Commerce des produits contrefaits,Des cosmétiques saisis sont en vente

Commerce des produits contrefaits,Des cosmétiques saisis sont en vente
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Outre l’abondance des produits cosmétiques contrefaits qui inondent marchés et magasins, la commercialisation de ces produits dangereux prend aussi d’autres voies qui les acheminent plus intelligemment vers les clientes.

Plusieurs réseaux qui activent dans l’informel, font leurs petites entreprises de cette marchandise saisie ou importée par des opérateurs privés à des prix bas et portant des noms de grandes marques.

Les réseaux recrutent souvent des vendeuses qui font du porte-à- porte. La marchandise s’écoule au nom des marques originales accompagnée généralement de la phrase «c’est de la première main Madame !» En effet, cette pratique et d’après les témoignages de quelques vendeuses du porte-à-porte s’avère lucratif pour les patrons de ces réseaux qui écoulent la marchandise saisie. «Des cosmétiques qui portent les noms de grandes marques qu’on trouve dans les marchés de 100 à 300 Da, nous les revendons de 500 à 2 000 Da dans des quartiers bien choisis, comme la rue et les entreprises…» a témoigné une vendeuse qui travaille pour le compte d’un commerçant qui a son magasin de stock dans un quartier populaire algérois.

Ces trabendistes recrutent des vendeuses, leur apprennent les speeches tout comme le font les entreprises qui travaillent légalement dans ce domaine, et les paient à 15 000 Da/mois en plus des primes. Chômage et besoins obligent, ces vendeuses s’investissent totalement dans ce commerce même si elles sont convaincues qu’elles travaillent dans l’arnaque. Nassima, étudiante âgée de 22 ans, raconte avoir écoulé des quantités importantes de cosmétiques contrefaits «à force de travailler et de maîtriser les speeches de la présentation du produit à la cliente.

Nous n’avons aucune difficulté à la convaincre. Parfois, des clientes achètent juste après la présentation du produit et avant même de vérifier la marchandise» indique-t-elle. Par ailleurs et contrairement aux vendeurs de porte-à-porte des vendeuses travaillent pour le compte de quelques entreprises étrangères qui font la promotion de leurs marchandises légalement, c’est-à-dire, que les vendeurs et vendeuses travaillent avec des badges qui indiquent le nom et l’adresse de l’entreprise en plus du principe «satisfait ou remboursé».

Les réseaux qui commercialisent les cosmétiques contrefaits travaillent dans l’anonymat. Habitées par l’idée «la marque est synonyme de qualité», les clientes payent cher le prix d’une marchandise débarquée de Chine, Dubaï ou Syrie… une femme ayant été déjà prise dans cette arnaque nous raconte que l’application d’un mascara qu’elle a acheté à 1000 Da de ces vendeuses lui a provoqué une allergie aux yeux.

«Quelques minutes après l’application de ce mascara Bourjois j’ai senti des picotements dans les yeux. Je ne l’ai plus utilisé et me suis rendue compte que j’ai été arnaquée» a regretté cette femme. Cet exemple n’est malheureusement pas unique, puisque les clientes qui se font arnaquées sont légion. D’autant qu’elles n’ont pas un grand choix entre l’arnaque de ces réseaux et le grand bazar de produits contrefaits qui se trouvent dans les marchés et les magasins.

En Algérie, le laisser-aller relatif à l’importation et la commercialisation des produits contrefaits se reflète dans cette anarchie ravageuse qui remplit de tout et de n’importe quoi les marchés sans exception pour aucun secteur, et ce ne sont pas les discours qui abordent la lutte contre la contrefaçon qui manquent en Algérie, mais leur concrétisation sur le terrain.

Par Yasmine Ayadi