Le quota de pêche de thon rouge attribué à l’Algérie pour 2011 sera de 138 tonnes seulement. C’est presque cinq fois moins qu’en 2010 avec un quota de 680 tonnes. Comment l’Algérie a perdu sa part de thon rouge ?
En dehors du scandale connu, du trafic du thon rouge au large des côtes d’Annaba, l’Algérie vient d’être privé de son quota annuel de cette espèce de poisson. Le quota de pêche de thon rouge attribué à l’Algérie pour 2011 sera de 138 tonnes seulement. C’est presque cinq fois moins qu’en 2010 avec un quota de 680 tonnes. Comment l’Algérie a perdu sa part de thon rouge ? Le ministre de la Pêche et des ressources halieutiques, Abdallah Khenafou, a évoqué
«l’absence des représentants algériens» à la dernière conférence de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (CICTA), pour cause de visas. «Cette année, nous n’avons pas été présents à la réunion de la CICTA pour faute de visas. Nos deux représentants n’ont pas pu avoir les visas à temps de la part du consulat de France», a déclaré jeudi, le ministre de la pêche en marge d’une séance plénière de l’APN. Est-ce la seule raison d’une réduction drastique dans le quota annuel de pêche au thon rouge alloué par la CICTA ? Les vraies raisons sont plutôt ailleurs que cette absence de représentants du ministère. La CICTA qui s’est réunie dans la capitale française pour décider, comme chaque année, des nouveaux quotas de pêche pour certaines espèces menacées dont le thon rouge, a décidé de réduire de 5 % les quotas à pêcher de poisson, passant de 13 500 tonnes en 2010 à 12 900 tonnes pour 2011.
L’Algérie est le premier pays à avoir fait les frais d’une telle décision. Pourtant, «le dossier est bien ficelé et il n’y a aucune raison pour que l’Algérie soit privée de son quota de pêche de thon rouge», a affirmé le ministre. D’après lui, «la décision de réduction du quota de l’Algérie a été prise après des tractations au sein de la CICTA». Le ministre de la pêche reconnaît que la vraie raison de cette décision est de ne pas pouvoir pêcher entièrement le quota de 680 tonnes allouées cette année en raison du manque de thoniers dans le pays. «Ayant constaté que nous n’avons pas pu pêcher notre quota l’année dernière, ils ont décidé de le réduire pour le dispatcher sur 4 pays qui sont la Libye, l’Egypte, le Maroc et la Croatie», a-t-il expliqué. Selon le ministre, l’Algérie a revendiqué auprès de la CICTA son quota annuel de pêche de thon rouge pour l’année 2011. «Nous avons introduit un recours auprès de la CICTA et nous demandons à ce que nous soyons bénéficiaires de notre quota de pêche, le même que celui de l’année dernière», a soutenu le ministre. Et là aussi, l’Algérie semble «très en retard», puisque la décision de la CICTA est irrévocable. En fait, l’Algérie est victime de son incapacité à pêcher le thon. Le ministre a assuré que l’Algérie se prépare pour «essayer de pêcher son quota de thon par les armateurs algériens eux-mêmes, après l’interdiction des sociétés mixtes pour l’exploitation du poisson dans les eaux algériennes». «Nous éprouvons des difficultés. Nous ne disposons pas d’une flottille importante pour pêcher le thon rouge», a reconnu le ministre.
Abdallah Khenafou a rappelé que l’Etat a essayé de prendre en charge ce volet dans le cadre du programme de relance, en accordant des subventions aux armateurs algériens pour l’acquisition de 15 thoniers. Ces armateurs avaient bénéficié d’une aide de l’Etat à hauteur de 60% pour l’acquisition de thoniers. Le ministre a indiqué que l’Etat demandera la restitution de la subvention qui a été accordée aux «pseudo-thoniers». Ces derniers, ajoute le ministre, «n’ont pas rempli les engagements fixés par l’Etat». Il est à souligner que le quota Algérie de thon rouge fait toujours l’objet de toutes les convoitises, et de plus d’un parmi les pays voisins, en raison de son sous-équipement pour ce type de pêche. Un enjeu autour duquel les intervenants dans la grande pêche industrielle se livrent une bataille où l’Algérie a toujours brillé par son absence. Pour l’année 2011, plusieurs pays présents à la réunion de Paris avaient postulé pour les 616 tonnes de thon rouge, représentant le quota de l’Algérie. Et ils ont fini par avoir gain de cause puisque notre pays n’aura finalement droit qu’à 138 tonnes, les 478 tonnes dont a été amputé son quota pour 2011, ont été partagées entre 4 pays : 300 T pour la Libye, 100 T pour la Turquie, 48 T pour la Croatie et 30 T pour l’Egypte.
Par Hocine L.