Commerce du « cabas » : Tebboune fixe la date de la régularisation

Commerce du « cabas » : Tebboune fixe la date de la régularisation
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Dans quelques jours, un décret présidentiel viendra sceller le sort des petits importateurs non déclarés. Souvent désignés sous le nom évocateur de commerçants du « cabas ».

Longtemps laissés à la marge, parfois traqués, les « trabendistes » vont prochainement être intégrés au circuit officiel, dans un effort de structuration inédit. La décision, portée par le président Abdelmadjid Tebboune en personne, marque un tournant politique et économique. Celui de la reconnaissance, plutôt que de la répression.

Une réunion au sommet, tenue ce dimanche 22 juin, a permis d’avancer sur les contours juridiques de cette intégration. Le décret, désormais finalisé, sera publié avant la fin du mois en cours. Il vient concrétiser une volonté exprimée dès le conseil des ministres du 18 mai dernier. Où le chef de l’État avait instruit son gouvernement de « régler de manière globale et définitive » la situation de cette jeunesse active, mais invisible dans les radars administratifs.

Commerce du « cabas » : une économie bien ancrée dans les réalités du marché

Les commerçants du « cabas » n’ont jamais cessé d’alimenter les marchés algériens. À bord de valises pleines, souvent ramenées de Turquie, de Chine, des Émirats ou encore d’Europe, ils introduisent en petites quantités des marchandises variées (cosmétiques, textiles, téléphones portables, confiseries) qui échappent aux barrières douanières classiques.

Face à la rigueur des restrictions sur certaines importations, ces auto-importateurs ont su contourner les contraintes. Avec une agilité qui, jusqu’ici, relevait plus de la débrouillardise que d’une activité régulée. Résultat, une concurrence informelle, mais massive pour les circuits de distribution classiques, et un manque à gagner fiscal pour l’État.

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Les contrôles douaniers et commerciaux, de plus en plus fréquents ces derniers mois, ont contribué à fragiliser cette économie parallèle. Mais plutôt que de durcir encore la répression, le président Tebboune a opté pour un virage politique fort. Officialiser et encadrer ces pratiques, en tenant compte de la situation socio-économique de ceux qui les exercent.

Le décret pour donner un cadre légal à l’auto-importation sera publié fin juin 2025

Selon le communiqué du conseil des ministres du 18 mai, cette initiative vise explicitement à protéger les jeunes impliqués dans ce commerce de survie : « Par souci de la situation des différentes franges de la jeunesse, le président de la République a ordonné un règlement global et définitif de la situation des jeunes travaillant dans l’auto-importation et leur protection par leur intégration dans l’activité régulière du commerce extérieur, en leur accordant les avantages prévus par la loi de l’auto-entrepreneur. »

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Ce choix stratégique repose sur deux objectifs principaux :

  • Intégrer les commerçants du cabas dans le tissu économique formel afin de les faire bénéficier d’un statut légal, avec accès aux dispositifs de soutien et de financement prévus pour les auto-entrepreneurs.
  • Encadrer les flux d’importation actuellement non déclarés, afin de mieux contrôler la qualité des produits introduits sur le marché et d’en sécuriser la traçabilité.

La réunion du 22 juin, présidée directement par le chef de l’État, a permis d’avancer sur les dispositions techniques du décret. Si la composition précise des participants à cette rencontre n’a pas été dévoilée. La présidence a confirmé que le texte serait publié dans les jours à venir. Ouvrant la voie à la régularisation progressive de milliers de petits importateurs à travers le pays.

Une transition délicate, mais potentiellement bénéfique

Si cette régularisation est saluée comme une mesure pragmatique et porteuse d’espoir pour une jeunesse souvent livrée à elle-même. Elle pose également des défis de mise en œuvre. Comment identifier, accompagner, puis intégrer ces milliers de micro-acteurs dispersés ? Quel dispositif fiscal leur appliquer sans les dissuader de sortir de l’informel ? Comment réguler un marché aussi dynamique sans en briser les ressorts ?

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La réussite de cette transition dépendra en grande partie de la clarté du décret à paraître. Mais aussi de la capacité des institutions locales à proposer un accompagnement administratif, logistique et financier à la hauteur des enjeux.