Le ministre de l’Énergie a souligné la nécessité de maintenir un niveau des exportations d’hydrocarbures compatible avec les besoins de financement de l’économie nationale à moyen et à long terme.
Le ministre de l’Énergie et des Mines a donné, hier, sur les ondes de la radio Chaîne III, “un certain nombre d’éclaircissements” sur les amendements introduits dans le projet de loi sur les hydrocarbures. “Nos actions s’inscrivent dans une démarche globale pour assurer la sécurité à long terme de l’Algérie”, a expliqué Youcef Yousfi. “Nous constatons que la demande énergétique a atteint un taux qui n’a jamais été égalé jusqu’à présent. Nous consommons environ 40 millions de tonnes d’équivalent pétrole, chaque année. Nous risquons de doubler cette consommation dans dix à quinze ans. La consommation d’électricité connaît un rythme annuel de l’ordre 14 à 18%. Les carburants connaissent une croissance de consommation extrêmement élevée, à deux chiffres, entre 15 et 20%. Donc, la réflexion sur le long terme nous amène à mobiliser toutes les énergies disponibles dans le pays, les hydrocarbures, le charbon, les énergies renouvelables, le nucléaire, en plus des économies d’énergie”, a-t-il argumenté. Le ministre de l’Énergie souligne la nécessité de maintenir un niveau des exportations d’hydrocarbures compatible avec les besoins de financement de l’économie nationale à moyen et à long terme. Du coup, une des priorités du gouvernement est “l’intensification de l’exploration et d’augmentation des réserves dans notre pays”.
Youcef Yousfi évoque également l’investissement, dans les raffineries, de manière à assurer les approvisionnements en carburant du pays à long terme et dans la production de l’électricité, deux autres aspects de la sécurité énergétique. Concernant les hydrocarbures, l’objectif des amendements de la loi vise l’intensification de l’exploration. “Il faut aller explorer dans les régions qui sont peu prospectées actuellement comme le sud-ouest et le nord de l’Algérie et l’offshore. Il faut encourager l’exploitation des petits gisements qui sont à la limite de la rentabilité ou des gisements qui exigent des technologies particulières comme la récupération tertiaire”, explique-t-il. Évoquant en détail les amendements, l’invité de la rédaction de la Chaîne III indique que l’État peut réclamer le paiement de la redevance en nature, gaz ou pétrole, plutôt qu’en espèces, une manière d’assurer “une meilleure sécurité d’approvisionnement”. Le gouvernement a réintroduit le monopole de Sonatrach sur le transport des hydrocarbures. Mais fondamentalement, le gouvernement a gardé la même architecture fiscale. “Nous gardons la même architecture fiscale, c’est-à-dire qu’il y a un certain nombre de taxes que Sonatrach ou les autres opérateurs pétroliers doivent payer à l’État comme la taxe superficiaire (la location de la terre où la production et l’exploration se fait), la taxe sur l’eau, la taxe sur les revenus pétroliers et l’impôt complémentaire sur le revenu ainsi que la redevance”, a indiqué M. Yousfi. Pour autant, des modifications ont été apportées à certaines taxes.
Le taux de la redevance pourra varier d’une région à une autre, alors que de nouveaux critères de passage de la taxe sur le revenu pétrolier (TRP) d’un palier à un autre ont été introduits. Dans la loi 05-07 de 2005, il était basé sur le chiffre d’affaires. “Ce critère a été critiqué par les partenaires parce qu’à l’époque, le prix du baril de brut était de 20 à 30 dollars et il faut produire pendant cinq à sept ans pour arriver à un tel chiffre d’affaires et passer à un autre palier. Mais avec un prix de 100 à 120 dollars et des coûts qui ont explosé, vous atteignez ce chiffre d’affaires en quelques mois”, a argué le ministre.
Dans le nouveau projet de loi sur les hydrocarbures, c’est le taux de rentabilité qui a été retenu dans le calcul de la TRP et non le chiffre d’affaires.
Interrogé sur la taxe sur les profits exceptionnels, le ministre affirme que celle-ci, telle qu’elle a été instituée, concerne uniquement et exclusivement les contrats établis dans le cadre de la loi de 1986. Cependant, le gouvernement a introduit un écrémage de superprofits dans ces amendements. “Quand des conditions favorables sont accordées, on a une redevance relativement raisonnable et un certain nombre d’avantages fiscaux. Mais l’investisseur découvre un gisement immense dans lequel il fait beaucoup de bénéfices et son taux de rentabilité dépasse un certain niveau. Et lorsque ce taux de rentabilité dépasse ce niveau-là, l’État écrème et prend une bonne partie des superprofits pouvant atteindre les 80%”, précise le ministre. Sur l’électricité, M. Yousfi indique que le gouvernement est en train de travailler “pour qu’il n’y ait pas de problème”, soutenant qu’il n’a jamais affirmé qu’“on n’aurait pas de problème”. Le ministre explique que le parc de centrales électriques aujourd’hui est suffisant pour alimenter le pays en énergie électrique en moyenne sur toute l’année. “Nous avons eu un problème, c’est la production pendant quelques heures de pointe, durant les grandes chaleurs”, a-t-il reconnu. “Nous sommes en train de tout faire de façon à construire de nouvelles centrales pour ne pas avoir de problème pendant les heures de grandes chaleurs”, a-t-il annoncé.
Le Talon d’Achille, c’est la distribution. “Nous sommes en retard”, a constaté M. Yousfi. Sonelgaz doit installer 7 000 postes, “rapidement”. Si Sonelgaz ne l’a pas fait, durant des années, “c’est parce qu’on ne lui a pas donné de terrain”, a souligné le ministre de l’Énergie.
M. R