et bonne chance face à Bastia.

Merci bien.

M. B.

Marquinhos : «Je pense avoir répondu présent»

Le tout jeune défenseur brésilien du Paris SG, Marquinhos, qui avait poussé Mamadou Sakho vers Liverpool, a répondu longuement aux journalistes après le match. Il a déclaré en substance : «C’était ma deuxième titularisation de suite après la Ligue des champions et je pense avoir répondu présent. Je pense que notre équipe était la plus méritante mais nous avons manqué de chance.»

Il fallait parler portugais en zone mixte

Sur les 22 joueurs présents sur le terrain hier, il y avait douze lusophones, portugais, brésiliens ou sud-américains ayant évolué au Portugal. Il fallait donc parler portugais en zone mixte pour travailler dans de bonnes conditions. C’est pour cette raison que nos confrères de Canal plus, RFI et l’Equipe avaient dépêché des journalistes d’origine portugaise. Des journalistes qui ont accepté de nous traduire les impressions de ces joueurs.

Falcao, Cavani et Abidal au contrôle antidopage

Nous n’avons pas pu avoir les impressions de Cavani, Abidal et Falcao en zone mixte, tout simplement parce qu’ils étaient retenus par le contrôle antidopage. Leur retard s’est tellement prolongé que le bus de l’AS Monaco a dû partir, obligeant les joueurs, français et colombien, à rejoindre le reste du groupe en voiture.