Commerce des déchets ferreux et non ferreux,Les lingots de la discorde

Commerce des déchets ferreux et non ferreux,Les lingots de la discorde

Une décharge publique des déchets ferreux ,Le recyclage des déchets ferreux et non ferreux est une activité très juteuse.

Depuis que les autorités algériennes, sur la foi de rapports concordants, ont mis en cause certains opérateurs, qui se seraient sucrés sur le dos des contribuables en amassant des fortunes colossales, et décidé de suspendre les exportations des déchets ferreux et non ferreux, l’activité a reçu un très rude coup, fatal pour des milliers de collecteurs, car si les opérateurs ont réussi dans leur entreprise c’est en partie grâce aux collecteurs. Considérés comme la cheville ouvrière de ce métier, les collecteurs essaiment les décharges publiques qui constituent pour eux une sorte de caverne d’Ali Baba où ils se rendent quotidiennement pour s’approvisionner. Vélos abandonnés, machines à laver encore en état de marche, vieux meubles, miroirs, robinets, câbles en cuivre, barres de plomb ou en aluminium, éviers et ustensiles de cuisine, pièces pour voitures et objets encombrants, on trouve pratiquement de tout dans ces décharges. D’un commun accord avec les opérateurs qui sont indirectement leurs employeurs, les collecteurs trient les déchets en ne gardant que les objets et autres métaux ferreux susceptibles d’être vendus sur le marché. Une transaction qui s’effectue souvent à leurs dépens car la marchandise, une fois traitée et transformée en lingots, sera revendue cent fois plus cher sur le marché. Un marché très juteux qui rapportait chaque année plus de 700 millions de dollars. Selon certaines indiscrétions, cette activité a créé plus de problèmes qu’elle n’en a résolus. A commencer par les 40.000 personnes qui en vivaient et dont la majorité n’était pas déclarée à la sécurité sociale. Travaillant au noir, ils étaient exposés à certaines maladies, particulièrement les enfants qui ont déserté les bancs de l’école pour aider leurs familles. Seconde victime, le fisc dont les déclarations qui lui parvenaient n’étaient pas conformes aux montants des transactions effectuées. Un manque à gagner qui se chiffrerait à des milliards de dinars. Il y a ensuite les vols de câbles en cuivre qui ont affecté bon nombre d’organismes publics et qui leur ont occasionné d’énormes pertes. Le tort des opérateurs, c’est de s’intéresser uniquement à l’argent en omettant de vérifier si la marchandise a été récoltée légalement ou volée. Devant le nombre sans cesse croissant de plaintes pour vol de câbles en cuivre et afin de mettre un terme à l’anarchie qui régnait dans le commerce des déchets ferreux et non ferreux, l’Etat algérien a été obligé de suspendre les exportations. Une décision que les opérateurs ont considérée injuste parce que la collecte et la vente des déchets ferreux sont leur seul gagne-pain. Beaucoup affirment avoir loué un terrain pour y entreposer leur marchandise et que la mesure prise par les autorités les a mis tous sur la paille. «J’ai loué un terrain pour 60 millions de centimes par mois. Depuis que la mesure de suspendre les exportations est entrée en vigueur, je me suis retrouvé avec des dizaines de tonnes de déchets ferreux entre les bras», nous a dit un jeune opérateur. Abondant dans le même sens, un autre a adressé un appel de détresse aux responsables concernés pour qu’ils l’aident à se débarrasser de «cette montagne de déchets qui enlaidit le paysage.» Des mesures sont annoncées pour les prochains mois en vue d’assainir le secteur et permettre aux milliers de collecteurs de trouver de nouveau un travail.