Commerce informel,Démontage de baraques à Bouira

Commerce informel,Démontage de baraques à Bouira
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L’exécution de la décision d’évacuer les commerces informels, installés sur la voie publique, a débuté hier au chef-lieu de la wilaya de Bouira.

L’administration a adressé un ultimatum aux occupants leur demandant de quitter les lieux avant dimanche. Passé ce délai, la force publique sera utilisée contre les récalcitrants. Même si beaucoup ont exécuté la décision sans rechigner, il reste que cette dernière est appréciée différemment. Partagés entre approbateurs et opposés, les avis vont de la satisfaction totale à un refus catégorique. Pour Hakim, un commerçant de légumes cette décision est «un crime». Nous sommes plusieurs à travailler pour nourrir des familles. «Ces tables sont notre gagne-pain. Qu’allons-nous faire maintenant?» s’interroge ce père de famille qui a bravé le froid et la canicule pour subvenir aux besoins de sa famille. En guise de solution, notre interlocuteur lance un appel aux autorités: «Qu’elles nous réservent des lieux. On est prêts à participer à leur aménagement, à établir des registres de commerce et à travailler dans la légalité.» Certains riverains de la cité des 1100 logements manifestent leur satisfaction. «Il était temps de mettre un terme à tout cela parce que ces tables ont proliféré et sont devenues une source à problèmes» nous confie un épicier de cette cité. Du côté de la cité des 120 Logements et tout autour du «bazar Errahma», une vingtaine de jeunes proposent à même le trottoir de la lingerie, de la maroquinerie, des jouets… L’avis parmi ces jeunes commerçants est plus nuancé: «Au lieu de nous sanctionner, les pouvoirs publics doivent s’attaquer à nos fournisseurs qui passent des conteneurs entiers dans les différents ports.» Un jeune réplique à l’argument des impôts. «Les commerçants dûment accrédités ne payent pas tous leurs impôts. Ils font tous de fausses déclarations et payent au forfait. Pourquoi eux déposent leurs marchandises sur les trottoirs et pas nous?» Notre interlocuteur pique une crise et promet de revenir si aucune solution n’est trouvée. «Je dois travailler et nourrir ma famille. Les responsables n’ont pas ce souci. Qu’ils nous laissent gagner notre pain tranquillement.» A la Rue de France les occupants ne trouvent aucune raison valable au déménagement des commerçants. La voie est totalement dégradée, elle n’est plus empruntée par les véhicules; les commerçants sont en grande partie des jeunes de ce quartier vétuste. «Depuis belle lurette, on nous promet des marchés de proximité. Pour faire mes achats je suis obligé d’aller jusqu’à l’autre bout de la ville. Ces commerces sont utiles, il suffit de les organiser; voilà une belle mission pour nos élus» pense un riverain. Depuis son installation, l’exécutif communal parle de l’ouverture de six marchés de proximité. A ce jour, rien n’est fait. Ne reculant devant rien, les commerçants occasionnels investissent dès 19 heures la placette «Rahim Gualia» pour la transformer en véritable marché aux puces. La commune gagnerait à organiser le commerce dans la ville surtout que le premier magistrat dispose de textes et lois qui le couvrent. L’APC, qui crie à l’insuffisance de ses entrées fiscales, a devant elle une aubaine pour renflouer ses caisses, à moins que l’anarchie qui règne me soit voulue. Précisons que pour la ville de Bouira un seul marché organisé est domicilié dans les locaux de l’ex-Oaic situés au nord de la ville. Celui de Draâ El Bordj a été déserté par ses occupants qui contestent le coût de la location estimé trop élevé. Le choix du lieu d’implantation est important. L’ex-marché de la gare est un bon exemple. A son arrivée, le wali avait pris la décision de délocaliser le grand marché informel de la gare en contre-bas de l’ex-medersa. Pour préserver l’intérêt des commerçants dont plusieurs n’avaient aucune autre ressource pour subvenir aux besoins de leurs familles, les bénéficiaires ont été affectés dans les locaux de l’ex-souk el fellah au centre-ville après avoir régularisé leurs activités auprès de la direction du commerce. Trois années après, sur les 18 locaux disponibles, seul un commerçant continue à occuper les lieux et exerce après avoir investi plus de 60 millions de centimes dans la réfection et l’aménagement du fonds. En décidant de chasser les commerces informels de la voie publique, l’autorité montre une volonté de maîtriser une situation que ce même exécutif politique a encouragée il y a quelque temps. Une solution durable, équitable doit être mise en place parce que dans quelques jours les jeunes reviendront occuper la rue.