Depuis le début de la CAN et même juste avant, Saâdane, Raouraoua et les joueurs ne cessent de jouer au chat et à la souris avec la presse nationale, obligeant des fois cette dernière à user de moyens pas trop catholiques pour accéder à l’information, et d’autres à user de leur imagination afin de satisfaire leurs lecteurs.
Cette relation difficile entre l’EN et la presse nationale ne peut en aucun cas occulter deux évidences fondamentales :
1- L’équipe nationale est sacrée et appartient à tout le peuple algérien qui a délégué des responsables pour s’occuper d’elle et la protéger par tous les moyens.
Il est donc du devoir du président de la FAF et du sélectionneur national d’user de ce droit et de décréter tous les états de siège possibles et imaginables pour mettre les joueurs dans les meilleures conditions possibles, et même de favoriser les journalistes français au détriment de leurs homologues algériens, si ça peut aider tant soi peu cette équipe dans sa quête de gloire.
2- La presse algérienne n’est pas l’ennemie de l’équipe nationale et ne sera jamais ainsi, et tout écrit aussi stupide soit-il ne peut déstabiliser une équipe solide et solidaire. La presse nationale ne demande pas de faveurs particulières, mais juste l’application de quelques règles de jeu vieilles comme le football et le journalisme dans le respect et la compréhension qui doivent émaner des deux côtés.
Dans ce climat insalubre fait d’accusations et de tiraillements, Compétition a choisi le camp de ses lecteurs et a continué à faire son travail en utilisant les moyens qui sont les siens. Ses envoyés spéciaux, journalistes et photographes, ont tout fait pour briser le huis clos pour pouvoir ainsi rapporter les dernières nouvelles sur la disponibilité des uns et des autres comme on l’a fait dans l’édition d’hier avec Meghni, Antar et Bezzaz.
Nous étions les seuls à donner ces informations, non sans fierté, mais dans un seul souci, celui d’informer nos lecteurs et les mettre ainsi à la page avec l’écrit et l’image. Notre travail, on l’a toujours fait et ça n’a jamais été dans le style de la maison de s’en vanter, car depuis notre premier numéro, le 3 octobre 1993, nous n’avions qu’une seule règle de conduite, celle dictée par notre conscience et notre contrat avec nos lecteurs qui sont les seuls à nous juger.
Nous continuerons à suivre cette règle jusqu’à la fin de cette CAN et même après, parce que c’est la seule qui peut justifier notre présence à Luanda et dans toutes les villes du monde où pourra se retrouver l’équipe nationale. Nous l’avons fait hier du temps où l’EN n’intéressait personne ou presque, on le fait aujourd’hui avec bonheur, avec tous les autres confrères français et autres qui tournent subitement autour du pot de miel, et nous le ferons demain toujours avec les mêmes souffle et fierté avec le sens du devoir envers cette équipe sacrée et envers notre profession.
Il y aura toujours des informations que nous allons taire et nous allons nous autocensurer à chaque fois que l’intérêt national nous le dictera, mais personne ne peut nous empêcher de faire notre métier et de tenir informés les lecteurs et les supporters faméliques de la moindre information concernant son équipe.
Si nous écrivons ces lignes, ce n’est pas parce qu’on se sent visés par les déclarations de Saâdane, d’ailleurs rééditées sur notre journal. Et l’opinion publique sait très bien que nous avons toujours soutenu le sélectionneur national pour lequel nous avons même dérogé à une règle journalistique en mettant le surtitre «excentrique» de Saâdane 1 – Trapatonni 0 dans notre édition spéciale de vendredi.
Si nous avons décidé de réagir aujourd’hui, c’est juste pour rappeler quelques vérités qui ne doivent pas échapper aux supporters de l’EN et pour que cesse cette effrayante histoire qui empoisonne les relations entre la FAF et la presse nationale. Nous comprenons que l’équipe nationale ait grandi et qu’elle devienne subitement le centre de convoitises de plusieurs milieux, cercles d’influence, entreprises, sponsors et personnes morales, tout le monde veut marier son image avec cette magnifique vitrine qu’est devenue l’équipe nationale.
On chuchote même qu’une bataille acharnée se déroule actuellement entre différents producteurs pour arracher la préséance de tourner «les yeux dans les Verts». Mais tout ceci ne doit pas faire perdre l’essentiel : c’est réussir la CAN et le Mondial et cuirasser la communion extraordinaire entre les joueurs et leurs millions de supporters pour que l’esprit de Khartoum soit préservé au moins jusqu’à la fin juin.
L’EN a grandi certes, mais pas les structures qui vont avec, même si on reconnaît que l’équipe nationale ne manque de rien et les professionnels, habitués au sérieux de leurs clubs, sont les premiers à reconnaître les énormes progrès réalisés par la FAF. En fait, les carences sont et resteront dans la communication tant l’absence d’une structure chargée de la presse brille par sa présence.
On ne peut pas continuer à gérer l’EN comme un Duché au gré de l’humeur des nababs du moment, et l’épisode Zidane est là pour illustrer cet état de faits, lui qui s’est permis de rendre visite à l’équipe nationale à une heure impossible et sans même l’acquiescement de Saâdane, puisque si l’on croit la déclaration d’un joueur-cadre à notre confrère, bien français, Le Parisien, même le coach national n’était pas au courant de la visite du champion du monde 1998.
Quant à l’affaire Lemouchia, elle illustre parfaitement cette incapacité à rendre les faits et événements moins tragiques en choisissant une manière maladroite d’expliquer les choses, alors qu’une «demi-vérité» dite en concertation avec la presse aurait peut-être fait l’affaire sans essayer de mystifier une opinion avec un communiqué laconique.
Tout refus de communication est une tentative de communication, tout geste d’indifférence est un appel déguisé, disait Camus, et si certains journalistes avaient saisi le message de travers ?
Alors, messieurs de la FAF et de l’EN, communiquez plus, vous gagnez plus.
Rafik Abib