Comment ouvrir les portes à la diaspora ?

Comment ouvrir les portes à la diaspora ?

Suffirait-il à peine de visiter, durant la saison estivale, les ports et aéroports algériens et s’inquiéter des conditions d’accueil de nos émigrés ou bien préparer un terrain propice à recevoir ces Algériens ?

DES USA au Canada, en passant par la France et autres pays d’Europe pour aller jusqu’en Asie et le Moyen-Orient, près de sept millions d’Algériens y vivent dans la recherche d’une fusion avec la mère patrie. Ils représentent aussi une entrée annuelle en devises de plus de 7 milliards d’euros en flux informel. Les chiffres formels sont inconnus.

De quels moyens et budget dispose le ministère de tutelle pour faire face aux préoccupations de cette communauté. Comment se comporter avec notre communauté établie à l’étranger ? C’est là une des questions que se pose le département de M. Halim Benatallah, secrétaire d’Etat auprès du ministère des affaires étrangères chargé de la communauté nationale à l’étranger invité, hier, par la commission parlementaire des affaires étrangères à faire le point sur la situation

de la communauté algérienne à l’étranger . Cette diaspora, représente, selon M. Benatallah, 1,7 million d’Algériens inscrits auprès de nos missions consulaires, continue à être mal cernée. Entre « privation et ambition » comme l’a souligné M. Benatallah, les Algériens établis à l’étranger continuent à être balancés en

attendant une prise en charge effective. Leurs problèmes sont nombreux et complexes. Ils vont de la question de l’identité au problème de la xénophobie et du

racisme auquel ils font face, au rapatriement des dépouilles, jusqu’à l’inquiétante question du recours à la double nationalité. Autant de questions survolées

tout au long de l’histoire de l’émigration algérienne, livrée à elle-même des décennies durant. Le ministre relève que  » 60% d’Algériens ont opté pour la binationalité ». Ce chiffre « risque d’être revu à la hausse », à en croire M. Benatallah qui avance des taux « de 70 à 80 % pour les années à venir ». Face à ce « phénomène »,

les pouvoirs publics en charge de la question étoffent à peine un travail de réflexion tout en se « félicitant » que cela  » peut être aussi une force vive ». Le travail à faire dans le sens de focaliser la diaspora ne semble pas porter ses fruits, les causes sont simples. Il s’agit d’un manque d’efficacité et de rationalité. Tout semble démontrer que la diaspora et ses problèmes sont devenus plus « puissants » que les tentatives opérées par les représentations diplomatiques, dépassées par les événements au point de

« déplorer la disparition de l’Amicale des algériens en Europe ». Le département de M. Benatallah réfléchit à « améliorer les services consulaires » et compte élaborer « un guide sur les droits et devoirs des émigrés lors de leurs déplacement en Algérie ». Cette absence a, d’ailleurs, incité les compétences algériennes incomprises, à compter sur elles-mêmes en élaborant des réseaux créés par cette élite, notamment dans le cadre de la recherche scientifique. Cependant, les vraies questions demeurent en suspens. Celles relatives à la cristallisation de cette frange de population à commencer par son élite. Comment donc permettre à celle-ci d’entrer en contact avec son pays et le faire profiter de son savoir-faire tant recherché. Comment juguler le flux monétaire circulant en parallèle et exploiter légalement cette manne financière. Le travail commencé par M. Djamel Ould Abbès a-t-il été interrompue et avec lui les projets évoqués concernant les produits de placement notamment, grâce à la création de filiales

des banques publiques algériennes à l’étranger, le développement des produits d’assurance décès par la Cnas, le crédit immobilier destiné à la diaspora en l’absence de filiale sur place, ainsi que les possibilités de facilitations à l’investissement. Comment faire participer cette

diaspora à l’édifice national ?

La « fragilité » de nos compatriotes habitués à évoluer dans un milieu organisé se heurtera probablement à un environnement des plus hostiles. Autant d’interrogations auxquelles ne semble pas en mesure de répondre le ministère des Affaires étrangères.