Mardi 27 janvier. Abdelaziz Bouteflika présidait une réunion restreinte du Conseil des ministres à Zeralda consacrée, comme on le sait, au Sud et aux Hauts-Plateaux.
Autour de lui, bien sûr, son directeur de cabinet, Ahmed Ouyahia, le Premier ministre Abdelmalek Sellal et le vice-ministre de la Défense, Ahmed Gaïd Salah, en plus d’une douzaine de ministres. Les travaux allaient bon train quand, soudain, Bouteflika surprend tout le monde par une sortie qui laissera pantois ! : «Contrairement à certains, Youcef Yousfi est, lui, au moins nationaliste.»
C’est ce que nous révèle une source très bien informée. Personne, autour de la table, n’avait compris cette fracassante sortie. «Lui, il avait pris part à la nationalisation des hydrocarbures en 1971», ajoutera encore Bouteflika au sujet de son ministre de l’Energie. En seize ans de règne, c’est peut-être la première fois que Bouteflika jette des fleurs à un collaborateur, du moins devant témoin.
Qu’est-ce qui a valu cette auguste considération à un Yousfi qui était pourtant, c’est presque de notoriété publique, dans le collimateur de Bouteflika lui-même depuis des mois? Son départ du gouvernement était même annoncé comme le plus certain de tous les autres et prévu lors d’un remaniement que Bouteflika en personne avait annoncé lors de l’avant-dernier Conseil ministériel restreint, consacré début janvier dernier, à la chute des prix du pétrole. «Eh bien, Louisa Hanoune est passée par là», nous révèle encore notre source.
La porte-parole du Parti des travailleurs aurait intercédé en faveur de l’actuel ministre de l’Energie, qu’elle a d’ailleurs défendu publiquement, notamment sur la question de l’exploitation du gaz de schiste.
La patronne du PT n’en est pas à sa première intervention du genre.
Récemment encore, elle était intervenue auprès de Bouteflika pour plaider la cause d’une autre ministre du gouvernement Sellal, celle en charge de la Solidarité nationale, Nouria Meslem, nous confie encore notre source.
Il faut dire qu’en terme d’influence, Louisa Hanoune aura même surclassé, depuis quelque temps, Fatma-Zohra Bitat, réputée très écoutée par le patron d’El-Mouradia. Il faut savoir que, de tout le personnel politique algérien , Louisa Hanoune est la seule à avoir directement accès à Bouteflika. Ce dernier la reçoit régulièrement en audience, même depuis sa seconde maladie et son AVC du 27 avril 2013.
Même le jour de son investiture, en avril 2014, Bouteflika avait reçu Louisa Hanoune en aparté pendant près de deux heures au Palais des Nations à Club-des-Pins. «Hanoune est reçue régulièrement par Bouteflika et même Gaïd Salah, même si ces rencontres ne sont jamais médiatisées, bien évidemment». En réalité, le rapprochement entre les deux parties remonte à l’année 2002.
Le PT prenait part, depuis, à toutes les élections, y compris celles controversées de 2002 et puis, ce rapprochement et cette proximité deviennent flagrants lors des présidentielles. En 2004 et 2014 surtout, les attaques les plus violentes contre le candidat le plus menaçant contre Bouteflika, Ali Benflis en l’occurrence, n’émanaient ni du candidat-président, ni de son entourage et soutiens directs, mais de… Louisa Hanoune.
K. A.
