Depuis janvier passé les services de sécurité de l’Algérois ont réussi à récupérer des dizaines de kilos de cannabis lors des opérations coup-de-poing ou lors des enquêtes ayant abouti aux démantèlements des réseaux de trafic de drogue.
En 2011, la moisson était beaucoup plus importante surtout que les enquêteurs avaient réussi à saisir plus de deux tonnes au cours des opérations anti-stups.
Qui sont ces réseaux ? Comment le kif traité arrive-t-il à s’introduire dans les banlieues algéroises ? Dans quels quartiers activent ces réseaux ? Les enquêtes menées par les services de sécurité ont tout révélé. Voici le récit de quelques unes d’entre elles.
Juin 2011, les éléments de la police judiciaire de la Division Centre, relevant de la sûreté de wilaya d’Alger étaient sur la trace d’un vaste réseau spécialisé dans le trafic de cannabis. Au cours des investigations, les policiers avaient suivi, pendant trois mois, les activités de ce réseau international. Le but des enquêteurs était d’arriver, bien entendu, à l’identification du principal fournisseur, car c’est à ce niveau là qu’il faut frapper.
Au bout d’une surveillance de trois mois, les enquêteurs de la Division Centre de la SWA avaient réussi à localiser un important acheminement de drogue vers Alger-Centre, le lieu de rendez-vous des trafiquants. Les policiers ont tout d’abord mis un dispositif sécuritaire très important dans le cadre d’un plan soigneusement étudié afin de faire tomber le réseau.
Vers 20h00, le 7 juin 2011, les policiers avaient localisé trois véhicules de luxe, conduits par des trafiquants qui étaient au nombre de quatre. Suivant l’itinéraire emprunté par les convoyeurs de kif traité, les policiers étaient en contact permanent avec leurs collègues qui se trouvaient eux à la salle des opérations sise au siège de la sûreté de wilaya d’Alger (SWA).
Au bout d’une heure de surveillance, les trois véhicules se sont arrêtés dans une ruelle à Alger-Centre pour, ensuite, se diriger vers un appartement, cela tout en tenant entre leurs mains des sacs noirs. Après que les quatre trafiquants aient rejoint l’appartement, les éléments de la police judiciaire avaient donné l’assaut. Ici, la récolte sera très bonne, avait exprimé un commissaire de la sûreté d’Alger.
Comment prétendre le contraire, alors que les policiers avaient, lors de cette opération d’investigation, réussi à saisir 140 kg de drogue, 400 millions de centimes (l’argent représentant les revenus de la vente de la drogue), trois véhicules et l’arrestation de l’ensemble des membres de ce réseau international de trafic de stupéfiants.
L’enquête menée avec les quatre personnes arrêtées avait permis aux policiers d’avoir des éléments importants sur l’activité de ce réseau, sur la provenance de la drogue et surtout sur l’identité d’autres trafiquants se trouvant sur l’autre rive de la Méditerranée.
Mieux, l’enquête a révélé que les sacs de drogue provenaient de Tlemcen et d’Oran, ce qui signifie que la plaque tournante de l’activité de cette bande se trouve à l’Ouest. Les quantités de kif arrivent à s’infiltrer à Alger, par la voie terrestre, car les trafiquants utilisent l’autoroute Est-Ouest pour acheminer le kif.
Ces quantités de cannabis partent, par la suite, vers l’Europe, alors qu’une petite partie est vendue dans les quartiers d’Alger. Toujours selon cette enquête, la qualité de la drogue transportée par ce réseau est qualifiée comme étant la meilleure sur le marché. Sur chaque plaquette de 100g, un dessin portant la forme d’une main est visible, selon les experts de la Police il s’agit là de la marque «Khamsa», connue dans les milieux des trafiquants comme étant la meilleure qualité.
D’ailleurs, le prix d’un seul gramme de cette marque de cannabis tourne entre 1.000 et 1.400 DA. Cette drogue entre du Maroc et ce sont les «mkhaznyas» qui la transportent jusqu’à à la frontière pour être, ensuite, livrée aux trafiquants algériens, en activité dans les zones frontalières, telles que Bab Aâssa, Maghnia (Tlemcen).Quant aux trafiquants arrêtés lors de cette opération, ce sont de jeunes personnes, âgées entre 20 et 28 ans. Des chômeurs qui ont été recrutés par leurs «boss» pour de sales missions.
Ce n’est là qu’un petit exemple montrant comment les trafiquants utilisent les quartiers d’Alger pour écouler leur «poison». Ces derniers ont affiné leur mode opératoire. Aujourd’hui, ils utilisent beaucoup plus des femmes au sein de leurs réseaux afin de tromper la vigilance des services de sécurité. Durant les cinq premiers mois de l’année en cours, plus de 100 kg de cannabis sont déjà saisis dans l’Algérois. Dans les quartiers populaires, mais aussi dans ceux dits «chics».
Lotfi Hadji