La campagne contre le commerce informel engagée par les pouvoirs publics est toujours accueillie avec scepticisme par l’opinion publique. Beaucoup pensent qu’il s’agit d’une mesure conjoncturelle qui ne va guère résister à l’épreuve du temps.
Mais le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, vient à partir d’Oran où il avait réuni les walis de la région de l’Ouest, de fixer un délai à cette opération tout en apportant une précision sémantique : «Il ne s’agit pas d’éradication mais de résorption» du commerce informel.
Une précision sémantique toutefois qui ne nous fait pas trop avancer dans notre quête du savoir puisque le dictionnaire Larousse affecte aux deux mots une même origine médicale. L’éradication est l’«extirpation complète d’un organe ou d’une tumeur» alors que la résorption est la «disparition par absorption ou atrophie progressive d’un épanchement pathologique, d’une tumeur, d’un corps étranger, d’un organe». N’empêche que du conclave oranais, une information de taille a filtré.
L’opération de résorption du marché informel suivra son cours jusqu’au printemps 2013. Tout doit être réglé avant le Ramadhan prochain a dit Ould Kablia. La stratégie du gouvernement Sellal qu’on peut déduire des paroles de son ministre de l’Intérieur, semble consister en un plan de réalisation de 534 marchés de proximité, la réhabilitation de ceux existants ainsi que le lancement des marchés de gros.
A peu près 700 000 commerçants sont recensés dans l’informel, ce chiffre officiel est peut-être en deçà de la réalité au vu de l’impact qu’il a sur le chômage que le Premier ministre Sellal a du reste évalué à 9 % lors de son passage devant les députés de l’APN.
Dans l’imaginaire populaire, le marché noir est associé aux gros bonnets qui auraient leurs entrées dans les sphères de décision de l’Etat. Le fait que les responsables ne soufflent mot sur cette question, alimente les doutes. Est-ce que les gros bonnets pourront se passer des trottoirs pour faire écouler leurs marchandises, s’interroge-t-on.
D’aucuns attendent de voir quelles retombées auront ces mesures sur le trafic des pétards à l’occasion de la célébration annuelle de la fête du Mouloud. Malgré de nombreuses saisies, ce commerce très lucratif qui repose sur l’importation de produits pyrotechniques ramenés par conteneurs de l’Asie dont notamment la Chine, a défrayé la chronique.
C’est une marchandise qui, bien qu’éphémère et consommable à souhait, n’en est pas moins «parlante». Son succès tient aussi au fait qu’en pareille circonstance, l’Etat s’est tenu à distance par rapport à une célébration qu’il pouvait bien encadrer en érigeant des espaces de pyrotechnie sécurisés non nocifs à la santé publique.
LARBI GRAÏNE