Commerce extérieur: Une gestion tâtonnante

Commerce extérieur: Une gestion tâtonnante

Acculés, les pouvoirs publics se sont mis à décider d’une chose et son contraire en l’espace de quelques mois, voire quelques semaines.

Le gouvernement a, au bout du compte, décidé de  faire machine arrière concernant sa politique de restriction des importations. En effet, selon le ministre du Commerce, Saïd Djellab, l’interdiction des importations sera remplacée par un nouveau mécanisme de contrôle, prévu par l’avant-projet de loi de finances complémentaire (LFC-2018).

S’exprimant mardi lors, d’une visite à Bouira, le ministre du Commerce a précisé que, dans le cadre de la loi de finances complémentaire 2018, “nous avons ainsi proposé le droit additionnel qui est le seul instrument prédominant”, ajoutant, “il n’y aura pas de produits interdits puisque tous les produits interdits à l’importation auparavant seront versés dans le droit additionnel, c’est-à-dire, qu’ils seront découragés par des taxes allant de 30 à 200%”. Il s’agit d’un énorme revirement dans la politique du gouvernement dite d’encadrement des importations, choix censé faire économiser au pays des devises.

Depuis le début de l’année en cours, le gouvernement Ouyahia avait introduit plusieurs mesures de restriction aux importations en substitution au dispositif des licences. Parmi ces mesures, l’interdiction provisoire de l’importation de 851 produits.

Une liste qui, paradoxalement, a été élargie à 877 produits il y a quelques jours. Par ailleurs, au moment où, en début de ce mois, le ministre du Commerce évoquait pour la première fois l’introduction dans la LFC-2018 d’une taxe douanière supplémentaire provisoire sur les importations des marchandises finies, il a gelé les opérations d’importation des produits cosmétiques. Pour faire face à la chute des cours du pétrole et limiter les importations, les pouvoirs publics ont fait une fixation sur le commerce extérieur national en instituant une gestion purement administrative pour le contrôler, faite essentiellement d’interdiction. Cela a commencé par les licences d’importation pour ensuite passer aux listes de produits interdits d’importation. En somme, une interdiction remplace une autre. Acculés, les pouvoirs publics se sont mis à décider d’une chose et son contraire en l’espace de quelques mois, voire quelques semaines. Et à chaque remise en cause, le même argumentaire est avancé, à savoir que le dispositif est conjoncturel ou qu’il n’a pas atteint ses objectifs.

C’était le cas avec la suppression des licences d’importation en début d’année et c’est aujourd’hui le cas avec la suppression de la liste des produits interdits à l’importation. Cette façon de procéder faite de tâtonnement et d’approximation, autant elle l’était avec la suppression des licences d’importation. Cette levée de l’interdiction d’importation semble logique, d’abord, de par les résultats médiocres obtenus, ensuite, parce que contraire aux principes du libre exercice du commerce mondial.

Il faut signaler que dès le début, de nombreux experts et opérateurs économiques ont affiché clairement leur défiance vis-à-vis des solutions administratives et plaidaient en faveur d’un traitement économique de l’envolée des importations. La plupart d’entre eux exprimaient leur scepticisme à propos des décisions administratives, licences et autres interdictions, en soulignant qu’une modulation des droits de douane et des taux de TVA serait l’option la plus appropriée pour orienter la consommation vers la production nationale et décourager l’importation de produits de luxe ou jugés “superflus”. Ils sont aujourd’hui rejoints, partiellement, par le ministre du Commerce lui-même. Mais, après combien de temps perdu.