Commune de Haizer (Bouira): En attendant le tourisme…

Commune de Haizer (Bouira): En attendant le tourisme…

C’est à l’occasion de la présentation du bilan annuel de sa commune que Chaâbane Meziane, président de l’APC de Haizer, nous a confié son avis sur un moyen de développer sa circonscription.

Même si tout le monde regarde du côté du tourisme, cette commune dispose d’une opportunité unique, l’agriculture de montagne, pour sortir de sa torpeur. «Au pas de cadence actuel, le tourisme risque de tarder à se développer, du moins pour notre région», commente le maire. Concernant le bilan et c’est là aussi une autre manière de gérer il a été présenté publiquement et débattu dans une salle comble.

«Le budget communal est maigre, il peut être multiplié grâce à des investissements, à une réelle relance de l’activité touristique, surtout que Haizer est un lieu de passage obligatoire vers la station de Tikjda. La remontée mécanique longtemps demandée localement semble séloigner avec cette crise qui s’est installée et qui est venue à bout des recettes.» commente Meziane Chaâbane. La baisse des cours du pétrole a influé sur la gestion quotidienne des cités. L’indice référentiel demeure la nette réduction du budget primitif qui est passé de 200 milliards de dinars en 2015 à 140 milliards pour l’exercice 2016.

Comme il apparaît dans le rapport de wilaya présenté lors d’une session APW, les coupes ont touché l’ensemble des secteurs et varient entre 4 jusqu’à 20% comparativement à l’avant-dernier exercice. Même si les responsables tentent de garder un certain optimisme en ne parlant plus d’austérité et de rationalité dans la gestion, l’impact au quotidien est visible. Lexemple le plus en vue reste celui de la difficulté des exécutifs communaux à répondre aux doléances des citoyens. Dans ce bilan plutôt positif, il faut signaler ce cri de détresse de la commune qui attend la finalisation d’un plan d’aménagement du chef-lieu de daïra et de la commune qui dure depuis plus de 14 ans. «Si Haizer veut postuler au rang d’une ville touristique, ce projet doit être repris et son enveloppe financière dégagée». Les perspectives et les jours à venir favorisent plus le domaine de l’agriculture surtout que les natifs, des montagnards, sont attachés à la terre. En plus d’être un moyen d’autosuffisance, l’agriculture de montagne est appelée à freiner l’exode vers les villes et la désertion de nos campagnes.

Les opportunités sont multiples quand elles sont bien exploitées. «Le développement de la région peut s’inscrire dans un plan plutôt national», pense le maire. L’agriculture de montagne demeure une alternative, surtout que notre pays détient une bande territoriale qui se prolonge d’est en ouest entre la mer et les Hauts-Plateaux qui peut se résumer à 7 millions d’hectares dont la moitié est un espace boisé, forestier et 1 million d’hectares de terres cultivables. Selon une classification du Bureau national d’étude de développement rural (Bneder), notre pays compte plusieurs wilayas, où les produits de montage peuvent être mis en valeur, à l’instar de Tizi Ouzou, Béjaïa, Jijel, Skikda, Guelma, Relizane, Aïn Defla, Tissemsilt, Chlef, Blida, Mila, El Taref, Mascara, Tipasa, Médéa, Bordj Bou Arréridj, Annaba, Sétif, Constantine, Batna et Bouira avec son flan sud du Djurdjura, mais aussi sur les hauteurs du mont Dirah au sud. Ce potentiel agraire est estimé à 7565.000 ha et il se compose comme suit: la montagne, soit une pente de 25%, représente 1870.000 ha, les hauts piémonts 12 à 25% de pente, équivalent à 5080.000 ha et enfin les bas piémonts, mois de 12% de pente, sont de l’ordre de 611.500 ha.

Les zones forestières, constituent quant à elles pas moins de 31% de la surface globale, soit 2342.300 ha. La montagne dans la wilaya de Bouira regorge d’une variété arboriculture en mesure de permettre la création de tout une industrie. Les hauteurs de Saharidj offrent un écosystème favorable à la production des châtaignes. Le caroubier, le mûrier sont d’autres variétés que le climat favorise. Le miel, les essences, les plantes médicinales, le jujubier, le figuier de Barbarie, l’olivier et les figuiers, les cardes sauvages…

les fruits dits de montagne, comme les arbouses, les mûres, les câpres, les glands, ou bien les plantes médicinales et plusieurs autres espèces de la flore représentent des créneaux à développer et à faire sortir d’une exploitation ancestrale et familiale vers une production plus intense. Pour cela il faut accorder une plus importante considération au sujet. Pour le P/APC de Haizer, l’intensification de la production passe nécessairement par la mise en place de moyens. Pour les hauteurs de Haizer et malgré la ferme détermination des natifs à exploiter leurs terres, les projets du plan d’aménagement de la wilaya qui ont prévu des télésièges entre Haizer et la dent du Lion et celui qui reliera Selim à Thighzart sont toujours de l’encre sur papier. L’agriculture de montagne qui garantit des produits de label ne peut se concrétiser qu’avec la réalisation des projets inscrits au PND. Le manque de pistes, le chemin communal entre Thagnits et Ighil Ifrène, dégradé par un glissement de terrain, sont autant d’obstacles qui se dressent devant l’essor de cette activité paysanne.

C’est dans l’optique d’une redynamisation de l’agriculture de montagne que pour la première fois, la DSA, la Chambre d’agriculture, la direction des forêts, la direction de l’environnement, la direction du parc du Djurdjura ont fait appel aux professionnels du secteur à l’occasion de la célébration de la journée qui coïncide avec le 11 décembre de chaque année. Qui mieux qu’un expert peut faire le diagnostic de la situation. «En Algérie, on a oublié la montagne et on l’a détruite. Les produits du terroir ont été dépréciés et laissés à l’abandon et ce, par rapport à deux facteurs très importants: le partage de l’héritage qui a été morcelé au fil du temps et aussi du fait que ce patrimoine n’a pas été entretenu par les villageois et encore moins les autorités. De facto, il n’y a plus de contenu dans nos montagnes. On ne retrouve plus les oliviers d’antan, ni les figuiers et encore moins les vergers dans leur ensemble.

C’est cette situation que les différents partenaires tenteront de bannir pour donner à la montagne sa vraie place dans le développement durable.