Les effets du printemps arabe semblent se préciser de plus en plus sur le monde arabe, dans les pays de la rive sud de la Méditerranée. Il s’agit de la mise en place de nouveaux régimes «islamistes» qui ne dérangent pas apparemment les puissances étrangères qui avaient dans un passé récent soutenu les régimes «dictatoriaux».
L’Algérie fait partie de cette zone qui a vécu de grandes turbulences depuis décem-bre 2010. Si elle a échappé au même scénario, elle se retrouve entourée par ces nouveaux gouvernants auxquels elle ne peut pas tourner le dos, même si au niveau des frontières le risque reste très élevé avec l’instabilité constatée en Libye et la situation au Nord du Mali.
Ainsi, Alger est en situation de traiter avec ces nouvelles autorités, notamment de Tunisie, de Libye et d’Egypte où les Frères musulmans se déclarent vainqueurs de l’élection présidentielle, en attendant la suite des événements au Mali et en Syrie, sachant que pour le cas de la Mauritanie c’est déjà une République islamique et le Maroc reste sous régime royal malgré le triomphe des islamistes aux législatives.
Dans le contexte du printemps arabe, les positions de l’Algérie ont été qualifiées d’«ambiguës» par plusieurs parties, notamment occidentales, alors qu’il s’agissait de défendre le principe de «non ingérence» dans les affaires internes des pays, sans oublier les enjeux de ces événements.
L’Algérie qui a souffert de son expérience avec les islamistes suite à l’arrêt du processus électoral de 92, est aujourd’hui entourée par des régimes islamistes. Une situation qui ne sera pas sans effets. D’ailleurs, les partis qualifiés «d’islamistes» en Algérie se sont mobilisés dans l’espoir de reproduire le même scénario (montée des islamistes) lors des législatives du 10 mai dernier. Mais le rêve ne se réalise pas toujours.
D’autre part, au niveau des relations extérieures, l’Algérie a déjà entamé la normalisation des relations avec les nouveaux régimes issus du printemps arabe. Pour le cas de la Libye, avec tous les enjeux notamment sécuritaires d’autant que ce pays n’est pas encore stable vu les affrontements entre quelques tribus, le Président Bouteflika lui-même s’est entretenu avec le chef du Conseil de transition libyen, Mustapha Abdeldjalil, par la médiation de l’Emir du Qatar en marge du Sommet du gaz.
Des entretiens qui s’inscrivent dans le cadre du rapprochement avec le nouveau «régime» libyen. Ces entretiens ont été suivis par le déplacement du ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia, qui a confirmé la disposition de l’Algérie à aider la Libye dans le domaine sécuritaire.
A rappeler également la visite de deux jours en Algérie, les 14 et 15 avril derniers, du président du Conseil national de transition libyen, Mustapha Abdeldjalil, à l’invitation de Bouteflika. S’agissant de la Tunisie, l’Algérie a reçu le patron du parti tunisien Ennahdha, Rached Ghannouchi, comme un président. Lors de sa visite à Alger, Rached Ghannouchi a souligné l’importance de la concertation pour l’intérêt de l’Algérie, de la Tunisie et de la région en général.
M. Ghannouchi est le président du parti qui a remporté, avec 89 sièges sur les 217, les élections de l’Assemblée constituante du 23 octobre. Il effectuait à Alger sa première visite officielle à l’étranger depuis sa victoire.
Il a déclaré : «Je suis venu pour des concertations dans l’intérêt de nos deux pays et de la région. Ma visite intervient dans un contexte marqué par des changements très importants en Tunisie».
La Tunisie, premier pays à connaître le printemps arabe avec «la révolution du jasmin», n’a toujours pas retrouvé sa stabilité avec, notamment, la montée des «salafistes». Pour ce qui est de la Mauritanie, les relations ont toujours existé avec cette République islamique ; quant au Maroc, les islamistes qui détiennent la majorité parlementaire ne changeront la position de ce royaume concernant le Sahara occidental.
Il reste le cas de l’Egypte, en attendant la confirmation de la victoire des Frères musulmans à la présidentielle. Cependant le risque vient des frontières, avec la naissance d’un «Etat autonome islamiste» au Nord du Mali. Face à toutes ces nouveaux donnes régionales, un contexte plein d’enjeux, Alger est tenu de se positionner en s’adaptant aux changements.
N. C