COMMUNICATION INSTITUTIONNELLE, Le long silence radio

COMMUNICATION INSTITUTIONNELLE, Le long silence radio

Malgré l’évolution des technologies de l’information et les techniques de communication, le gouvernement traîne toujours le pas.

A quand un porte-parole de la présidence de la République, du Premier ministère et même des autres départements ministériels? La question s’impose avec insistance, surtout après les événements aussi bien nationaux qu’internationaux qui sont entourés d’une totale opacité. En somme, la communication fait grand défaut au niveau des institutions algériennes. Celle-ci laisse place à la rumeur qui alimente sans cesse l’opinion publique.

Comme la nature a horreur du vide, la rumeur fait la pluie et le beau temps et suscite un climat de confusion dans la société. Les exemples sur ce black-out ne manquent pas ces derniers temps. Pis, la rumeur a même étendu ses tentacules au sommet de l’Etat.

Vendredi dernier, la folle rumeur lancée sur la Toile, concernant le décès du président de la République, s’est propagée comme une traînée de poudre provoquant panique et interrogations. Courriers électroniques, SMS et sites Internet, sont mis à contribution pour relayer la même rumeur, qui, soit dit en passant, n’est pas la première du genre.

La spéculation a même atteint les capitales étrangères. Devant l’absence d’un porte-parole de la Présidence, la rumeur a fait grand tapage. Ce n’est que le lendemain, que le porte-parole du ministère des Affaires étrangères est intervenu sur le site d’un journal électronique-pour démentir cette information, qualifiant la rumeur de «malveillante».

Ce n’est pas tout. Le sort des otages algériens au Mali reste inconnu. Un dossier qui, une fois de plus, est géré par la rumeur. Alors que le Mujao a annoncé l’exécution du diplomate Mohammed Touati depuis plus d’une semaine, le gouvernement n’a, jusqu’à présent ni confirmé ni infirmé cette information. Interpellé sur cette question lors de l’ouverture de la session parlementaire d’automne, le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a maintenu le suspense en déclarant qu’il n’y a rien de nouveau. Pourtant, le gouvernement a eu à gérer plusieurs affaires de ce genre sans pour autant tirer de leçons. L’affaire du diplomate algérien Hasseni, l’affaire des marins algériens pris en otage par des Somaliens, les exemples sont nombreux. Les émeutes du mois de janvier 2011 et qui avaient failli plonger le pays dans le chaos, ont été gérées d’une façon maladroite. Ni conférence de presse, ni déclaration du chef de l’Exécutif, à même de rassurer la population, n’ont été enregistrées. Le gouvernement ne communique pas également sur ses actions. La campagne lancée contre l’informel ces jours-ci n’a pas été suivie par une campagne médiatique pour éclairer l’opinion publique et garantir sa réussite sur le terrain.

Malgré l’évolution des technologies de l’information et techniques de communication, le gouvernement traîne le pas. Ce déficit en matière de communication ne date pas d’aujourd’hui. En 2008, le Premier ministre Ahmed Ouyahia a ouvertement avoué devant la presse que le gouvernement communique mal. «Nous communiquons mal et gouverner c´est communiquer», avait reconnu Ahmed Ouyahia au Sénat. Tout en admettant qu’il y a un déficit en la matière, l’ancien Premier-ministre avait promis de rétablir les choses. «Nous comptons le corriger», avait-il promis, soulignant que «le gouvernement s´attèle sérieusement à améliorer la machine de communication de l´Exécutif en général», avant de rappeler que «c´est le devoir du gouvernement de saisir chaque tribune qui puisse s´offrir à lui pour, à chaque fois, communiquer», déplorant que l´Exécutif passe son temps à faire des démentis pour des informations. «Si on communiquait un peu plus, on n´aurait pas besoin de faire de démenti et que le gouvernement a tout intérêt à le faire», a-t-il estimé. M.Ouyahia avait même transmis une directive à ses ministres, les invitant à faire preuve de disponibilité, de capacité d´écoute et d´explication vis-à-vis des populations et de la presse nationale. Or, il se trouve que cette recommandation n’a pas été appliquée à la lettre. Certes, les ministres s’expriment davantage, il n’en demeure pas moins que leurs cellules de communication respectives sont loin d’être efficaces. Celles-ci fonctionnent toujours avec les anciennes méthodes. Pourtant, au début des années 1990, l’Algérie était en avance en matière de communication institutionnelle, puisque la présidence de la République disposait d’un porte-parole en la personne de M.Mihoub Mihoubi. Ce dernier organisait des points de presse hebdomadaires. Idem pour le gouvernement qui avait nommé à deux reprises, des porte-parole, à l’image de Hamraoui Habib Chawki, Khalida Toumi et Abderrachid Boukerzaza.