Compétition au cœur du match Rennes 3 – 1 Ajaccio

Compétition au cœur du match Rennes 3 – 1 Ajaccio

Quatre Algériens croisaient le fer lors de cette 34e journée de Ligue 1 française.

Le jeune milieu de terrain du Stade Rennais, Yacine Brahimi, convoité par Vahid Halilhodzic et la Fédération algérienne de football, recevait dans son jardin du stade de la Route de Lorient à Rennes, la triplette algérienne de l’AC Ajaccio composée des deux internationaux, Carl Medjani et Mehdi Mostefa, et du jeune Karim El Hany (24 ans) qui, malheureusement, n’était pas du voyage. A un mois des trois matchs capitaux qui attendent l’EN face au Rwanda et à la Gambie à domicile, et bien sûr face au Mali à l’extérieur, Compétition se devait d’être présent sur les lieux pour aller à la rencontre de nos internationaux, Medjani et Mostefa, pour voir où ils en sont, mais surtout connaître la réponse de Yacine Brahimi par rapport aux dernières déclarations du sélectionneur national le concernant. Le Stade Rennais s’est imposé avant-hier face à son visiteur d’un soir, l’AC Ajaccio, 3 buts à 1, avec du gabarit, certes, mais du gabarit qui a de la vitesse et de la technique. Très vite réduit à 10, les Corses se sont repliés en défense laissant le champ libre aux attaquants bretons qui ont vendangé beaucoup d’occasions. Malgré une défense héroïque et un gardien Ochoa inspiré, les Corses plieront trois fois par Féret (27e), Boukari (85e), Brahimi (90e), Ilan réduisant le score à la 89e pour Ajaccio.

Mehdi Mostefa, leader en jaune

Et non, chers lecteurs, il ne s’agit pas de cyclisme, bien que le coup d’envoi ait été donné par le coureur cycliste français Frédéric Guesdon, mais bien de football. Si notre international Mehdi Mostefa est «leader en jaune», c’est qu’il détient le triste record de leader au nombre de cartons jaunes des 56 joueurs qui composent les groupes professionnels breton et corse. Medjani a écopé cette saison de 13 cartons jaunes. L’homme de Mazouna n’y a pas été avec le dos de la cuillère.

La nouvelle coiffure de Medjani

Depuis son arrivée chez les Verts, le défenseur favori des Harrachis (le quartier d’où il est originaire), Carl Medjani, a toujours arboré une magnifique boule à zéro digne d’un jeune militaire faisant ses classes. Hier, au stade de la Route de Lorient, nous avons découvert un nouveau Medjani. Un Carl Medjani chevelu avec de grosses et belles bouclettes au point que nous avons eu du mal à le reconnaître n’était son numéro 6 fétiche.

Une météo catastrophique

Avant-hier, au stade de la Route de Lorient régnait, à l’image de toute la Bretagne, un temps exécrable. En ce mois d’avril, il ne faisait pas plus de 8 degrés, avec des vents violents et glacés et une pluie continue et très froide. Nous étions frigorifiés en tribune de presse, mais les locaux avaient l’air de trouver cela normal. L’un d’eux nous a même dit : «Il fait toujours ce temps-là en Bretagne. Notre pire crainte était qu’une crue de La Vilaine, le fleuve qui jouxte le stade, nous empêche de finir le match.»

Ici, c’est vraiment la Bretagne

Lorsque nous sommes arrivés à Rennes, nous ne serions pas cru dans la capitale d’une région française nommée Bretagne, mais à Condate (le nom donné à Rennes à l’époque de la Gaule), la capitale de l’Armorique, l’ancien nom de la Bretagne. Même au stade de la Route de Lorient, tout est couleur locale, tout est «breizh», (bretagne en langue bretonne), comme on dit ici. Le drapeau breton flotte haut, l’hymne breton a raisonné sur fond de biniou, la ghayta comme on dit chez nous, les banderoles des supporters sont en breton, les crêpes, galettes et gâteau bretons sont disponibles à tous les coins de rue et même la boisson gazeuse à bulles s’appelle «breizh Cola» ici.

Mostefa+Medjani = Yacine Brahimi ?

Un Yacine Brahimi est égal à l’addition de Mehdi Mostefa et de Carl Medjani ! Il ne s’agit pas là, bien sûr, de leurs valeurs intrinsèques sur le terrain, ni de leur talent, ni bien sûr de leur valeur marchande sur le marché des transferts, mais seulement de l’addition des numéros de leurs maillots respectifs. Mehdi Mostefa n°14 + Carl Medjani n°6 = Yacine Brahimi n°20. C’est aussi simple que cela.

Un kop de 10 personnes

Le Stade Rennais possède la particularité de posséder un kop de supporters «ultras» qui se prénomme «Kop Allez Rennes» qui devrait figurer dans le livre Guinness des records comme kop le plus petit du monde, puisqu’il ne compte que dix membres. Mais ce petit kop, qui a fait beaucoup de bruits lors du match Rennes-Ajaccio, a prouvé que des fois la qualité des supporters est plus importante que la quantité, car l’ambiance n’est guère folichonne au stade de la Route de Lorient.

57e minute, Mehdi Mostefa retrouve Hadji

L’entrée de l’international marocain, Youssouf Hadji, a dû assurément rappeler à Mehdi Mostefa un souvenir douloureux, celui du tristement célèbre Maroc-Algérie (4-0) où Mostefa avait bu le bouillon sous les coups de boutoir d’Essaidi et de Youssouf Hadji. Comme à Marrakech, ce match Rennes-Ajaccio est à sens unique. Une attaque-défense des 11 Rennais face aux 10 Ajacciens. Mais l’homme de Mazouna et ses coéquipiers ont tout de même empêché le Marocain de nuire en le serrant de près.

Medjani, patron de la défense

A l’AC Ajaccio, le patron de la défense, c’est bien Carl Medjani. C’est lui à chaque fois qui est chargé d’aller au charbon et c’est lui le leader qui donne la marche à suivre à ses coéquipiers défenseurs. La preuve nous a été donnée durant le match où c’est lui par exemple qui, à la 11’ minute de jeu, juste après le rouge pris de manière idiote par son coéquipier Bouhours, qui est venu prendre les consignes auprès de son coach pour replacer ses joueurs.

Mostefa et Medjani, héros malheureux

Par la force des évènements, dès la 11e minute de match, après qu’un carton rouge réduise Ajaccio à 10, cette rencontre s’est transformée en une attaque-défense où les Rennais pilonnaient des Corses qui défendaient bec et ongles chaque pouce de terrain grâce à un jeu agressif et rugueux sur l’homme. A ce jeu de la défense héroïque, nos deux internationaux algériens, Carl Medjani et Mehdi Mostefa, se sont beaucoup distingués en se jetant pour sauver sur leur ligne plusieurs buts certains et en se sacrifiant en mettant leur corps en opposition pour empêcher le ballon d’entrer. Sans leur sauvetage, notamment aux 36’ et 51’, le score aurait pu être plus lourd.

Yacine Brahimi, 10 minutes, un but

Il n’aura fallu que 10 petites minutes à Yacine Brahimi pour trouver la faille dans la défense corse et inscrire un but à la 90e minute de jeu. Un joli ballon piqué qui arrive après un dribble éliminant son compatriote Mehdi Mostefa sur une passe de Julien Feret. Un but qui ne comptait pas pour du beurre et qui s’est révélé décisif, car Rennes était agonisant en cette fin de seconde période et c’était à ce moment-là que les Ajacciens, galvanisés par leur réduction du score, poussaient pour égaliser. Ce but leur a pour ainsi dire coupé les jambes. En marquant ce but, Brahimi a encore une fois démontré à son entraîneur Frédéric Antonetti qu’il avait sa place dans le onze de départ du Stade Rennais.

Brahimi, superstar

Curieusement, alors qu’on ne l’a pas beaucoup vu sur le terrain cette saison et qu’il est tout jeune, après le match, au moment où les joueurs rouge et noir allaient rejoindre leurs véhicules, les très nombreux supporters massés devant le parking pour apercevoir leur idole n’en avaient que pour Yacine Brahimi. Alors qu’ils l’interpellaient avec insistance, l’Algérien a dû dévier sa route pour se rapprocher du grillage pour une longue séance d’autographes, de photos et de poignées de mains. Les fans de Yacine étaient surtout des jeunes garçons et beaucoup de jeunes filles qui le suppliaient de rester au club une saison de plus. Même lorsqu’il répondait à nos questions, ils continuaient à l’appeler.

Voilà Mostefa, ton futur coéquipier

A l’issue de notre entretien avec Yacine Brahimi, et alors que Mehdi Mostefa qui s’apprêtait à monter dans le bus, nous avons dit sous forme de boutade à Brahimi : «Voilà ton futur coéquipier chez les Verts.» Il nous a répondu en souriant : «Je sais, je le connais.»

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