Une compagnie pléthorique à l’équilibre financier fragile : Air Algérie sous pression

Une compagnie pléthorique à l’équilibre financier fragile : Air Algérie sous pression

Par Farid Messaoud

Air Algérie s’avoue incapable de faire face dans l’immédiat à la multitude de problèmes dont elle soufre. La compagnie nationale rencontre des difficultés financières. Et elle doit se restructurer et se développer pour pouvoir progresser, et enfin en finir avec le fardeau de la dette et le registre des doléances d’ordre sociaux professionnelles formulées par des syndicats toujours prêts à dégainer les premiers. Et les effets de levier sont de deux ordres : la compagnie va pouvoir agir sur les prix, pas forcément en les augmentant (des vols low cost sont possibles), sur un grand nombre de lignes sur lesquelles elle ne dégage pas jusqu’ici suffisamment de profits pour remplir ses avions face à la concurrence féroce dans le ciel algérien.

Elle doit en outre pouvoir dégraisser le mammouth, une mesure aussi nécessaire que douloureuse. Cela s’adosserait au projet de développement évoqué souvent par la nouvelle direction de la compagnie. Air Algérie a, en effet, annoncé la mise en place d’un plan de développement dont le lancement va se faire l’année prochaine. Ce plan vise à répondre aux besoins croissants des clients, aussi bien en matière de tarif, de confort que de diversification des destinations, à mobiliser toutes les ressources financières de la compagnie.

Entre temps, Air Algérie doit honorer ses engagements dans le cadre des commandes qu’elle avait passées pour renouveler sa flotte. Pour remplacer sa flotte vieillissante, elle a lancé un emprunt obligataire, produit négociable, libellé en dinars. Elle a déjà levé un montant de 4,608 milliards dinars, pour le faire. Mais l’objectif que s’est fixé la compagnie nationale est de mobiliser cinquante milliards de dinars nécessaires à l’acquisition de nouveaux appareils financés à hauteur de soixante-dix pour cent par l’emprunt obligataire dont il est question.

C’est un montage financier important et dans lequel sont impliqués la Banque d’Algérie, au titre de courtier accompagnateur, ainsi que d’autres organismes. L’opération ainsi initiée par Air Algérie, a ceci d’avantageux est qu’elle permet d’éviter les risques de changes ainsi que la prime de risque associée au financement extérieur.

De plus, cette formule est de nature à mobiliser des fonds sur le marché domestique à des taux de rémunération inférieurs aux crédits bancaires classiques. L’emprunt est presque arrivé à échéance et la compagnie nationale doit rembourser les souscripteurs. C’est une dette qu’il faudra ainsi rembourser.

La compagnie nationale travaille en fait à la maturation de projets de mise à niveau liés à sa flotte et à ses structures subalternes. Cette restructuration, elle se doit de la mener à bien, n’ayant pas le monopole sur l’aérien. Elle ne peut plus verrouiller le ciel algérien.

Plus qu’une nécessité, l’amélioration des performances de la compagnie est un défi à relever dans un ciel ouvert à la concurrence où des compagnies étrangères surdotées en moyens humains et logistiques lui font concurrence sur le réseau international. La concurrence existe, mais la qualité de service d’Air Algérie ne s’est pas encore améliorée, la demande n’a pas encore été satisfaite surtout sur le réseau interne, et la billetterie a fortement augmenté et sur le réseau domestique et sur celui international. La compagnie nationale « transporte à perte », se plaint souvent sa direction.  Celle-ci estime que les réajustements qu’elle a opérés sur sa billetterie « n’y ont pas changé grand-chose ». Car, revoir à la hausse des tarifs au sens classique du terme a toujours été très lourd à porter pour les clients d’Air Algérie.

Hier, le directeur de la Division commerciale de la compagnie nationale, Zohir Houaoui, a affirmé que l’équilibre financier de la compagnie aérienne est « fragile » vu les charges de cette entreprise liées notamment à la masse salariale de plus de 9 000 employés qui devrait se situer entre 18% et 20% des charges, ainsi qu’aux coûts d’exploitation relatifs à la maintenance et au carburant.