Les importations algériennes, en croissance fulgurante, risquent d’atteindre un seuil dangereux pour l’économie nationale. Plusieurs voix s’élèvent et appellent à une solution urgente, pour abaisser la facture des importations qui a atteint plus de 37 milliards de dollars en 7 mois.
C’est l’avis notamment de l’expert en questions économiques, Mahdjoub Beda qui livre son analyse sur cette problématique. Selon lui, « la tendance haussière des importations ne peut être expliquée seulement par la hausse des achats de biens d’équipements industriels, liés à la mise en œuvre des plans de soutien à la croissance. »
En comptabilisant les services, les importations de l’Algérie vont engloutir environ 75% des recettes de l’Etat cette année et qui devraient atteindre selon les prévisions 75 milliards de dollars, estime l’économiste pour qui la situation est inquiétante. Car, les exportations pétrolières sont en baisse et celles hors hydrocarbures restent insignifiantes.
Mahdjoub Beda propose des mesures pour réduire les dépenses en devises et mettre fin aux surestaries des navires, dont les coûts sont transférables en devises aux consignataires étrangers. A titre d’illustration, cet observateur estime qu’un séjour en rade d’un navire coûte entre 8.000 et 12.000 dollars par jour. Par ailleurs, d’autres services liés à l’activité du commerce extérieur sont facturés en devise. A l’image de la réassurance à l’international des actifs des grandes compagnies nationales, qui engloutit également une part importante des devises et alourdit la facture de l’importation des services qui avoisine les 11 milliards de dollars annuellement.
L’expert qui a accordé un entretien à l’APS donnera également un avis sur le crédit documentaire imposé aux opérateurs de l’import-export. Selon lui, le Credoc (crédit documentaire) a été imposé en 2009 comme seul moyen de payement des importations dans le but d’assurer une meilleure traçabilité des opérations du commerce extérieur. Mais il n’a pas réussi pour autant à détecter les scandales des majorations de factures révélés en 2012.
Aussi, estime Mahdjoub Beda, le problème réside ailleurs puisque les mêmes pratiques de fraudes ont été enregistrées quand le moyen de transfert libre était en vigueur. Dans cette optique, « il y a nécessité de revoir quelques aspects de la réglementation régissant le commerce extérieur mais sans renoncer au principe de son ouverture car le verrouillage n’est pas la solution idoine dans le contexte de la mondialisation des échanges », estime l’économiste.
Mahmoud Chaal