Communauté internationale : la grande lâcheté

Communauté internationale : la grande lâcheté
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Alors qu’un bilan provisoire fait état de 200 morts et plus de 900 blessés en Libye, la communauté internationale reste de marbre. Aucun déferlement de déclarations, aucune indignation et pression des pays occidentaux, c’est un massacre sous un silence international condamnable.

Depuis mardi dernier, la situation en Libye ne cesse de s’empirer. La contestation semble se transformer de manière effroyable en insurrection meurtrière dans plusieurs villes, notamment, à Benghazi et à Al- Baïda, à l’Est du pays. Le tableau n’est pas celui de l’Égypte ni de celui de la Tunisie.

En Libye, l’information sur la situation n’est disponible qu’au comptegouttes, en raison des restrictions imposées par le régime Kadhafi aux médias. Les seuls témoins de ce qui se passe en ce moment, se sont ces rares vidéos qui ont pu être balancées sur les sites web communautaires avant que l’accès à internet ne soit brusquement interrompu dans la nuit de vendredi à samedi, alors que les liaisons téléphoniques sont fréquemment coupées.

Une censure médiatique flagrante et effrayante qui laisse supposer des scénarios de génocide contre une population assoiffée d’une justice et d’une liberté piétinée par le régime autoritaire du colonel Mouammar Kadhafi. D’ailleurs, à l’heure actuelle, aucun bilan exhaustif de personnes tuées et blessées ne peut être fait, même si, l’organisation de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch (HRW), qui suit de près la situation, a fait état d’un bilan global de 104 morts depuis le début de la contestation en Libye.

Tandis que la chaîne qatarie Al-Jazeera, citant des médecins, a évoqué un bilan de 200 morts et plus de 900 blessés, alors que des sources médicales et certains habitants, cités par la chaîne britannique BBC, ont affirmé que les militaires avaient tiré à l’arme lourde, bombardant notamment au mortier les manifestants. Ces derniers sont pris en otage entre une armée farouche qui tirent sur la foule sans aucune retenue et les « comités révolutionnaires » qui chargent des ressortissants désemparés pour contenir ce soulèvement sans précédent contre le régime. Mais en face de ce massacre à huis clos, la communauté internationale reste de marbre

. Aucun déferlement de déclarations, aucune indignation, aucune pression internationale n’est exercée sur le régime libyen comme ce fut le cas pour la Tunisie, l’Égypte ou encore pour l’Algérie. C’est la loi de l’omerta. Comme si les Occidentaux ont, en effet, peu de moyens de pression sur le régime. Chose qui s’explique notamment par la normalisation des relations du pays avec l’Occident, grâce à ses réserves considérables en hydrocarbures.

Le pouvoir a par ailleurs annoncé qu’il comptait dépenser 30 milliards de dollars pour moderniser ses infrastructures, ce qui représente un marché appétissant pour les Occidentaux, qui fournissent également le régime en armes. Cela étant dit, il est clair que les pays européens réfléchiront à deux fois avant de faire des déclarations qui pourraient déplaire à Tripoli. De ce fait, l’Union Européenne n’est pas embarrassée. C’est des libyens qui se font tuer, y a rien à voir. La France de la Déclaration des Droits de l’Homme, elle aussi, ne semble pas être du tout inquiétée. Sarkozy n’a pas encore repris ses esprits de la réunion du G20.

L’Italie ne veut pas déranger le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi qui s’adonne à la chasse à l’homme. Le président du Conseil italien Silvio Berlusconi a seulement déclaré que « la situation évolue et donc je ne me permets pas de déranger qui que ce soit ». « Nous sommes préoccupés par tout ce qui se passe dans toute la région », a-t-il ajouté. Washington campe sur son silence et ne veut sans, nul doute, ne pas gâcher sa lune de miel avec un État jadis considéré ennemi. Kadhafi a passé un accord avec Washington en 2003 dans lequel il s’engageait sur deux points: la fin du soutien au terrorisme, et surtout l’arrêt de son programme d’armes de destruction massive.

En contrepartie, les États-Unis n’appelleraient pas à un changement de régime en Libye. Où est l’explosion d’indignation des Ligues des droits de l’Homme et des Institutions internationales ? Où sont les déclarations fracassantes des responsables politiques pour dénoncer pareilles atrocités ? Où sont les manifestations publiques de soutien à ce peuple cadenassé par un colonel mégalomane et déraisonnable, au pouvoir depuis plus de 40 ans, pour porter haut les voix de ces hommes et femmes qui n’affrontent les balles explosives que par des slogans et une volonté de faire tourner une page d’histoire entachée de dictature ?

Hamid Mohandi