L’Etat reconnaît une certaine anarchie, actuellement en cours, dans le secteur de la communication et le retard pris dans le fonctionnement de structures de régulation des médias, presse écrite et audiovisuel notamment. Dans la présentation de sa déclaration de politique générale, qui sera exposée lundi prochain par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, devant l’Assemblée populaire nationale, il est question d’un secteur diversifié en évolution constante, mais en besoin de régulation et d’un minimum d’ordre.
«Aujourd’hui, l’Algérie compte plus de 200 titres de presse écrite de diverses catégories, une quarantaine de chaînes de télévision, une cinquantaine de radios publiques nationales et locales et plus d’une vingtaine de journaux électroniques», note le texte. C’est probablement la première fois qu’un document du Gouvernement rappelle l’existence d’une «vingtaine» de médias électroniques, qui sont toujours en attente de règlements régissant leur fonctionnement. Mais les pouvoirs publics semblent observer avec méfiance ce secteur difficilement contrôlable. Dans cette conjoncture pré-électorale, le secteur est appelé à jouer son rôle d’information et d’explication.
«Toute cette corporation des médias se déploie d’une manière quelque peu anarchique», reconnaît le texte présenté par Ouyahia notant que «l’Autorité de régulation de l’audiovisuel n’arrive pas à exercer réellement son mandat, alors que l’Autorité de régulation de la presse écrite n’est pas encore mise en place avec le concours de l’Exécutif, mais aussi des deux chambres du Parlement». Un constat qui pourrait être assimilé à une véritable pique adressée au ministre de la Communication mais aussi contre l’Autorité de régulation de l’audiovisuel (Arav), dirigée par Zouaoui Benhamadi. Il est patent que les deux «autorités» trouvent toujours du mal à fonctionner de façon optimale dans un secteur en manque d’organisation.
La déclaration de politique générale rappellera, sur ce volet, les évolutions dans les infrastructures concernant ce domaine. Outre «l’installation de 115 émetteurs FM au bénéfice de la radio, dont la grande majorité dans les wilayas du Sud et des Hauts-Plateaux, le déploiement, au bénéfice de la télévision de 12 nouveaux émetteurs de la TNT», un bouquet comportant cinq chaînes de télévision publique, 55 chaînes de radios publiques et le fil de l’APS, désormais diffusé par le biais du satellite à l’intérieur du pays et vers l’étranger, rappelle le document. Mais le fait que subsiste un monopole de l’Etat sur les ondes radio fait que, quelque peu, l’offre est limitée. Le cas des télévisions algériennes satellitaires, actuellement toutes de droit étranger, malgré l’agrément de certaines d’entre elles, fait également l’objet d’interrogations. A quand la fin de cette situation de flou entretenu concernant des médias lourds aux effets indéniables sur l’opinion algérienne.
Enfin, la question de la publicité, véritable nerf de la guerre dans ce domaine très particulier, est évoquée à travers son mode d’octroi. Le document note que la publicité «n’est guère contrôlée par l’Etat», «sur un marché publicitaire annuel de 11,5 milliards de dinars, seuls 7,2 milliards de dinars empruntent le circuit de l’Anep » et que cette manne publicitaire «va à plus de 80% à la presse privée tous médias confondus». Un chiffre qui contredit l’idée selon laquelle il y a monopole de l’Etat sur la publicité et que celle-ci bénéficie essentiellement aux médias publics.