Commerce extérieur : l’Algérie bascule dans le rouge avec un déficit de 269 milliards DA (ONS)

Commerce extérieur : l’Algérie bascule dans le rouge avec un déficit de 269 milliards DA (ONS)
Commerce extérieur Algérie – Rapport T1 2025 de l’ONS

Au premier trimestre 2025, l’Algérie a vu sa balance commerciale repasser en territoire négatif, mettant fin à la dynamique excédentaire amorcée en 2024. Le pays enregistre un déficit de 269 milliards de dinars, selon les données publiées par l’Office national des statistiques (ONS).

Ce glissement, souligné dans le dernier rapport de l’ONS, marque un changement net par rapport à la même période de l’année précédente, où l’Algérie enregistrait encore un excédent de 114,3 milliards de dinars.

Cette dégradation résulte d’un double phénomène. Le repli des exportations, combiné à une forte accélération des importations, a creusé un déséquilibre commercial durable.

Repli des exportations : les hydrocarbures en première ligne

Les exportations algériennes ont accusé une baisse de 5,8% en valeur, passant de 1 610,6 milliards de dinars au T1 2024 à 1 517,9 milliards au T1 2025. Ce recul s’explique par une double pression. Une baisse des volumes exportés (-4%) et un repli des prix (-1,8%).

L’ONS précise que cette tendance est particulièrement marquée sur le secteur des hydrocarbures, qui reste le pilier des exportations nationales :

  • Les prix des hydrocarbures ont fléchi de 2,5%.
  • Les volumes exportés ont chuté de 2,9%.
  • Les exportations hors hydrocarbures ont, quant à elles, plongé de 16%, malgré une hausse des prix de 5,8%.

Ce dernier point traduit un essoufflement préoccupant de la diversification des exportations, encore limitée face aux variations du marché mondial des matières premières.

Aperçu global des échanges extérieurs de marchandises au 1er trimestre 2025

Aperçu global des échanges extérieurs de marchandises au 1er trimestre 2025 – Source : ONS

Hausse des importations : un redémarrage sous contraintes

À l’inverse, les importations ont fortement accéléré. En valeur, elles atteignent 1 787,2 milliards de dinars, contre 1 496,3 milliards un an plus tôt, soit une hausse de 19,4%. En volume, la progression est encore plus marquée : +25,2%.

Plusieurs catégories de produits tirent cette dynamique :

  • Boissons et tabacs : +54,1% en valeur
  • Combustibles minéraux, lubrifiants : +47,4%
  • Huiles et graisses : +18%
  • Articles manufacturés divers : +15,9%
  • Produits alimentaires et animaux vivants : +1,9%

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Paradoxalement, certaines catégories ont reculé :

  • Machines et matériels de transport : -19,8%
  • Articles manufacturés divers : -17,2%
  • Matières brutes non comestibles sauf carburants : -1,2%

Le volume total des importations progresse donc, malgré des prix globaux à la baisse (-4,6%), ce qui souligne une hausse réelle de la consommation ou des besoins industriels.

Fait notable, le volume des boissons et tabacs importés chute de 35,5%, traduisant un effet de rattrapage en valeur, probablement lié à une flambée des prix sur cette catégorie précise.

Variations trimestrielles des indices de prix à l’importation et à l’exportation

Variations trimestrielles des indices de prix à l’importation et à l’exportation – Source : ONS

Une balance commerciale dans le rouge, malgré un indice des termes de l’échange en légère hausse

La conséquence directe de ces évolutions déséquilibrées est visible sur la balance commerciale, qui affiche un déficit de 269,3 milliards de dinars. Le taux de couverture, qui compare les exportations aux importations, s’effondre, passant de 107,6% à 84,9% en un an.

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Cependant, l’ONS signale une évolution plus favorable sur le plan des termes de l’échange. Ils s’améliorent, atteignant 133% au T1 2025, contre 129% un an plus tôt. Cette hausse de 3,1% indique que, malgré la baisse des volumes et des prix sur certains postes, la valeur relative des exportations reste globalement supérieure à celle des importations. Mais cet indicateur reste insuffisant pour compenser le déséquilibre structurel observé.

Tendances générales et perspectives : une dépendance toujours forte aux hydrocarbures

Ce premier trimestre 2025 expose les fragilités persistantes de la structure commerciale algérienne. La dépendance aux hydrocarbures reste dominante, avec des performances hors hydrocarbures encore trop faibles pour amortir les chocs extérieurs.

En résumé :

  • Les exportations reculent, tirées vers le bas par les hydrocarbures.
  • Les importations explosent, en volume et en valeur, malgré la baisse des prix.
  • La balance commerciale bascule dans le déficit.
  • Les termes de l’échange s’améliorent, mais de manière insuffisante.
  • La diversification des exportations reste un défi à relever.