Comment Sonelgaz et GE ont créé l’usine de turbines des hauts plateaux

Comment Sonelgaz et GE ont créé l’usine de turbines des hauts plateaux

Tout a commencé en 2013 par ce qui semblait être un rêve impossible : faire de Batna, ville des hauts plateaux d’Algérie, le site d’un futur centre de fabrication, d’assemblage, de service et de réparation de pointe pour le secteur de la production d’électricité.  Il s’agissait aussi de faire de ce centre une référence non seulement pour le pays, mais pour tout le continent africain.

Ce rêve est devenu réalité avec l’inauguration de GE Algeria Turbines (GEAT), une joint-venture entre Sonelgaz, la compagnie algérienne d’électricité et de gaz, et General Electric. Fin 2020, l’entreprise a déployé les deux premières turbines à gaz GE 9FA assemblées en Algérie dans le respect des normes de qualité internationales les plus élevées ainsi que celles relatives aux règles HSE.

Pour le PDG de Sonelgaz, M. Chahar Boulakhras, « Nous considérons GEAT comme un projet stratégique pour Sonelgaz et pour l’Algérie. Tout d’abord, parce qu’il nous permet de construire la chaîne de valeur de la production d’électricité au niveau local. Ensuite, parce que GEAT est un modèle édifiant de ce à quoi peut ressembler un transfert de savoir-faire et de technologie. Nous nous sommes beaucoup investis dans ce projet qui témoigne de la réussite de notre politique industrielle. Nous sommes fiers de cette réussite. Nous sommes surtout fiers de contribuer à éliminer les zones d’ombres de notre vaste pays, à développer les régions isolées, à créer des emplois et de la richesse localement et à ouvrir la voie à d’autres projets à venir. »

Pour GE, GEAT est le prolongement naturel d’un engagement de plusieurs décennies envers l’Algérie, notamment pour contribuer au développement de son secteur énergétique. Joseph Anis, PDG de GE Gas Power pour l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique explique : « Chez GE, nous sommes habitués à relever des défis complexes et de grande envergure. Mais GEAT avait dès le départ une saveur particulière: ce projet avait le potentiel de renforcer les capacités locales et de ‘localiser’ des processus industriels complexes en Algérie. Grâce à GEAT, nous contribuons à renforcer davantage l’écosystème énergétique du pays et à soutenir les objectifs nationaux de développement socio-économique. »

Samir Bouabba était là au tout début du projet, contemplant la vaste étendue rocheuse de Ain Yagout, près de Batna, dans les hauts plateaux de l’Algérie. Il était loin de se douter que cette plaine balayée par le vent se transformerait en un brillant exemple de transfert de technologie et de compétences.

« En 2014, en tant que Directeur des services financiers de GE pour l’Afrique du Nord, j’ai fait partie d’une équipe chargée de mettre en place la coentreprise avec Sonelgaz. J’ai immédiatement compris le potentiel de ce projet et j’ai demandé à être nommé Directeur Financier de GEAT en 2016, pour devenir finalement son Directeur Général en 2019. »

Mais faire fleurir des turbines au milieu des Hauts-Plateaux d’Algérie ne fut pas une mince affaire. Cela a demandé persévérance et résilience face à de nombreux obstacles.

Relever tous les défis

Le premier défi consistait à achever l’usine et à mettre en place les équipements dans le respect du budget, tout en maintenant des paramètres internationaux stricts en matière de qualité, d’environnement, de santé et de sécurité. Le site de GEAT fut finalement achevé en mars 2020, après 2,7 millions d’heures de travaux de construction et d’installation des équipements.

Le deuxième défi était le recrutement des équipes et le transfert de savoir-faire. C’est ce dont Samir Bouabba est le plus fier. « Les équipes qui ont récemment assemblé les deux premières turbines à gaz sont à 100% recrutées localement. Elles se considèrent comme des ‘forces spéciales’ qui ont relevé ce qui semblait être autrefois un défi insurmontable. Elles ont un esprit d’équipe incroyable et sont fières de ce qu’elles ont accompli. » Déclare-t-il. Aujourd’hui, GEAT emploie jusqu’à 140 Algériens et devrait créer jusqu’à 200 emplois supplémentaires d’ici 2024.

Le personnel local a bénéficié de plus de 30.000 heures de formation dans les domaines de l’hygiène et de la sécurité au travail, de l’ingénierie, de la fabrication, du leadership et de la gestion dans des instituts publics et privés en Algérie, ainsi que dans les installations de GE en France, en Inde et en Hongrie. Des concepts tels que le « Lean » sont entrés dans la “langue commune” partout chez GEAT. La méthodologie « Lean » est un système d’amélioration continue qui permet d’identifier et de réduire le gaspillage dans les processus et d’augmenter la valeur pour les clients. L’équipe a également appris l’importance de privilégier la sécurité au travail avant tout. 

Il a cependant fallu surmonter un autre défi avant de pouvoir voir les turbines sortir de l’atelier: la pandémie de COVID-19. Samir Bouabba et son équipe avaient un objectif qu’ils voulaient absolument tenir: terminer l’assemblage de deux turbines à gaz en 2020. Comment faire, alors que la pandémie venait de tout bouleverser?  Les activités ont dû cesser pendant plusieurs mois, et les experts GE qui devaient se rendre en Algérie pour mener les certifications finales se sont trouvés dans l’impossibilité de venir au vu de la fermeture des frontières.

« Malgré cela, nous étions déterminés à atteindre notre objectif, » se souvient Samir. « Une fois les restrictions assouplies, nous avons consacré des heures supplémentaires pour achever les unités en 2020, tout en respectant des protocoles de sécurité stricts pour prévenir la propagation du coronavirus. Nous avons également été en contact permanent avec les autorités locales, de sorte qu’au final nous avons pu bénéficier de leur aide pour faire venir les personnes nécessaires à la certification des turbines dans les délais impartis. »

Ce n’est que le commencement 

GEAT fabrique déjà des composants tels que des conduites et des patins de turbine à gaz, assemble des turbines et des systèmes de contrôle et assure l’entretien des équipements de production d’électricité. Cependant, il y a beaucoup plus à faire pour cette installation, la première du genre en Afrique. « L’exécution crée l’engagement,” est l’un des mantras préférés de Samir Bouabba. « Il ne fait aucun doute que nous avons atteint une étape majeure avec le déploiement des deux premières turbines à gaz, mais ce n’est que le début. »  

Les premiers succès de GEAT ont encouragé toute l’équipe à aller de l’avant et à continuer à développer de nouvelles capacités. « Nous prévoyons de commencer à créer des solutions numériques pour le secteur de l’électricité d’ici 2021 et de commencer à fournir des services de réparation pour les turbines à gaz 9FA de GE pour la première fois en Afrique d’ici 2024. Ceci permettra à la flotte algérienne de plus de 30 unités 9FA d’être réparées sur place à GEAT. Nous sommes en train de changer la perception de ce qui est possible dans le pays et nous nous engageons à repousser encore plus loin la frontière des possibilités, » conclut Samir.