L’excédent commercial de l’Algérie s’amenuise davantage. Il a chuté de 23% durant les dix premiers mois de l’année en cours, comparativement à la même période de l’année écoulée. L’excédent s’est établi ainsi à seulement 5,86 milliards de dollars (mds usd) durant les dix premiers mois de l’année 2014, contre 7,63 mds usd à la même période de 2013. C’est ce qui ressort de la dernière livraison statistique rendue publique hier par les services des Douanes algériennes.
L’amenuisement de l’excédent commercial était prévisible dans la foulée de la hausse effrénée des importations et de la contraction des recettes en devises provenant de la seule vente d’hydrocarbures. Les voyants sont au rouge, plaçant le gouvernement devant ses responsabilités par rapport à la gestion des finances du pays. L’organe statistique des Douanes algériennes a confirmé hier la dérive des importations, loin de la trajectoire raisonnable que doit se fixer un pays en période de vaches maigres.
Les importations ont évolué à une allure incontrôlable, pendant que les ventes algériennes à l’extérieur n’ont enregistré qu’une infime évolution de 1,04%. Les chiffres du Centre national de l’informatique et des statistiques (Cnis) des Douanes sont formels et témoignent, encore une fois, de la fièvre dépensière opiniâtre qui menace la santé financière du pays. Ainsi, de janvier à octobre 2014, les importations ont augmenté à 48,6 mds usd, contre 46,25 mds usd, marquant une hausse de 5,1%.
Ces résultats se sont traduits par une baisse de 5 points du taux de couverture des importations par les exportations en s’établissant à 112% contre 117% durant les dix premiers mois de 2013. Les exportations du pays, essentiellement en hydrocarbures pour près de 96%, se sont établies à 54,46 mds usd, contre 53,89 mds usd à la même période de 2013 (hausse de 1,04%). Dans la foulée du fléchissement des cours du Brent, les recettes du pays en devises ont connu presque une stagnation durant les dix premiers mois de l’année en cours. Les revenus tirés de la vente des hydrocarbures n’ont enregistré qu’une légère amélioration de l’ordre de 0,11%. La plus importante chute des prix du pétrole, soit de 30% entre juillet et novembre, n’est pas prise en compte dans le calcul des variables des recettes encaissées. Le taux de baisse sur lequel est calculée l’estimation des revenus était de 11%, soit depuis janvier. Le Cnis lève le voile ainsi sur un tableau de bord dont les voyants sont au rouge depuis plusieurs années déjà, mais dont la sonnette d’alarme retentit avec fracas.
Le débat sur la baisse des recettes et la hausse immodérée des importations va à coup sûr rebondir avec acuité dès l’année prochaine, dans la perspective d’une chute durable des prix du pétrole, si l’on se réfère aux pronostics les plus fiables en la matière. Pendant ces temps de faibles recettes, l’Algérie continue à brûler la chandelle par les deux bouts, s’adonnant à des achats dont la facture est pour le moins suicidaire. Pour ne citer que quelques groupes de produits les plus budgétivores, les produits alimentaires culminent au-dessus des 9,49 mds usd (+17,86%), les biens d’équipements industriels avec 15,46 mds usd (+14,50%) et les biens d’équipement agricole avec 532 millions usd (+28,5%). Et sur la liste des pays partenaires, la Chine s’impose à nouveau sur le haut du podium des premiers fournisseurs de l’Algérie. Une position qui en dit long sur la structure des importations.